S'exprimant au nom du gouvernement, Saad Hariri a pris fait et cause pour l'armée, hier, à la faveur de la réunion de sécurité qu'il a tenue au Grand Sérail dans la matinée, en présence du ministre de la Défense, Yaacoub Sarraf, et du commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun. Une réunion qui s'inscrit dans le cadre des concertations régulières portant sur les questions de sécurité, mais que le chef du gouvernement a tenu à médiatiser, dans un souci de mettre fin à la polémique autour de l'opération militaire menée par l'armée dans les camps de réfugiés syriens dans le jurd de Ersal où un réseau de terroristes avait pu être démantelé le 30 juin dernier. Un autre objectif de la réunion était de couper court aux rumeurs concernant la mort de quatre Syriens parmi ceux qui avaient été arrêtés à Ersal.
« L'institution militaire est au-dessus de tout soupçon », a martelé le chef du gouvernement dans un point de presse au terme de la réunion, affirmant qu'il a « tenu » à rencontrer la presse à cause des « remous » suscités par l'opération militaire « très réussie et très importante » à Ersal. M. Hariri a insisté sur son souci de transparence, précisant qu'il est régulièrement en contact avec le ministre de la Défense et le commandant de l'armée, et qu'il tient souvent des réunions avec eux « loin des feux de la rampe ». « J'ai voulu que cette réunion soit couverte par les médias à cause de la polémique en cours dans le pays et des tentatives de semer la discorde », a-t-il dit pour démentir, entre autres, les informations selon lesquelles il aurait « convoqué » le commandant en chef de l'armée.
Après avoir rappelé les objectifs et le déroulement des perquisitions effectuées dans les camps, où cinq kamikazes s'étaient fait exploser, tuant une fillette et blessant sept soldats, Saad Hariri a insisté sur le fait que « nul ne doit mettre en doute l'action de l'armée qui se soucie en premier lieu des civils ».
Précisant que l'institution militaire enquête au sujet de la mort des quatre Syriens et que les investigations sont « menées en toute transparence », il a rejeté toute tentative de « créer une tension entre la population et l'armée qui œuvre nuit et jour pour protéger le Liban de toute menace terroriste ». Il a dans le même temps rejeté les doutes émis au sujet de l'enquête relative au décès des quatre Syriens, qui, selon un premier communiqué militaire, « souffraient déjà de problèmes de santé chroniques avant leur détention ».
« Laissez-moi vous révéler une information importante. Il arrive aux forces régulières d'annuler des opérations importantes, leur permettant d'arrêter des terroristes, pour ne pas mettre en danger la vie de civils qui risquent d'être touchés si jamais celles-ci sont lancées », a souligné M. Hariri, précisant que « l'armée est soucieuse de suivre les règles judiciaires » et qu'il doit recevoir dans les prochains jours les résultats de l'enquête sur le décès des quatre détenus syriens. Il a mis en garde contre les tentatives de faire planer des doutes sur l'action des forces régulières, les situant dans le cadre d'« efforts occultes déployés pour créer des tensions entre les réfugiés syriens, dont le nombre se situe autour d'un million et demi, et l'armée ». « Lorsqu'on entre dans un camp qui abrite 10 000 réfugiés pour arrêter des terroristes, qu'on y trouve huit charges qui devaient être plantées dans le pays et que les réfugiés rentrent chez eux par la suite sans être inquiétés, cela doit être considéré comme un acquis », a relevé M. Hariri.
(Lire aussi : Le dossier des déplacés syriens entre contraintes internationales et considérations locales, le décryptage de Scarlett Haddad)
« Soutien inconditionnel »
« Pour moi, a poursuivi Saad Hariri, le soutien à l'armée est inconditionnel. L'institution militaire est au-dessus de tout soupçon. Que ceux qui essaient de pêcher en eau trouble trouvent une autre occupation. »
Le Premier ministre a insisté sur le fait que la troupe bénéficie d'une couverture politique pour lancer une opération radicale contre les foyers de terrorisme au sein des camps de réfugiés, en s'arrêtant cependant sur les aléas d'une telle entreprise. « Nous devons comprendre que des civils se trouvent dans les camps et sont utilisés comme boucliers humains par les terroristes. C'est ce qui s'était passé avec la fillette tuée à Ersal. Le ministre de la Défense et le commandant en chef de l'armée savent qu'ils ont le feu vert politique pour lancer toute opération au moment opportun », a encore dit M. Hariri, qui, en réponse à une question, a insisté sur le soutien de la rue sunnite à l'armée.
En réponse à une autre question, le Premier ministre s'est fermement opposé à ce que le Hezbollah lance lui-même une opération militaire contre les terroristes réfugiés à Ersal, avant de relever qu'il est du devoir du gouvernement de protéger les Libanais et les réfugiés.
En ce qui concerne l'enquête avec les personnes arrêtées dans les camps de ce village frontalier avec la Syrie, le commandement de l'armée a annoncé dans un communiqué que la direction des renseignements militaires a déféré devant la justice un nouveau groupe de personnes, « ce qui ramène à 20 le nombre de personnes arrêtées pour leur implication dans des actes terroristes ». Selon le communiqué, 152 autres personnes ont été remises à la direction de la Sûreté générale parce qu'elles n'avaient pas de papiers en règle et 23 autres ont été relâchées.
Le député Hadi Hobeiche s'est par ailleurs rendu hier au chevet des militaires originaires du Akkar, blessés à Ersal, pendant que ses collègues Yassine Jaber et Amine Wehbé, ainsi que le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, et la CGTL se félicitaient du succès de l'opération de Ersal.
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commentaires (9)
Toujours la même chose, Hezbollah cela Hezbollah ceci, La resistance fait partie du Liban que vous le voulez ou pas ! Apres chacun peut avoir son opinion bien heureusement mais pour ma part je remercie la résistance d'avoir toujours combattu l'oppresseur depuis des décennies pour ne pas les laisser prendre mon beau petit pays, pour ne pas avoir laisser rentrer Daech dans mon beau petit pays alors que ses vermines gagnaient du terrain dans tout les autres pays, de m'avoir appris à dire non à l'injustice, d'avoir soutenue l'armée dans les moments difficiles et de me laisser chaque année venir avec fierté en vacance en famille dans mon beau petit pays. Merci ! Merci ! Dans un monde qui s'écroule de jour en jour l'union fait la force si vous saviez ...
Houssein
04 h 47, le 13 juillet 2017