Le Parlement libanais adopte une position unifiée pour condamner la décision de Trump sur Jérusalem

Dans une initiative symbolique, le président de la Chambre a convoqué les députés à une réunion extraordinaire pour condamner la décision du président américain de transférer l'ambassade de son pays en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. Chaque bloc parlementaire avait droit à une intervention de dix minutes, et tous se sont exprimés sur cette question dans un bel élan de solidarité avec les Palestiniens. Après trois heures d'interventions, une résolution a été adoptée à l'unanimité des présents dans laquelle la décision du président américain est vivement condamnée et le droit des Palestiniens reconnu, d'abord sur Jérusalem, et ensuite dans la résistance contre les décisions injustes qui les privent de leur terre et de leur identité. Cette résolution devra être envoyée au gouvernement et à l'administration américains, à la demande pressante du président de la Chambre Nabih Berry.
Premier à prendre la parole, l'ancien Premier ministre Nagib Mikati a estimé que cette décision montre l'existence d'une volonté de liquider la cause palestinienne, sachant que Jérusalem « est le cœur battant de cette cause ». Représentant le CPL, le député Ibrahim Kanaan a affirmé que cette décision va à l'encontre des efforts de paix. « Nous la condamnons avec force, a-t-il dit, et nous demandons au parrain du processus de paix de remplir son rôle avec équité et équilibre. » Deux députés FL se sont partagé les 10 minutes dévolues à chaque bloc : Sethrida Geagea a estimé qu'il faut aujourd'hui « une intifada humaine qui dépasse les frontières, en mesure d'annuler les effets de la décision américaine que nous condamnons avec force », tandis que Georges Adwan évoquait « une insulte aux sentiments des Palestiniens, des chrétiens et des musulmans, dont l'objectif est de provoquer une explosion politique, religieuse et historique qui touche l'ensemble de la région ». Idem pour le ministre de l'Éducation, Marwan Hamadé, et le député Ghazi Aridi, membres du bloc Joumblatt. « J'ai adressé une lettre à tous les établissements scolaires au Liban pour qu'elle soit lue et fasse l'objet de débats lundi. Cette lettre porte sur le symbole que représente Jérusalem pour les Libanais », a dit le premier, avant que M. Aridi n'appelle à une résistance sur le terrain en Palestine contre cette décision, tout en demandant l'organisation d'un dialogue interarabe, mais aussi entre les Arabes et les Iraniens, sur le sujet.
Dans son intervention, M. Pharaon a fait valoir que « le Liban a payé le prix fort pour la cause palestinienne et il n'a jamais cessé de la défendre ». « Aujourd'hui, les droits des Palestiniens sont à nouveau spoliés, à travers une décision injuste du président des États-Unis, Donald Trump, qui défie toutes les décisions internationales (...). Le Liban et les Libanais doivent refuser cette décision qui constitue un défi et un danger pour la stabilité dans la région », a dit le ministre.
« Jérusalem a une symbolique historique et morale qui nous concerne, ainsi qu'un historique arabe et religieux unificateur. Nous continuerons de refuser toute décision unilatérale et d'essayer de trouver une solution permanente et acceptable pour tous concernant Jérusalem », a-t-il encore affirmé.

« Portes de l'enfer »
Au nom des Kataëb, Fadi el-Habre a précisé que ce qui arrive aujourd'hui aux Palestiniens est totalement « inacceptable » et qu'il faudrait, selon lui, le corriger avant qu'il ne soit trop tard. Quant à Mohammad Raad, représentant le Hezbollah, il a déclaré que la décision américaine constitue « une menace et un piège destiné aux Arabes et à leurs symboles religieux sacrés. Cela montre aussi le peu de cas que font les Américains de ceux qui ont eu confiance en eux, notamment dans leur volonté d'aboutir à un compromis pacifique en Palestine ». Et pour les Marada, Estephan Doueihy a annoncé que la décision de Trump « ouvrira les portes de l'enfer et détruira toute chance d'une véritable paix ; elle rend l'initiative arabe de paix obsolète et c'est la faiblesse des Arabes qui l'a rendue possible ». Ensuite, Atef Majdalani, au nom du bloc du Futur, a estimé que la décision de Donald Trump « est très dangereuse et elle nous a atteints, nous les Arabes, chrétiens et musulmans, en plein cœur ». Et pour le bloc Amal, Ayoub Hmayed a estimé que la décision de M. Trump « donne une légitimité à l'entité sioniste et constitue un prélude à ce qu'on appelle le deal du siècle ». Enfin, pour Marwan Farès, au nom du PSNS, cela « confirme le fait que les États-Unis protègent en réalité l'occupation et appuient le terrorisme ».
S'exprimant en leurs noms propres, Boutros Harb a relevé que « ce que nous pouvons faire de mieux pour Jérusalem, c'est de préserver le Liban », tandis que Imad el-Hout demandait au gouvernement de convoquer l'ambassadeur des États-Unis et de l'informer d'une décision libanaise de boycotter l'administration US jusqu'à ce qu'elle revienne sur cette décision.