Passé les poignées de mains chaleureuses après une décennie de dissensions dévastatrices, le gouvernement palestinien et le Hamas au pouvoir à Gaza vont entrer dans le dur des discussions sur une réconciliation dont les implications dépassent la bande de Gaza.
Des clés pour comprendre les évènements de cette semaine.
Que s'est-il passé ?
Le Premier ministre Rami Hamdallah a foulé lundi le sol de la bande de Gaza pour la première fois depuis 2015. Il a été accueilli par des milliers de Gazaouis espérant qu'une réconciliation soulagera leur quotidien. Le lendemain, M. Hamdallah a tenu le premier Conseil des ministres à Gaza depuis 2014.
Quel est le contexte ?
La visite de M. Hamdallah était censée matérialiser les efforts de réconciliation et préparer le terrain à un transfert des pouvoirs - au moins civils - du mouvement islamiste Hamas à l'Autorité palestinienne dominée par le Fateh laïc et modéré. Le Hamas gouverne Gaza sans partage depuis qu'il en a évincé l'Autorité au prix d'une quasi-guerre civile avec le Fateh en 2007. L'Autorité et le gouvernement qui en est l'émanation n'exercent leur pouvoir que sur la Cisjordanie, occupée par Israël et distante de quelques dizaines de kilomètres. Après dix ans de déchirements, le Hamas sous pression a accepté le retour de l'Autorité.
(Lire aussi : Le Premier ministre palestinien annonce le retour de son gouvernement à Gaza)
Quels sont les enjeux ?
Le plus immédiat est le sort des deux millions de Gazaouis, éprouvés par trois guerres avec Israël depuis 2008, les blocus israélien et égyptien destinés à contenir le Hamas, la pauvreté, le chômage et les pénuries récemment aggravées d'eau et d'électricité. Au-delà, les divisions palestiniennes sont considérées comme un des principaux obstacles au règlement du conflit israélo-palestinien. Gaza et la Cisjordanie sont supposés former ensemble un futur Etat indépendant. La légitimité du président de l'Autorité Mahmoud Abbas, interlocuteur d'Israël et de la communauté internationale, est sapée par le fait que le Hamas est considéré comme infréquentable par beaucoup de pays.
Faut-il y croire davantage qu'avant ?
Un moment "historique", a dit M. Hamdallah à son arrivée. Une duperie destinée à l'opinion palestinienne, a répliqué en substance le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman. Bien que M. Hamdallah ait annoncé que son gouvernement commençait à opérer à Gaza immédiatement et que les ministres aient reçu les clés de leur ministère, aucune mesure concrète n'a été rendue publique lors de la visite.
L'envoyé spécial de l'ONU pour le Proche-Orient Nickolay Mladenov a fait preuve d'un certain optimisme. "Si la région reste engagée (dans le processus), si l'Egypte continue à jouer son rôle et si les parties intéressées continuent à montrer la même volonté de travailler avec nous, cela peut marcher", a-t-il prédit.
Nour Odeh, une analyste politique basée en Cisjordanie rappelle que lors de la précédente tentative de réconciliation en 2014, les ministres du gouvernement de l'époque avaient souvent été empêchés de quitter leurs hôtels par le Hamas à Gaza. "C'est la première fois que des ministres assument leur rôle dans leur propre ministère", souligne-t-elle.
(Lire aussi : L'ONU "prudemment optimiste" sur la réconciliation palestinienne)
Et maintenant ?
Des questions primordiales sont renvoyées à des tractations qui doivent s'ouvrir la semaine prochaine au Caire. La plus problématique porte sur la sécurité à Gaza. A la tête d'une force armée estimée à environ 25 000 hommes, le Hamas est-il prêt à rendre les armes à l'Autorité ? De hauts dirigeants ont déjà dit que c'était hors de question. Le président Abbas a prévenu qu'il n'accepterait pas "qu'on clone l'expérience du Hezbollah au Liban".
Les parties doivent aussi se pencher sur le sort de dizaines de milliers de fonctionnaires recrutés depuis 2007 par le Hamas.
Enfin, le Hamas attend que M. Abbas reprenne le paiement de la facture d'électricité gazaouie à Israël. "On reviendra dessus quand le gouvernement sera en mesure d'assumer ses responsabilités", a dit M. Abbas.
Quelle réaction internationale ?
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que son pays n'accepterait de traiter avec un gouvernement parlant au nom de toutes les factions palestiniennes que si le Hamas démantèle son bras armé, rompt avec l'Iran et reconnaît Israël. Des conditions a priori impossibles à satisfaire pour le Hamas.
L'administration Trump, qui cherche à relancer l'entreprise de paix, a dit "suivre attentivement" l'évolution de la situation et répété que tout gouvernement palestinien devait renoncer à la violence et reconnaître Israël.
M. Abbas a implicitement admis l'écueil, en soulignant les "différences idéologiques et politiques" entre le Hamas et l'Autorité. "Quand ils voudront rejoindre l'OLP (Organisation de libération de la Palestine internationalement reconnue et chapeautant l'Autorité), ils devront souscrire à la politique de l'OLP". Et donc reconnaître Israël.
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21 h 21, le 04 octobre 2017