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Liban - Liban-Égypte

Hariri annonce depuis Le Caire qu’il se rendra avec Aoun au prochain sommet arabe en Jordanie

« Les relations entre l'Arabie et moi sont excellentes et ils me verront bientôt dans le royaume », a déclaré le Premier ministre Saad Hariri à l'issue de son entretien avec le président égyptien.

Saad Hariri, au cours de son entretien, hier, avec le président Sissi. Photo Dalati et Nohra

Le Premier ministre Saad Hariri a entamé hier sa visite officielle de deux jours au Caire, à l'heure où commence à s'opérer un début d'assainissement des rapports saoudo-égyptiens. Il a été reçu hier par le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi au palais présidentiel Ittihadiya, en présence de son homologue égyptien Sharif Ismail. La réunion de près d'une heure, à laquelle a partiellement pris part le reste de la délégation libanaise, a été axée sur le renforcement des relations bilatérales, aussi bien au niveau politique, sous l'angle de la lutte contre le terrorisme, qu'au niveau économique.

Lors d'un point de presse à l'issue de la réunion, M. Hariri a rappelé que sa visite prélude à la réunion du Haut-Comité conjoint égypto-libanais prévue aujourd'hui au Caire après une interruption de sept ans. Il a répondu par un « oui » assuré, à la question de savoir si le président Sissi a donné le feu vert à la relance des relations économiques avec le Liban. « Il ne fait aucun doute que le président Sissi (...) a demandé une plus grande ouverture dans les relations économiques bilatérales », a affirmé M. Hariri.

 

(Pour mémoire : Hariri : Pas de rallonge du mandat de la Chambre, mais une prorogation technique de quelques mois)

 

« Deux modèles de modération »
Sur le plan politique, M. Hariri a valorisé le rôle de l'Égypte dans la région. « La rencontre avec le président Sissi est toujours utile en raison de sa vision globale de la situation régionale et ses relations internationales au plus haut niveau. Nous accordons, au Liban, une grande importance au rôle central de l'Égypte dans les arènes arabes et islamiques », a déclaré Saad Hariri. En outre, « face aux défis communs (...), il est nécessaire de mobiliser les énergies communes qui unissent nos deux pays ». Pour M. Hariri, ces énergies seraient à puiser aussi bien dans l'économie (« Nous, Arabes, devons nous relever et nous devons nous concentrer sur nos économies », comme le fait notamment Sissi) que dans « les modèles de modération et de coexistence entre les religions et les confessions » qu'incarnent le Liban et l'Égypte, des modèles « devenus une nécessité pour de nombreux pays de la région et même du monde ». Parce que, « avant les solutions politiques et sécuritaires, la modération et la propagation de l'esprit de modération sont les seuls moyens de lutter contre l'extrémisme et le terrorisme, en particulier celui pratiqué par un groupe égaré qui se cache derrière l'islam pour en déformer les véritables valeurs », a expliqué M. Hariri, préférant mettre l'accent sur la lutte contre le fondamentalisme sans évoquer les autres extrémismes, comme la dictature du régime syrien.

 

(Pour mémoire : Saad Hariri effectue son premier voyage officiel au Caire)

 

« J'irai avec le président Aoun en Jordanie »
C'est en tout cas sous l'angle de la crise des déplacés au Liban que le conflit syrien aurait été abordé avec le président Sissi. « Nous avons discuté avec le président de la principale cause arabe et bien sûr de la crise en Syrie qui a de nombreuses répercussions sur la situation au Liban, d'autant que le Liban accueille 1,5 million de Syriens, ce qui n'est pas sans créer des pressions sur l'infrastructure et l'économie », a précisé le Premier ministre.

M. Hariri a en même temps veillé à minimiser la portée, sur les relations libano-saoudiennes, de la récente position du président Michel Aoun relative aux armes du Hezbollah. « Quelques mots ne détériorent pas les relations entre les pays, ne soyons pas influencés par ce que nous entendons », a-t-il affirmé, révélant qu'il prévoit de se rendre au prochain sommet arabe en Jordanie avec le président Aoun. Celui-ci devrait prononcer « un discours représentant le Liban, l'ambition et les aspirations libanaises. Calmons-nous un peu et vous verrez que tout ira bien ».

Et d'ajouter, en rappelant la visite de Michel Aoun au Golfe : « Pourquoi anticipez-vous, pourquoi donnez-vous l'impression que le monde est contre nous ? La relation entre les Arabes et nous est bonne. »

 

(Lire aussi : Bassil : La lutte contre le terrorisme requiert une révolution au sein de la communauté musulmane)

 

« Laissez-les douter de mes relations avec l'Arabie »
M. Hariri a également cherché à banaliser les spéculations sur la détérioration de ses rapports avec l'Arabie, où il ne s'est toujours pas rendu en visite officielle depuis sa désignation. « J'adore quand d'aucuns sont sceptiques, laissez-les douter autant qu'ils veulent. Les relations entre nous sont excellentes et ils me verront bientôt dans le royaume. » Et de préciser : « Ma visite en Égypte est arrivée au début par hasard et il n'y a aucune autre raison. »

Sur les raisons pour lesquelles il a jugé, dans son interview au quotidien égyptien al-Ahram, que les circonstances n'étaient pas encore favorables à une rencontre avec le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, M. Hariri a appelé là encore à « ne pas anticiper les choses ». « Vous savez que nous sommes en train de bâtir cette relation et nous estimons que les choses vont très bien au sein du gouvernement. Soyons positifs et laissons les choses aboutir à des résultats (...). » Et de rappeler sa position sur le dialogue : « Quand tout le monde était contre le dialogue avec le Hezbollah, j'ai insisté pour le dialogue avec ce dernier, parce que je pensais que c'était dans l'intérêt du Liban, donc chaque chose en son temps. »

Interrogé en outre sur les menaces israéliennes contre le Liban, qui rendraient inopportune l'évocation de l'arsenal du Hezbollah, M. Hariri a estimé que ce sont là deux « questions indépendantes ».

 

(Lire aussi : Raï de retour du Caire : Le terme minorité doit disparaître de nos dictionnaires)

 

Le cheikh d'al-Azhar et le pape d'Alexandrie
« Les menaces israéliennes contre le Liban existent (...), nous essayons d'y répondre de manière internationale » par le biais des canaux onusiens. Il a révélé aussi en avoir parlé avec le président égyptien, qui « effectuera des contacts sur cette question ».
Interrogé enfin sur une possible formule de la nouvelle loi électorale, il s'est contenté de répondre : « Celle que veulent les Libanais. »

La tournée égyptienne de Saad Hariri et de la délégation libanaise a également inclus hier la cathédrale orthodoxe Saint-Marc au Caire, où ils ont été reçus par le pape d'Alexandrie et le patriarche du Saint-Siège, le pape Tawadros II, en présence de la ministre égyptienne de l'Investissement et de la Coopération internationale, avant de se rendre à la mosquée al-Azhar pour un entretien avec le grand imam d'al-Azhar, le cheikh Ahmad Mohammad al-Tayyeb, en présence de son adjoint, Abbas Shuman.
Notons enfin qu'en marge des travaux du Haut-Comité conjoint égypto-libanais réuni au Caire, le Forum égypto-libanais des hommes d'affaires a organisé une conférence parrainée par Saad Hariri et son homologue Sharif Ismail à l'hôtel Four Seasons, en présence de nombreuses personnalités économiques, financières et industrielles et des hommes d'affaires des deux pays.

 

(Lire aussi : Le Liban veut doper ses exportations vers l'Égypte)

 

Déséquilibre de l'export-import
Dans son allocution, le président Hariri a évoqué le besoin, aussi bien pour l'Égypte que pour le Liban, de « réformes structurelles » et espéré que les réunions de la huitième session du Haut-Comité conjoint libano-égyptien soient « un saut qualitatif », celui-ci nécessitant « une participation active du secteur privé dans les deux pays », en l'occurrence les hommes d'affaires.

Il a indiqué que « l'Égypte a une position avancée dans le commerce extérieur libanais, mais les exportations libanaises vers l'Égypte sont encore faibles et peu diversifiées ». Il a rappelé à cet égard qu' « en 2010, la valeur des exportations égyptiennes vers le Liban était de 430 millions de dollars et celle des exportations libanaises vers l'Égypte était de 200 millions de dollars. Aujourd'hui, la valeur des premières est de 770 millions de dollars, tandis que la valeur des secondes n'est plus que de 58 millions de dollars ». Il a entre autres préconisé « la suppression des obstacles non tarifaires pour faciliter le mouvement d'importation et d'exportation entre les deux pays ». Il a également projeté une coopération au niveau de « la reconstruction de la Syrie, que nous attendons tous avec impatience ».
La journée a été marquée par la signature d'un protocole de coopération relatif au commerce du marbre, du granit et de moulages de ciment.

 

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