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Liban - Ligue arabe

Au Caire, le Liban évite le pire : assumer la responsabilité des activités du Hezbollah

Les ministres arabes veulent saisir le Conseil de sécurité à New York pour « des clarifications sur les violations iraniennes » contre ses résolutions.

Vue générale de la réunion extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères. Khaled Desouki/AFP

Ce n'est peut-être pas la première fois que des communiqués de la Ligue arabe qualifient le Hezbollah de « terroriste », mais le texte publié hier à l'issue de la réunion extraordinaire de la Ligue arabe au Caire, tenue à la demande de Riyad, était encore plus musclé que d'habitude, que ce soit contre le parti chiite libanais ou contre l'Iran. Le Liban a émis des réserves à l'encontre de trois alinéas où le Hezbollah est cité et associé aux mots « terroristes » ou « terrorisme », les alinéas 4, 6 et 9, mais pas à l'encontre de l'intégralité du texte.

À noter que le Liban était représenté à cette réunion par le délégué permanent auprès de la Ligue arabe et chargé d'affaires de l'ambassade du Liban au Caire, Antoine Azzam, en l'absence du ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, une décision destinée à éviter toute confrontation avec l'Arabie saoudite ou avec Bahreïn. M. Bassil n'en a pas moins passé sa journée à effectuer des contacts avec plus de dix ministres arabes, dont trois du Golfe, tout en maintenant la coordination avec les présidents de la République, du Parlement et du Conseil des ministres, en vue d'une position libanaise unifiée. Son objectif était de réduire d'un cran le ton du communiqué final des ministres arabes. Selon nos informations, ces contacts ont réussi quelque peu à réduire l'acuité du texte, par la suppression d'une phrase qui aurait constitué un net développement dans la position arabe, et qui aurait fait assumer au gouvernement libanais la responsabilité des actions du Hezbollah. Le Liban a donc évité de justesse le pire : une condamnation directe.



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Toutefois, « si traiter le Hezbollah de terroriste n'est pas inédit dans une déclaration de la Ligue arabe, c'est en revanche la première fois que les activités de ce parti sont citées dans le moindre détail, notamment en ce qui concerne son apport en missiles balistiques, ou encore la formation qu'il donne aux combattants », note notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane. Et non seulement le texte était violent envers le Hezbollah et l'Iran, mais les déclarations des différents responsables arabes l'étaient aussi. Le secrétaire général de la Ligue, Ahmad Abou el-Ghait, a assuré, lors de sa conférence de presse, que « les menaces de l'Iran ont été au-delà de toutes les limites et ont poussé la région vers un abîme dangereux. Et concernant le Hezbollah et les autres groupes terroristes, ils ne sont que des pantins dans les mains de l'Iran », a-t-il ajouté.

Khaled ben Ahmad al-Khalifa, le ministre bahreïni des Affaires étrangères, a assuré que son pays ne voulait pas interférer dans les affaires libanaises, mais que « le Hezbollah doit cesser d'exercer son influence » hors des frontières. « L'Iran ne nous attaque pas seulement depuis ses côtes de façon directe, ce pays exerce aussi un trafic d'armes et d'autres activités très graves, mais son arme la plus puissante dans la région reste le Hezbollah, a-t-il poursuivi. Ce parti est implanté au Liban, en Syrie, en Irak et dans beaucoup d'endroits. Les houthis (Yémen) sont une autre représentation du Hezbollah. (...) Ce parti terroriste ne mène pas seulement des opérations à l'intérieur des frontières de son pays, mais jusque dans nos pays. Il représente une menace pour la sécurité nationale arabe. »

« Une grande manœuvre diplomatique »
Les pourparlers ont duré plus de deux heures. Les journalistes, au nombre de 70 environ, ont été rassemblés dans la cour intérieure de la Ligue arabe pour assurer la confidentialité des discussions et empêcher la fuite d'informations. Au terme de deux heures, les ministres des Affaires étrangères et/ou leurs représentants ont procédé au vote avant de faire une première déclaration officielle au sein de l'assemblée générale. Peu de temps après, les médias ont été invités à quitter la salle pour permettre aux pays membres de poursuivre les discussions. À 19h00, celles-ci n'étaient pas tout à fait conclues, forçant le secrétaire général de la Ligue à mener une conférence de presse raccourcie.



(Lire aussi : L'initiative de Paris se poursuivrait après le retour de Hariri à Beyrouth)



Interrogé par L'Orient-Le Jour sur l'absence du ministre des AE, Antoine Azzam s'est contenté de souligner que M. Bassil « a réussi une grande manœuvre sur le plan diplomatique pour changer un article de la déclaration qui condamnait le Liban et son gouvernement. Nous lui devons une fière chandelle car sans ces pourparlers, nous aurions fait face à une grande crise politique », a-t-il ajouté.
À une question sur la position du Liban, M. Azzam a répondu que celle-ci « a toujours été positive à l'égard des pays du Golfe et des pays arabes », assurant « refuser toute ingérence dans les affaires internes de ces pays, mais aussi toute déstabilisation dans le monde arabe ». Pour lui, les points sur lesquels le Liban a émis des réserves « compromettaient sa sécurité et sa stabilité par une condamnation directe du Hezbollah, qui participe au gouvernement et représente une large faction de la population libanaise ».
Le délégué libanais dément qu'il y ait eu une médiation quelconque dans cette affaire et affirme que les pays arabes sont tous « compatissants » avec le Liban, dont ils connaissent bien la situation. Il assure que « le Liban, qui comprend le mécontentement de l'Arabie saoudite, de Bahreïn et des Émirats, n'a mené de campagne diplomatique contre personne », estimant que malgré les divergences, « l'unité a été préservée ».

 

Plus de trois « terroristes »
Mais que dit exactement le texte ? Les mots « terroristes » et « terrorisme » ont été associés plus de trois fois au Hezbollah, avec la précision « composante du gouvernement libanais ». Il se termine par une volonté de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU à propos de ce qui est qualifié de « violations iraniennes contre les résolutions 2 231 sur le programme de développement de missiles balistiques en Iran (...) et 2 216 sur le pourvoi de missiles balistiques à des milices au Yémen ». Une internationalisation de ce conflit, en somme.

Si le texte est principalement dirigé contre l'Iran et ce que les ministres arabes appellent l'ingérence dans les affaires arabes, le Hezbollah apparaît dans trois alinéas. L'alinéa 4 dénonce « la création de groupes terroristes dans le royaume de Bahreïn, financés et formés par les gardiens de la révolution iraniens et par le Hezbollah libanais terroriste ». Dans l'alinéa 6, les ministres « rendent hommage aux efforts des appareils sécuritaires d'Arabie saoudite et du royaume de Bahreïn qui ont pu déjouer nombre de plans terroristes et arrêter des membres d'organisations terroristes chargées d'exécuter ces plans, appuyées par les gardiens de la révolution iraniens et le Hezbollah libanais terroriste ».

Enfin, dans l'alinéa 9, il est question de « faire assumer au Hezbollah libanais terroriste – composante du gouvernement libanais – la responsabilité du soutien apporté au terrorisme et aux groupes terroristes dans les pays arabes par des armes sophistiquées et des missiles balistiques ». Les ministres arabes insistent sur « la nécessité que (le Hezbollah) arrête de répandre l'extrémisme et le communautarisme, qu'il mette fin à ses ingérences dans les affaires intérieures des pays et qu'il interrompe son soutien au terrorisme et aux terroristes dans son milieu régional ».

 

 

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commentaires (7)

La raison du plus fort est toujours la meilleure. ... et que peuvent faire le peuple libanais et le gouvernement libanais contre l'arsenal du Hezbollah?. Admettons que le Hezbollah soit exclu de la formation des futurs gouvernements, ceci n'affectera en rien sa puissance. Au contraire, l'état libanais ne pourra user d'aucune pression politique contre l'entretien d'une economie parallèle illégale et répréhensibles par ce parti.

Bibette

18 h 31, le 20 novembre 2017

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Commentaires (7)

  • La raison du plus fort est toujours la meilleure. ... et que peuvent faire le peuple libanais et le gouvernement libanais contre l'arsenal du Hezbollah?. Admettons que le Hezbollah soit exclu de la formation des futurs gouvernements, ceci n'affectera en rien sa puissance. Au contraire, l'état libanais ne pourra user d'aucune pression politique contre l'entretien d'une economie parallèle illégale et répréhensibles par ce parti.

    Bibette

    18 h 31, le 20 novembre 2017

  • Si depuis L'existence du Hezbollah en 1982 c'est seulement maintenant en 2017 que les pays Arabes se liguent sérieusement contre le Hezbollah et l'Iran ceci résulte des pressions américaines qui sont poussés par Israël dans ce sens. la raison étant qu'après plusieurs echecs, Israël ne veut plus affronter le Hezbollah tout seul et à ses frais et risques. Les USA,Trump et Israël attisent la rivalité entre l'Iran et les pays Arabes en vue de faire glisser les Arabes vers la confrontation contre le Hezbollah et lIran. Israël tente de faire faire la guerre contre le Hezbollah parles Arabes eux memes à leurs frais risques et périls. Ce qui n'est pas pour déplaire a Trump qui ne vise qu'à vendre des armes à l'Arabie. Et le va-t-en guerre de MBS espère financer sa guéguerre avec l'argent des hommes d'affaires Saoudiens! Tout cela n'ira pas bien loin! Par ce que c'est Israël même avec ses visées sur le Liban qui est la première raison d'être de la milice shiite.

    Bibette

    18 h 17, le 20 novembre 2017

  • Merci Monsieur pour votre remarque, l'erreur a été corrigée. Bien à vous

    L'Orient-Le Jour

    13 h 17, le 20 novembre 2017

  • PARAGRAPHE 1 LIGNE 2 MAIS LE TEXTE PUBLIÉ HIER A L,ISSUE... L,ISSUE DE QUOI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 46, le 20 novembre 2017

  • Antoine Azzam s'est contenté de souligner que M. Bassil « a réussi une grande manœuvre sur le plan diplomatique pour changer un article de la déclaration qui condamnait le Liban et son gouvernement. Nous lui devons une fière chandelle car sans ces pourparlers, nous aurions fait face à une grande crise politique », a-t-il ajouté AH LE METTERNICH LIBANAIS : PLUS QU'UNE CHANDELLE VITE BRÛLÉE ,IL MÉRITE PLUTÔT QUE L'ON CONSTRUISE UNE CHAPELLE EN SON NOM SIS PALAIS BUSTROS POUR AVOIR PRÉTENDUMENT SAUVÉ LE LIBAN DE LA CONDAMNATION ARABE. CE QUE LE NOMMÉ AZZAM IGNORE C'EST QUE LE LIBAN RESTE AU COEUR DE LA GRANDE CRISE POLITIQUE QU'IL CROIT AVOIR SURMONTÉ GRÂCE AU GÉNIE DE SON PATRON BASSIL : DU FAIT DE LA PARTICIPATION DU HIZBOLLA AU GOUVERNEMENT ET TANT QU'IL RESTE AU GOUVERNEMENT ,LE PARTI DU DIABLE REND CE GOUVERNEMENT ,ET SON CHEF ET LE LIBAN TOUT ENTIER COMPLICE DE SES ACTIVITÉS TERRORISTES DANS LE MONDE ARABE.

    Henrik Yowakim

    08 h 39, le 20 novembre 2017

  • Le hezbollah existe depuis 1982 et c est a peine maintenant en 2017 que la ligue arabe se rend compte de ses agissements criminels? L on aurait du agir contre le parti de dieu des qu il est intervenu en syrie contre une population arabe voisine du Liban qui luttait pour la democratie. Prochaine etape: exclusion du Liban de la ligue arabe?

    HABIBI FRANCAIS

    08 h 28, le 20 novembre 2017

  • LE LIBAN NE PEUT PLUS CONTINUER A AVOIR UN CHEVAL DE TROIE DANS LES PAYS ARABES ET L,IGNORER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 14, le 20 novembre 2017

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