Le Hezbollah a organisé hier une tournée en zone frontalière libano-israélienne, destinée à des journalistes de plusieurs médias libanais. L'occasion pour les participants de se faire une idée des fortifications israéliennes à l'heure où d'aucuns éprouvent des craintes de plus en plus croissantes quant à un nouveau conflit armé.
Le Hezbollah, quant à lui, affiche son assurance. Lors de la tournée, un cadre militaire du parti chiite a affirmé que la formation dirigée par Hassan Nasrallah « ne craint pas la guerre contre Israël ». « La guerre nous manque et nous sommes prêts à y prendre part si un conflit armé nous est imposé », a-t-il dit. Si le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohammad Fneich, semblait vouloir réduire cette initiative du Hezbollah à « une randonnée effectuée par des journalistes libanais sur un territoire libanais », comme il l'a souligné à L'Orient-Le Jour, il reste que la tournée a suscité de vives réactions dans les milieux politiques.
C'est dans ce cadre que s'inscrit un communiqué publié hier par le chef des Forces libanaises, Samir Geagea. « Cette tournée est une erreur stratégique, dans la mesure où le Hezbollah a donné l'impression que l'armée libanaise n'est pas responsable des frontières », souligne le communiqué, avant d'ajouter : « Le pire, c'est que le Hezb a donné l'impression que la résolution 1701 du Conseil de sécurité (2006) est tombée dans l'oubli. »
M. Geagea met en outre l'accent sur le timing de la tournée. Celle-ci « intervient à l'heure où Israël montre de plus en plus de signes agressifs à l'encontre du Liban ». Selon lui, « la tournée du Hezbollah a eu lieu au moment où le pays a besoin d'affirmer son attachement à la 1701 ». Le chef des FL a enfin exhorté le gouvernement à s'acquitter de ses responsabilités, notamment en ce qui concerne la bonne application des résolutions internationales.
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De son côté, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a saisi l'occasion pour tirer à boulets rouges sur le gouvernement. « Le cabinet ne respecte pas ses engagements, notamment en matière de respect des résolutions internationales, dont la 1701 », a souligné le député du Metn dans une déclaration. Selon lui, « la tournée dans une zone où s'applique la 1701 est une atteinte au prestige de l'État et à sa souveraineté, et une nouvelle menace pour les relations du Liban avec la communauté internationale ».
Nadim Gemayel, député Kataëb de Beyrouth, dénonce, quant à lui, ce qu'il appelle « une tentative du Hezbollah d'affirmer sa mainmise sur le Liban-Sud ». Dans une déclaration à L'OLJ, M. Gemayel estime que « l'attitude du parti de Hassan Nasrallah est en flagrante contradiction avec les résolutions 1701 et 1559 (2004), ce qui est inacceptable ». Il va même plus loin, jusqu'à réclamer « une position claire de la part du chef de l'État, Michel Aoun – en sa qualité de président du Conseil supérieur de la défense –, et du ministre de la Défense, Yaacoub Sarraf, d'autant qu'il est intolérable de voir le parti chiite tenter de consolider sa mainmise sur le pays sans une ferme réponse étatique ».
Même son de cloche auprès du comité central du courant « 14 Mars-On continue ». Dans un communiqué publié hier, ce groupe s'est posé la question de savoir ce que pensent MM. Aoun et Sarraf de « cette atteinte aux prérogatives de l'armée libanaise ». Le collectif a, en outre, mis en garde contre « l'insistance du Hezbollah à mettre le Liban en confrontation avec la communauté internationale, conformément à un agenda iranien visant à isoler le pays, en vue de l'annexer au croissant iranien ».
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« Défier la communauté internationale »
Si d'aucuns ont vu dans la tournée des messages politiques adressés à M. Aoun et au gouvernement Hariri, des observateurs font état aussi de deux autres objectifs. D'abord que le parti chiite aurait voulu affirmer qu'il est toujours engagé dans son action de résistance contre Israël, en dépit de sa participation au conflit syrien. Et ensuite que le parti de Dieu chercherait à mettre la communauté internationale en garde contre toute menace visant l'Iran, dans la mesure où la République islamique pourrait riposter en bousculant le statu quo au Liban-Sud.
Dans les milieux hostiles à la formation de Hassan Nasrallah, Moustapha Hani Fahs dénonce « un défi lancé contre la communauté internationale, en particulier aux États-Unis, à l'heure où l'administration Trump entend infliger de nouvelles sanctions au Hezbollah ». « Le Hezbollah ne fait que confirmer que le Liban est plus que jamais otage des solutions aux conflits du Moyen-Orient », souligne M. Fahs à L'OLJ.
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16 h 22, le 21 avril 2017