L'affaire des quatre Syriens décédés à Ersal a volé la vedette hier à toutes les autres, donnant lieu à une polémique juridique sur les prérogatives respectives du juge des référés et du tribunal militaire. Le fait que les échantillons biologiques prélevés sur les corps aient été récupérés par les services de renseignements militaires et la manière forte utilisée pour ce faire prouvent aux yeux de certains que l'armée a quelque chose à cacher. Les quatre hommes arrêtés sont morts sous la torture, insiste l'avocate chargée par leurs familles de tirer cette affaire au clair. Pour sa part, l'activiste Nizar Saghiyé soulève l'affaire de la méthode suivie par les renseignements militaires pour récupérer les échantillons qui étaient acheminés de nuit vers l'Hôtel-Dieu, et celle du « silence » observé à ce sujet par l'ordre des avocats.
En tout état de cause, s'il y a eu torture, ce ne sera pas la première fois qu'elle se produirait. On rappelle qu'en 2015, la diffusion de deux vidéos de torture à la prison de Roumieh avait provoqué un tollé sur les réseaux sociaux ainsi que dans la classe politique. Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, avait dû intervenir, et cinq agents des FSI avaient été arrêtés après cette bavure.
« Nul ne connaît vraiment une nation tant qu'il ne connaît pas l'état de ses prisons », avait écrit Nelson Mandela. En tout état de cause, on peut être certain que cette affaire continuera de faire couler beaucoup d'encre dans les prochains jours.
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Par ailleurs, la controverse sur le retour des déplacés syriens dans leur pays continue de faire l'actualité. Une fois de plus, les préjugés politiques déforment ce dossier et sont habilement utilisés pour faire des procès d'intention aux uns et aux autres, notamment aux puissances occidentales, accusées par le Hezbollah de faire pression sur les autorités libanaises pour que tout le dossier du retour des réfugiés soit négocié par leur entremise.
Les milieux du CPL, pour leur part, « s'étonnent » de voir que le rapatriement des déplacés « ne se négocie pas dans le cadre des relations officielles existantes entre le Liban et la Syrie ». C'est l'ancien ministre Gaby Layoun qui s'en est fait l'écho, hier, reprenant des arguments développés par le président de ce courant, Gebran Bassil, dans un récent entretien télévisé. Et M. Layoun d'insister sur le fait qu'une coordination militaire existe entre les forces armées des deux pays, que l'ONU reconnaît toujours le régime syrien, qu'un ambassadeur de Syrie est présent au Palais de Verre, que la Syrie vend du courant électrique au Liban et que les rapports diplomatiques entre les deux pays ne sont pas rompus.
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Sur le double plan social et économique, un nouveau bras de fer se profile à l'horizon au sujet de la grille des salaires, avec la menace de grève que brandit la CGTL si cette grille n'est pas votée en juillet, et les affirmations du patronat. C'est ainsi que le président des organismes économiques, Adnan Kassar, a assuré, hier, à l'occasion d'une rencontre avec le président de la commission parlementaire des Finances, Ibrahim Kanaan, que l'adoption de la nouvelle grille entraînera une aggravation du marasme économique, et que les taxes prévues pour la financer « toucheraient au cœur » les rentrées et bénéfices des entreprises et des banques, et entraveraient leur essor. Pour M. Kassar, la clé d'un accroissement des rentrées réside « dans l'arrêt du gaspillage et de la corruption au sein des institutions, et surtout à EDL ».
Il convient de signaler enfin que le président de la République, Michel Aoun, a reçu hier en audience au palais de Baabda le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Les deux hommes ont débattu de la situation économique dans le pays.
Pour mémoire
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evenement rare : Il convient de signaler enfin que le président de la République , Michel Aoun, a reçu hier en audience au palais de Baabda le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Les deux hommes ont débattu de la situation économique dans le pays. il etait temps, est ce qu ils ont nommé une commission pour résoudre le problème ?
16 h 02, le 20 mai 2020