Après le durcissement de ton de la Ligue arabe, qui a de nouveau classé le Hezbollah dans la catégorie des organisations terroristes, dans le communiqué final de la conférence ministérielle extraordinaire de dimanche, et qui l'a accusé de déstabiliser la région suivant un agenda iranien, les milieux politiques libanais ont eu la certitude que le Liban s'apprête à entrer dans une longue crise politique contre laquelle le président de la Chambre, Nabih Berry, avait mis en garde.
Nabih Berry ne croyait pas si bien dire lorsque, commentant le départ du Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri, de Riyad pour la France, il avait affirmé que « la crise de Hariri est terminée, mais nous sommes sur le point d'entrer dans une autre, politique ». Les prémices de cette crise politique ont commencé à se manifester avec l'attachement du Hezbollah à ses positions de base, alors que Saad Hariri se prépare à regagner Beyrouth dans les prochaines quarante-huit heures pour plaider avec ses partenaires au sein du gouvernement en faveur d'une application stricte de la politique de distanciation, conformément aux vœux des États arabes et occidentaux.
De sources proches de la banlieue sud, on indique cependant que le Hezbollah, qui affirme être sorti « victorieux » de Syrie – après la chute de Boukamal, dernier bastion d'importance du groupe extrémiste État islamique – et d'Irak (où les chiites ont repris le pouvoir), n'est pas près de faire des concessions quelconques. Celles-ci, si l'on tient compte du bras de fer irano-saoudien dans la région, feraient pencher la balance en faveur de l'axe saoudien. La formation chiite se considère aujourd'hui au sommet d'une victoire à laquelle elle s'accroche.
Les sources de la révolution du Cèdre écartent dans le même temps la possibilité que le président Michel Aoun assume le rôle de médiateur et parvienne à arracher au Hezbollah des concessions lui permettant de consolider le compromis politique qui lui avait ouvert la voie de Baabda, si l'on tient compte du discours qu'il a tenu hier devant le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Gheit, à savoir que le Liban ne peut pas accepter l'allusion faite à une association entre son gouvernement et le terrorisme, ou encore qu'il n'est pas responsable des conflits interarabes et qu'il ne peut pas de ce fait en payer le prix.
Selon des responsables politiques du 14 Mars, le Liban va au-devant d'une crise politique ouverte, d'autant que les États-Unis et l'Arabie saoudite semblent déterminés à faire face aux interventions iraniennes dans le monde arabe, alors que l'Iran rejette en vrac les accusations portées contre elle et refuse tout dialogue engagé sous la pression. Il est sûr que la communauté internationale ne tolérera pas une hégémonie iranienne sur l'Irak, la Syrie et le Liban, une hégémonie qui mettra en péril la sécurité arabe. Étant donné la précipitation des événements au cours des derniers jours et l'opposition, quoique toujours non déclarée, du Hezbollah à tout compromis basé sur la distanciation, un retrait du Yémen et le renoncement aux armes, les propos selon lesquels il faudra engager un dialogue au Liban dans le but de renflouer le compromis présidentiel ou d'essayer de s'entendre sur une autre formule consensuelle ne sont qu'une tentative de gagner du temps et d'ajourner la confrontation, estime-t-on dans certains milieux politiques.
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commentaires (8)
au moins berri et qqs autres savent faire un diagnostic correct, faute d'un traitement de la source du mal , traitement salvateur-salutaire.
Gaby SIOUFI
16 h 27, le 21 novembre 2017