"Mon attitude vis-à-vis de la Syrie et d'Assad a nettement changé", a reconnu Donald Trump après l'attaque chimique présumée sur le village syrien de Khan Cheikhoun. Vingt-quatre heures plus tard, le président américain ordonne une frappe sans précédent contre le régime syrien.
Voici les cinq moments-clés des trois jours qui ont conduit au revirement sur le conflit syrien de Donald Trump, jusqu'ici considéré comme un président isolationniste.
Première réaction tardive
Le jour de l'attaque, mardi, l'administration Trump tarde à réagir et provoque l'ire d'élus républicains du Congrès, John McCain en tête, qui dénonce le "retrait des Etats-Unis" et "un nouveau chapitre honteux de l'histoire américaine". Donald Trump se contente finalement d'un communiqué tardif, pour condamner une attaque "répréhensible" qui "ne peut être ignorée par le monde civilisé", sans envisager d'actions particulières à ce moment-là.
Le ton change
Le lendemain, le ton change. Donald Trump affirme mercredi que les images insoutenables de victimes agonisantes ont eu "un énorme impact" sur lui et que son "attitude vis-à-vis de la Syrie et d'Assad a nettement changé". Le président américain laisse filtrer son émotion, au cours d'une conférence de presse à la Maison Blanche, évoquant "les petits enfants et même de beaux petits bébés" qui ont péri. "Ces actes odieux par le régime d'Assad ne peuvent pas être tolérés", martèle-t-il, menaçant pour la première fois de passer à l'action.
(Lire aussi : Syrie : pourquoi les Américains ont changé de ton)
Revirement sur Assad
Le revirement se confirme jeudi avec un très net durcissement de Washington vis-à-vis de Bachar el-Assad. L'administration Trump évoque désormais ouvertement son départ.
"Le rôle d'Assad à l'avenir est incertain et avec les actes qu'il a perpétrés, il semblerait qu'il n'ait aucun rôle pour gouverner le peuple syrien", déclare Rex Tillerson, le chef de la diplomatie américaine.
Une semaine auparavant, le même Tillerson avait pourtant indiqué que le départ de Bachar el-Assad n'était pas la priorité de Washington. "Le sort du président Assad, à long terme, sera décidé par le peuple syrien", avait-il déclaré.
Impasse à l'ONU
Les négociations au Conseil de sécurité sur une résolution pour condamner et lancer une enquête sur l'attaque chimique de Khan Cheikhoun s'achèvent sur une impasse. La Russie refuse d'exposer son allié syrien à une enquête mandatée par l'ONU.
Brandissant deux photos d'enfants tués dans l'attaque, l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley laisse présager d'une possible action unilatérale.
"Quand les Nations unies échouent constamment dans leur mission d'action collective, il y a des moments dans la vie des Etats où nous sommes obligés d'agir nous-mêmes", dit-elle devant le Conseil de sécurité.
Depuis l'avion présidentiel Air Force One qui le mène en Floride, Donald Trump évoque l'imminence d'une action militaire. "Ce qui s'est passé en Syrie est une honte pour l'humanité (...) donc je pense que quelque chose devrait se passer", confie-t-il, sans plus de précisions.
(Lire aussi : Ce qu'il faut comprendre de l'attaque US contre la base syrienne)
Frappe punitive
Quelques heures plus tard, vers 00h40 GMT, deux navires américains tirent 59 missiles de croisière Tomahawk vers la base aérienne syrienne d'al-Chaayrate, dans le centre du pays.
Depuis sa résidence de Floride, visage grave, Donald Trump appelle toutes les "nations civilisées" à œuvrer pour faire cesser le bain de sang en Syrie, peu après avoir ordonné cette frappe punitive, la première des Etats-Unis contre le régime de Bachar el-Assad.
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En somme, en réagissant au bombardement chimique,Trump qui n'avait rien promis, à fait ce que Obama a refusé de faire, malgré sa promesse.
07 h 30, le 08 avril 2017