Le patriarcat maronite a tenu jeudi en son siège à Bkerké un sommet islamo-chrétien libanais afin de dénoncer la décision du président américain, Donald Trump, qui a dernièrement reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël, au grand dam de la communauté internationale et surtout des Etats arabes et musulmans. Photo Ani
Un sommet islamo-chrétien s'est tenu jeudi au siège du patriarcat maronite à Bkerké et a exprimé son refus de la décision du président américain, Donald Trump, qui a dernièrement reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël, au grand dam de la communauté internationale et surtout des Etats arabes et musulmans.
Le sommet a appelé le président Trump à "revenir sur sa décision", estimant que celle-ci "porte atteinte à la symbolique de la Ville Sainte. Il a affirmé, dans le communiqué final lu par le secrétaire général du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien, Mohammad Sammak, que cette décision est basée sur des calculs politiques qui constituent un affront pour plus de trois milliards de personnes". Les responsables ont ainsi "appelé les dirigeants arabes et internationaux à œuvrer ensemble afin de faire pression sur l'administration américaine afin que celle-ci revienne sur sa décision".
"La décision du président Trump est contraire à la légalité internationale et aux décisions des Nations unies et du droit international", avait d'emblée affirmé le patriarche maronite, Béchara Raï, en ouverture de la réunion. "La plupart d'entre nous ont exprimé leur refus de cette décision, de manière individuelle ou dans le cadre de leur communauté. Aujourd'hui, nous nous réunissons afin d'exprimer, d'une seule voix, notre refus", a expliqué le chef de l'Eglise maronite.
"Nous regrettons que le président d’un Etat qualifié de puissance, qui respecte la paix, puisse prendre une telle décision qui porte atteinte au peuple palestinien ainsi qu'aux chrétiens et musulmans de la région", a-t-il ajouté.
"Nous, chrétiens de par le monde, sommes concernés par Jérusalem, tout comme le sont nos frères musulmans, a notamment déclaré le cardinal Raï. Nous réclamons, tout comme l'a fait l'Organisation de la coopération islamique hier lors de son sommet, l'application des lois internationales votées depuis 1947, surtout la résolution 181 du 29 novembre 1947, en vertu de laquelle Jérusalem a un statut spécial (...)", a conclu Mgr Raï.
(Lire aussi : Bassil réclame l'établissement d'une ambassade du Liban à Jérusalem-Est)
"La cause des Arabes"
"Jérusalem n'est pas une parcelle de terrain, c'est la cause des Arabes, elle doit être au centre du conflit historique arabo-israélien, a pour sa part martelé le mufti de la République, cheikh Abdel Latif Deriane. Nous parlons au nom de tous les Libanais, a-t-il affirmé. Les Arabes ne peuvent avoir de dignité et de fierté tant que la Palestine est violée. L'ennemi sioniste et le président américain, de par sa décision malheureuse, portent atteinte à Jérusalem, a-t-il ajouté. Nous allons soutenir les Palestiniens dans leur droit légitime de résistance, car leur résistance n'est pas synonyme de terrorisme, ils luttent contre l'occupation de leur terre", a-t-il conclu.
Le président du Conseil supérieur chiite, Abdel Amir Kabalan, a pour sa part affirmé avoir été "représenté par le président de la République, Michel Aoun, et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil", lors du sommet de l'Organisation de la coopération islamique qui s'est tenu mercredi à Istanbul. Il est même allé jusqu'à qualifier le président de la République d'"imam Michel Aoun".
"Ce sommet doit accomplir sa mission, a insisté le cheikh Kabalan. Le Liban est petit et faible, mais tire sa puissance de son union et de son travail acharné pour obtenir ses droits, a-t-il souligné. Bkerké n'appartient pas aux maronites. C'est une terre libanaise à laquelle s'identifient tous les Libanais", a-t-il conclu.
"Les forces de l'oppression, malgré leur injustice, n'ont aucune emprise sur les cœurs des croyants honnêtes", a ensuite affirmé le cheikh Akl druze, Naïm Hassan. "La Palestine est un territoire arabe, et Jérusalem est son esprit. Le peuple palestinien a droit à sa terre, à Jérusalem, à son Etat. Notre message est le suivant +Jérusalem est la ville de la paix et non de la guerre", a conclu le cheikh Hassan.
Jeudi matin, le chef de la diplomatie libanaise, Gebran Bassil, a annoncé avoir demandé au gouvernement l'établissement d'une ambassade du Liban à Jérusalem-Est, en tant que capitale de la Palestine.
Mercredi, le président de la République, Michel Aoun, avait exhorté à Istanbul les pays membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) à déposer une plainte auprès de l'Organisation des Nations unies et du Conseil de sécurité contre la décision du président Trump, appelant également à prendre des mesures unifiées contre tout État qui reconnaîtrait ce statut.
Lundi, un rassemblement monstre avait eu lieu dans la banlieue-sud de Beyrouth pour protester contre la décision américaine, à l'appel du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah qui s'était exprimé à cette occasion. Dimanche, des centaines de personnes avaient manifesté près de l'ambassade des États-Unis à Aoukar. Le rassemblement avait dégénéré en heurts entre protestataires et forces de l'ordre, faisant plusieurs blessés. Vendredi déjà, les députés libanais avaient réaffirmé à l'unanimité au Parlement leur ferme opposition à la décision du président américain de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.
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commentaires (5)
IL Y A DES T.V. QUI MONTRENT UNE DECLARATION DE CHEIKH ABDEL AMIR KABALAN QUALIFIANT LE CHEF DE L,ETAT... DE BKERKE... DE CHEIKH MOHAMMAD MICHEL AOUN... OLJ QU,EN EST-IL SVP ? DONNEZ-NOUS DES DETAILS !
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 19, le 14 décembre 2017