A la veille de la réunion du gouvernement palestinien mardi à Gaza, une première depuis 2014 censée matérialiser le retour de l'Autorité palestinienne (AP) aux commandes du territoire aux mains du Hamas, Mahmoud Abbas a réaffirmé, lundi, que l'AP devait exercer son autorité sur l'ensemble du territoire palestinien. Et pour étayer son propos, il s'est appuyé sur l'exemple du Hezbollah au Liban.
"Les points de passage (avec Israël et l'Egypte), la sécurité, les ministères, tout doit être dirigé par l'Autorité palestinienne", a martelé M. Abbas lors d'une interview lundi soir à la chaîne égyptienne CBC. "Ce sera un seul Etat, un seul système, une seule loi et une seule arme", a-t-il ajouté, réaffirmant sa volonté de voir l'Autorité palestinienne reprendre la main sur la sécurité du territoire. "Pour être plus clair, je n'accepterai pas qu'on reproduise ou qu'on clone l'expérience du Hezbollah au Liban", a-t-il dit.
Ce n'est pas la première fois que le président palestinien fait référence à la situation libanaise, et plus spécialement au Hezbollah. Dans un article publié le 30 septembre, le quotidien israélien Haaretz citait un responsable de l'Autorité palestinienne qui expliquait que M. Abbas, évoquant une situation où un groupe armé exerce une influence majeure sur la politique d'un gouvernement, refusait que le "modèle du Hezbollah" soit appliqué à Gaza. "Le modèle libanais ne peut pas s'appliquer dans les Territoires palestiniens. Sans une administration et des institutions unifiées, comme dans tout pays normal, on ne peut pas parler de réconciliation nationale", déclarait ce responsable.
(Repère : Entre le Fateh et le Hamas, une décennie de relations tendues)
L'une des questions primordiales au menu des entretiens que le Fateh et le Hamas doivent avoir dans les prochains jours au Caire est de notamment savoir si le mouvement islamiste, disposant d'une force armée estimée à environ 25.000 hommes, est prêt à céder le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza à l'Autorité palestinienne.
Le Hamas, considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis ou l'Union européenne et comme infréquentable par certains pays arabes, a évincé l'Autorité de Gaza en 2007 au prix d'une quasi-guerre civile avec le Fateh, son grand rival laïc et modéré qui domine cette entité créée par les Accords d'Oslo et censée préfigurer un Etat indépendant. Depuis, l'Autorité n'exerce plus son pouvoir, limité, que sur la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 50 ans et distant de Gaza de quelques dizaines de kilomètres.
Mais en septembre, le Hamas a fini par accepter le retour de l'Autorité sous la pression du grand voisin égyptien, des déconvenues diplomatiques de son allié qatari et d'un sévère tour de vis financier donné par M. Abbas, qui a notamment cessé de payer la facture de l'électricité fournie par Israël à Gaza.
Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté toute réconciliation palestinienne "factice", jugeant indispensable un désarmement de la branche armée du mouvement islamiste Hamas, une rupture de ses liens avec l'Iran et une reconnaissance de l'Etat d'Israël. Cette réaction est la première du gouvernement israélien face au retour annoncé de l'Autorité palestinienne aux commandes de la bande de Gaza.
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"Ce sera un seul Etat, un seul système, une seule loi et une seule arme(...)Pour être plus clair, je n'accepterai pas qu'on reproduise ou qu'on clone l'expérience du Hezbollah au Liban" Bravo! On aimerait un discours semblable chez nous!
07 h 41, le 04 octobre 2017