Et si on décidait de voir la crise des déchets sous un autre angle ? Et si on comprenait que nous, société civile, faisons totalement partie de la solution ? Et si on prenait enfin conscience que le Liban a tout ce qu'il faut en infrastructures pour être un pays presque zero waste ? ONG toute jeune, toute fraîche, Recycle Lebanon vise à régénérer le pays en matière de nouvelles solutions sociales, environnementales, à court et à long terme.
Après avoir grandi aux États-Unis et passé de nombreuses années à Hawaï, Joslin Kehdy décide de s'installer au Liban, pays d'origine de son père. « J'étais au paradis, mais en réalité, c'était le Liban mon paradis », dit-elle tout émue. Très remuée par la crise des déchets, voulant véritablement travailler sur le problème, la jeune femme n'hésite pas à mettre tout son dynamisme et son enthousiasme en marche pour secouer les idées reçues. Le défaitisme ambiant ne la décourage pas, bien au contraire. Familière du travail social, elle décide de fonder sa propre ONG. Rejointe par Walaa el-Safadi qui partage le même enthousiasme, l'association démarre sur les chapeaux de roue.
Recycle Lebanon part du principe que, pour résoudre un problème spécifique, il faut proposer des solutions multiples. D'abord des actions directes sur le terrain avec le nettoyage des plages publiques, des rivières et des fleuves. La prochaine de ces actions aura lieu à Dalieh ce samedi 5 août et est ouverte à tous les volontaires qui ont envie d'aider. Un écosouk virtuel, aussi, qui permettrait de tracer les produits de consommation du producteur au consommateur. Et un écosouk physique qui rassemblerait les produits recyclés, recyclables, sains, les innovations et les solutions d'une société civile qui aurait compris toute l'importance de l'enjeu.
Ensuite, bien sûr, des campagnes d'éveil et de prévention, « Health is wealth », dispensées dans les villages, les écoles et en ligne. Et surtout une large plateforme qui contiendrait analyses et recherches, initiatives et informations, interactions entre différentes ONG, mais également adresses et conseils et dont le principal but est de rassembler ceux qui veulent aider et ceux qui sont sur le terrain, ceux qui recyclent et ceux qui veulent recycler.
Joslin Kehdy et Walaa el-Safadi sont très optimistes. Elles sont persuadées d'être sur une très bonne voie et que la société civile se sent beaucoup plus concernée qu'avant. Elles pensent aussi que la crise des déchets est une crise artificielle fabriquée par la corruption et surtout le désir de remblayer la mer.
Leur colère leur donne des ailes. Les solutions sont bien là et le Liban dispose d'usines de recyclage qui fonctionnent. Oui, nous pouvons aisément devenir un exemple pour la région. Oui, nous pouvons vivre dans une économie circulaire en autosuffisance et surtout en recyclant nos déchets d'une manière intelligente. Donc oui, tout n'est pas perdu. Loin de là. Joslin Kehdy comprend parfaitement que des jeunes aient envie de quitter le pays, mais elle refuse catégoriquement de ne pas faire partie de la solution pour ceux qui restent. Nous sommes aussi responsables de la crise que le gouvernement. Ce sont nos déchets et nous pouvons les réduire, les recycler, les transformer.
Changer nos habitudes est primordial aujourd'hui. Et ce que préparent les deux jeunes filles dans Recycle Lebanon augure d'une société régénérée, d'une économie régénérée dans un panel fleuri de centaines de possibilités.
*Positive Lebanon est un concept basé sur les initiatives concrètes de la société civile libanaise. Ces initiatives qui font que le pays tient encore debout. Mais derrière chaque initiative se tient une Libanaise ou un Libanais courageux, innovant, optimiste et plein d'amour pour son pays. (voir ici)
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