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Liban - Décryptage

L’opération de l’armée, un prélude à la fin de la « poche ersaloise »

L'opération coup de poing de l'armée libanaise à l'aube d'hier dans les camps de déplacés syriens autour de Ersal pose une nouvelle fois le problème de la « poche ersaloise ». Celle-ci constitue une véritable menace pour le Liban, surtout après la perte de terrain spectaculaire de Daech en Irak et même en Syrie. Depuis deux mois, il est en effet de plus en plus question d'en finir avec la présence des groupes terroristes dans le jurd de Ersal. C'est d'ailleurs un des objectifs du nouveau commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, qui estime que le Liban ne peut pas tolérer l'existence de ce foyer de tension à sa frontière. Il faut préciser qu'au début de la guerre en Syrie, et plus particulièrement à partir de 2012, lorsque le conflit est devenu militaire, il y avait un plan pour que les groupes de l'opposition syrienne s'installent le long de la frontière avec le Liban et utilisent même le couloir de Ersal pour atteindre la région du Nord, et descendre vers le littoral.

L'armée libanaise avait, à maintes reprises, dénoncé ce plan, mais elle ne disposait pas d'une couverture politique suffisante pour éradiquer la menace terroriste. C'est ainsi qu'a eu lieu la catastrophique bataille de Ersal au cours de l'été 2014, qui avait permis aux groupes terroristes de prendre en otages des militaires. Une partie d'entre eux a été relâchée dans le cadre de négociations par le biais d'intermédiaires. Mais le sort de ceux qui sont aux mains de Daech reste encore inconnu.

Aujourd'hui, aussi bien le contexte général que l'attitude de la population ont changé. Au cours des élections municipales de 2016, les électeurs de Ersal ont désavoué ceux qui ont été impliqués dans la période précédente confuse et trouble, et, aujourd'hui, ils réclament à cor et à cri une action libératrice de l'armée, tout en ne cachant plus leur hostilité à la présence de camps de déplacés syriens autour de leur bourgade. Ces camps avaient été installés sans l'accord des autorités libanaises. Ils avaient été imposés comme un fait accompli, et l'opération d'hier a montré qu'ils abritent effectivement des terroristes qui ne craignent pas d'utiliser la population civile comme bouclier humain.

Petit à petit, les choses se sont mises en place. Le Hezbollah a évacué ses positions dans le jurd libanais pour les remettre à l'armée. Le général américain Joseph Votel, commandant du Central Command, est venu au Liban (au début du mois de juin). Il s'est même rendu à Ersal et ses environs. Ce qui a été considéré comme un « encouragement » américain en faveur d'une action de l'armée contre les groupes jihadistes, sachant que le Pentagone est la partie étrangère qui aide le plus la troupe, utilisant la base militaire de Rayak pour faire parvenir des armes et des munitions aux unités libanaises postées le long de la frontière avec la Syrie.

En même temps, le Hezbollah a entamé un processus de retour chez eux des déplacés installés dans les camps autour de Ersal, notamment vers les localités de Yabroud, de Qara et de Assal el-Ward dans le Kalamoun occidental, en menant des négociations directes avec les notables syriens de la région et avec les autorités de ce pays. L'objectif du déclenchement de ce processus est, d'une part, de rappeler que les déplacés syriens ne doivent pas rester au Liban, et, d'autre part, de vider autant que possible les camps autour de Ersal pour faciliter les opérations de l'armée contre les terroristes. Certes, pour l'instant, le processus est plus symbolique que déterminant. Le premier volet de ce processus s'est en effet déroulé normalement et près de 400 personnes ont pris le chemin du retour, mais la seconde étape a été entravée par l'ex-Front al-Nosra, aujourd'hui Fateh el-Cham, qui considère probablement que la présence des déplacés dans ce secteur est un atout en sa faveur.

Cela a d'ailleurs été prouvé au cours de la dernière opération de l'armée effectuée par les commandos héliportés dans deux camps (al-Nour et al-Qariyé) de déplacés autour de Ersal, lorsque cinq éléments armés se sont fait exploser au milieu des civils. Parmi les kamikazes, deux ont été identifiés. Il s'agit du responsable militaire de Fateh el-Cham, dit Abou Aïcha, et du juge chérié du groupe, tous deux recherchés par les services de sécurité libanais. Une fillette a été tuée dans l'explosion du kamikaze et l'armée a arrêté plus de 350 personnes. Le problème, c'est qu'une fois les interrogatoires préliminaires terminés, ces personnes seront soit remises en liberté, soit déférées devant le tribunal et emprisonnées faute de pouvoir être rapatriées en Syrie.

Or, le Liban souffre déjà d'une surpopulation carcérale, alors que les personnes relâchées peuvent aussi devenir des menaces potentielles... Selon des sources militaires, l'armée est décidée à poursuivre ses opérations préventives dans les camps de déplacés le long de la frontière syrienne, considérant désormais qu'il n'y a pas de lignes rouges face à son action de protection du Liban. D'ailleurs, aucune voix ne s'est élevée pour critiquer cette opération. Ce qui montre bien que la stabilité interne fait désormais l'unanimité au sein de la classe politique. La visite du chef de l'État au siège des FSI est aussi un signe de la volonté des autorités de coordonner les efforts pour protéger le pays.

L'opération coup de poing de l'armée libanaise à l'aube d'hier dans les camps de déplacés syriens autour de Ersal pose une nouvelle fois le problème de la « poche ersaloise ». Celle-ci constitue une véritable menace pour le Liban, surtout après la perte de terrain spectaculaire de Daech en Irak et même en Syrie. Depuis deux mois, il est en effet de plus en plus question d'en finir...

commentaires (3)

Que Dieu protège notre armée unie et maudisse les milices cause de l’insécurité endémique au Liban.

Christine KHALIL

21 h 02, le 01 juillet 2017

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Commentaires (3)

  • Que Dieu protège notre armée unie et maudisse les milices cause de l’insécurité endémique au Liban.

    Christine KHALIL

    21 h 02, le 01 juillet 2017

  • Tous derrière l'armée assistée des forces de résistance en éveil. Merci Scarlett POUR toutes ces infos qui ne datent pas d'hier mais de plus longtemps.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 34, le 01 juillet 2017

  • SEULE L,ARMEE NATIONALE POUR LA PROTECTION DU PAYS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 43, le 01 juillet 2017

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