De retour à Beyrouth, Saad Hariri devrait s’entretenir avec le chef de l’État, Michel Aoun. Photo d’archives
Avec le retour du Premier ministre démissionnaire Saad Hariri à Beyrouth, prévu dans les prochaines 48 heures pour participer à la parade militaire à l'occasion de la fête de l'Indépendance, s'ouvre une nouvelle phase de la vie politique au Liban.
Si le camp proche du Hezbollah a longtemps axé son discours politique sur la démission-surprise de M. Hariri dans sa forme, il semble très difficile de tracer les contours de la prochaine phase. Et pour cause : le parti chiite et ses alliés ont déjà commencé à opposer un veto catégorique à un retour libanais officiel à la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits des axes régionaux. Chez les aounistes, on va même jusqu'à qualifier cette politique de distanciation de « condition draconienne » que l'on tente d'imposer au Liban. De son côté, le Hezbollah semble beaucoup plus prudent. Il préfère attendre le retour de Saad Hariri pour décider de son positionnement politique pour la prochaine étape. « De retour au Liban, M. Hariri devra définir le plafond de son discours politique, ainsi que la notion de distanciation du Liban », prévient ainsi un proche du parti chiite à L'Orient-Le Jour.
Mais en dépit de ce ton « prudent » à l'égard du chef du gouvernement démissionnaire, le Hezbollah reste attaché à ce qu'il appelle des « constantes indiscutables ». Il s'agit bien entendu du maintien de son arsenal et de la poursuite de « la lutte contre les terroristes ». Et c'est sur cette base que les milieux du Hezb commentent l'appel de Saad Hariri à un dialogue qui porterait sur les armes (illégales) du parti. « S'il tient à évoquer la question de notre arsenal, M. Hariri peut toujours le faire tout seul », dit-on, assurant que le parti est ouvert à toute discussion sur la stratégie de défense, mais que « personne n'a le droit de (lui) imposer des conditions préalables ».
Dans certains milieux politiques, on lit entre les lignes de ces propos une tentative d'entraver la naissance de la nouvelle équipe ministérielle, au vu notamment de l'attachement du 14 Mars à la politique de distanciation comme pilier de la prochaine déclaration ministérielle. D'aucuns rappellent, dans ce cadre, que le Hezbollah n'a pas manqué de bloquer la présidentielle pendant plus de deux ans afin de mener son candidat à la première magistrature de l'État. Mais le parti chiite ne voit pas les choses sous cet angle. « Nous ne voulons aucunement bloquer la mise sur pied du nouveau gouvernement du mandat de Michel Aoun. Nous sommes soucieux de la stabilité du pays », se contente de souligner le proche du Hezbollah.
La déclaration de Baabda
De leur côté, les composantes de l'alliance dite « souverainiste » du 14 Mars semblent de plus en plus convaincues que la démission de Saad Hariri a mis fin à la « cohabitation avec le Hezbollah et ses armes », et qu'il est grand temps de trancher cette polémique une bonne fois pour toutes.
Ainsi, un proche de Saad Hariri exhorte le parti chiite, via L'OLJ, à réviser ses comportements, compte tenu des grands dangers qui pèsent sur le pays. Il appelle, par la même occasion, à un retour (devenu nécessaire) à la Constitution, à l'accord de Taëf et à la déclaration de Baabda (du 11 juin 2012). « Il faut également maintenir les bons rapports du Liban avec l'Arabie saoudite et le reste des pays arabes », dit-il. Concernant la prochaine phase, notamment celle de la formation du cabinet, ce proche de M. Hariri fait valoir que sa formation a déjà fait beaucoup de concessions. Il est temps que les autres en fassent de même, estime-t-il.
Les Forces libanaises, elles, se veulent plus tranchantes. Elles exigent que le nouveau compromis politique soit clairement axé sur la déclaration de Baabda. « Le retour de Saad Hariri lancera le débat tant attendu sur la question de l'ingérence du Hezbollah dans les affaires arabes », note Antoine Zahra, député FL de Batroun, dans un entretien accordé à L'OLJ. Voulant affirmer la détermination de son parti à trancher la question de la distanciation du Liban, M. Zahra déclare sans détour : « Nous n'allons pas assurer une couverture gouvernementale au Hezbollah. Nous ne prendrons donc pas part à un cabinet qui ne serait qu'une nouvelle concrétisation du compromis politique de 2016. »
Commentant les divergences CPL-FL au sujet de la distanciation du Liban, le député de Batroun se contente de souligner que son parti se conforme au texte de l'accord de Meerab (du 18 janvier 2016) et qu'il n'est pas « responsable » des infractions commises par les autres.
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commentaires (5)
ET ils ont raison les 8 marsiens de perorer de la sorte. TOUT A FAIT RAISON . "Victoire apres Victoires divines", les autres ne trouvent plus parade a RIEN ! est ce la fin de toute velleite de resistance- contre l'ennemi interne celui la ? je veux dire que pt't les saoudiens ont encore une fois fait de mauvais calculs ... (on verra bien ds les jurs/ les semaines qui viennent) et alors les pauvres sunnites libanais ET leurs anciens popotes(FL etc... ) devront alors se rendre a l'evidence ...... faute de mieux.
Gaby SIOUFI
10 h 42, le 20 novembre 2017