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Liban

Les conditions d’un retour des déplacés toujours pas réunies, martèle l’ONU

Un camp de déplacés syriens dans la région de Ersal. Joseph Eid/AFP

Le débat autour des réfugiés syriens et de leur éventuel retour en Syrie est reparti de plus belle. La polémique a récemment enflé avec un nouveau facteur aggravant, celui du « passage obligé » par le régime syrien pour discuter des conditions de ce retour, une revendication formulée par les partis prosyriens au gouvernement. Cette proposition a été objectée avec véhémence par tous ceux qui prônent des négociations indirectes avec l'ONU dans le but d'épargner au Liban un retour du diktat du régime baassiste. Si les négociations avec Bachar el-Assad restent impopulaires aux yeux de nombreux Libanais se réclamant du camp souverainiste, l'alternative de négociations indirectes avec l'ONU bute pour l'instant contre deux obstacles : le premier est le fait que l'État libanais n'a pris aucune initiative en ce sens pour aborder de manière officielle l'organisation internationale par le biais d'une demande clairement formulée en ce sens, comme le souligne Ziyad Sayegh, conseiller en politiques publiques auprès du ministère d'État pour les Affaires des déplacés.

Autre obstacle, la position officielle de l'ONU qui continue de considérer à ce jour que les discussions autour de ce sujet sont encore « prématurées », les conditions du retour n'étant pas encore réunies du fait de l'absence d'une solution politique globale en Syrie.

Dans les milieux de l'organisation internationale, on considère que le retour est un acte volontaire. Il est par conséquent important que cette décision ne soit pas forcée. Même s'il existe des zones dites pacifiées et / ou des régions où le conflit a diminué, il reste qu'une grande partie des réfugiés n'est pas encore rassurée sur les conditions politiques, sécuritaires et économiques de leur rapatriement.

C'est ce qui expliquerait le fait que le Haut-Commissariat des réfugiés n'est pas encore parvenu à la phase de la « promotion du retour », l'organisation se disant toutefois « disposée » à aider de petits groupes de réfugiés souhaitant réintégrer le pays, à condition que leur réinstallation ne se fasse pas dans une zone considérée dangereuse, comme le confie à L'OLJ une source proche du dossier.

Pour le reste des déplacés, le HCR considère que les garanties requises dans ce type de situation ne sont pas assurées tant que la situation sécuritaire et politique en Syrie laisse encore à désirer. Parmi celles-ci, la capacité des gens de survivre, notamment dans un environnement qu'ils percevraient comme étant hostile.

 

(Lire aussi : Raids de Ersal : le gouvernement demande à l'armée d'enquêter sur la mort de quatre détenus)

 

 

Approche constructive
Pour le HCR, il s'agit de s'assurer notamment qu'aucune discrimination ne sera exercée contre ceux qui rentrent et qu'il n'y aura pas de sanctions contre ceux qui ont manqué leur service militaire. Bref autant de facteurs pour l'instant dissuasifs qui ne devraient toutefois pas empêcher le gouvernement libanais de commencer par adopter une approche officielle constructive avec l'ONU pour poser les premiers jalons et paver la voie à un retour à venir, même s'il n'aura pas lieu dans l'immédiat.

« La seule condition pour la réussite de cette démarche est que le Liban officiel aborde d'une seule et même voix ce dossier devant son interlocuteur onusien, quitte à solliciter également un autre interlocuteur international, en l'occurrence la Russie », préconise M. Sayegh en rappelant que Moscou, qui parraine les négociations d'Astana, reste un acteur de taille dans l'arène syrienne.

Entre-temps, et en attendant que les protagonistes libanais trouvent un terrain d'entente sur un dossier qui n'a cessé de les diviser, il serait probablement plus sage de calmer les esprits et d'œuvrer à renforcer la solidarité sociale qui avait prévalu aux premiers temps de l'affluence syrienne.

Au lendemain de l'opération menée vendredi dernier par l'armée dans les deux camps de réfugiés à Ersal où cinq kamikazes se sont fait exploser selon les communiqués issus par l'institution militaire, l'argument sécuritaire est revenu sur le devant de la scène. Il vient ainsi se greffer sur une tension latente qui s'est récemment exacerbée entre Libanais et Syriens du fait de la crise économique et de la concurrence présumée que constitue la main-d'œuvre syrienne.

La « peur » de voir les camps de réfugiés se transformer en « environnement favorable au terrorisme », exprimée par le chef de l'État, Michel Aoun, fait craindre une fois de plus l'amalgame entre terroristes et réfugiés, une association dangereuse pour les Libanais aussi bien que pour les Syriens comme le fait remarquer un responsable diplomatique qui met en garde contre le risque de voir la situation déraper.

Ce dernier met en garde contre le risque de voir la cohésion sociale qui a prévalu jusque-là entre les deux peuples, depuis l'afflux des déplacés vers le Liban, une nouvelle fois ébranlée, entraînant dans son sillage une vague de xénophobie qui serait fatale dans un pays aussi fragile.

 

 

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commentaires (1)

je donne raison a l'onu . tant que la situation en syrie reste flou ET que NUL ne connait encore les projets assadiens . Mais alors l'onu a quoi sert il ? a juste envoyer ses soldats lorsque les guerres ont cesse, que le terrain est deblaye ? alors autant donner le boulot aux scouts , ce qui couterait bien moins . non mais vous rendez vous compte? ce fameux onu , et autres agences europeennes qui ne savent que donner des lecons d'humanisme, surtout donner des certificats de bonne conduite .

Gaby SIOUFI

11 h 03, le 07 juillet 2017

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Commentaires (1)

  • je donne raison a l'onu . tant que la situation en syrie reste flou ET que NUL ne connait encore les projets assadiens . Mais alors l'onu a quoi sert il ? a juste envoyer ses soldats lorsque les guerres ont cesse, que le terrain est deblaye ? alors autant donner le boulot aux scouts , ce qui couterait bien moins . non mais vous rendez vous compte? ce fameux onu , et autres agences europeennes qui ne savent que donner des lecons d'humanisme, surtout donner des certificats de bonne conduite .

    Gaby SIOUFI

    11 h 03, le 07 juillet 2017

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