Le chef d'une puissante milice irakienne pro-iranienne a annoncé mardi depuis la banlieue-sud chiite de Beyrouth que sa formation était prête à soutenir le Hezbollah en cas d'attaque de la part d'Israël, au moment où la tension monte entre Tel-Aviv et le mouvement chiite libanais et ses alliés syrien et iranien.
"Nous serons aux côtés du Hezbollah en cas d'attaque israélienne ou de toute action israélienne contre le parti", a lancé le secrétaire général de la milice al-Noujaba, Akram al-Kaabi, cité par l'AFP. "Nous constituerons avec le parti un seul front, comme nous l'avions fait avec lui en Irak ou en Syrie. Nous continuerons à défendre la Syrie, qui fait partie de l'axe de la Résistance, et nous serons victorieux", a-t-il conclu.
Le mouvement al-Noujaba, né en 2013, est soutenu militairement par les Gardiens de la révolution islamique, l'armée d'élite du régime iranien. Le nombre de combattants d'al-Noujaba gravite autour de 1.500. La milice fait partie des groupes para-militaires du Hachd al-Chaabi, créés en 2014 pour combattre l'organisation jihadiste Etat islamique.
Les deux mouvements chiites sont engagés militairement en Syrie, où ils luttent au côté du régime de Bachar al-Assad contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et les groupes rebelles.
Akram al-Kaabi s'exprimait à l'issue d'une tournée dans la banlieue-sud de Beyrouth où il s'est recueilli devant les tombes de combattants du Hezbollah tués durant les dernières années, notamment Imad Moghniyé, principal commandant militaire du mouvement assassiné en 2008 à Damas.
(Lire aussi : Israël ne "tolérera pas" que le Liban devienne un site iranien pour missiles, avertit Netanyahu)
Israël voit d'un mauvais œil l'intervention militaire du Hezbollah et de son parrain iranien en Syrie, et a mené à plusieurs reprises des frappes contre des positions du mouvement libanais dans le pays voisin en guerre. Samedi, l'Etat hébreu a même mené des raids sans précédent contre des cibles "iraniennes" en Syrie. Lors de cette opération, la plus grave depuis le début du conflit syrien, la défense aérienne syrienne a abattu un chasseur israélien F-16.
Depuis plusieurs jours, la tension monte parallèlement entre Israël et le Liban, notamment au sujet de la construction d'un mur en béton dans une zone frontalière contestée, et de l'exploitation des hydrocarbures offshore du Liban dans une zone limitrophe.
Les propos du chef de milice irakien mettent également à mal une nouvelle fois la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits régionaux que le chef du gouvernement libanais, Saad Hariri, appelle à respecter. M. Hariri avait posé comme condition l'engagement officiel du Liban à mettre en œuvre cette politique pour revenir sur sa démission qu'il avait présenté depuis Riyad le 4 novembre dernier. Il avait finalement obtenu gain de cause.
La visite d'Akram al-Kaabi est la deuxième d'un responsable d'une milice irakienne en deux mois.
En décembre dernier, le chef de la milice irakienne "Assaeb Ahl el-Haq", Qaïs el-Khazaali, s'était rendu à la frontière libano-israélienne en tenue militaire. Cette visite, ainsi que celle du commandant d'une faction chiite syrienne qui combat en Syrie aux côtés du Hezbollah, Abou Abbas, avaient fait polémique au Liban.
De son côté, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait mis en garde Israël, en juin dernier, contre toute action militaire. "Cela ouvrira la porte (à l'arrivée) de centaines de milliers de combattants du monde arabe et musulman -d'Irak, du Yémen, d'Afghanistan et du Pakistan- pour participer aux combats", avait-il menacé.
Israël et le Hezbollah se sont livrés en 2006 une guerre qui a fait plus de 1.200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, quasiment tous des soldats. Selon l'armée israélienne, le Hezbollah dispose actuellement de plus de 100.000 roquettes et missiles dont certains peuvent atteindre pratiquement tout le territoire israélien.
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commentaires (5)
Le masque divin se craquèle....
Christine KHALIL
12 h 36, le 14 février 2018