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Économie - Liban - Diaspora

Les employés de Saudi Oger à l’heure des choix cornéliens

Les salariés de Saudi Oger ont jusqu’au 10 octobre pour décider s’ils veulent quitter ou non l’entreprise. Archives Reuters

Depuis quelques jours, les employés de Saudi Oger s'attellent à cocher les cases d'un formulaire dont la réponse décidera de leur avenir dans l'entreprise : souhaitent-ils rester salariés ? Dans le cas contraire, souhaitent-ils changer d'employeur ou simplement quitter Saudi Oger ?
Ils ont jusqu'au 10 octobre pour se décider. Endetté de plusieurs milliards de dollars, le géant de la construction ne paie plus la quasi-totalité de ses dizaines de milliers de salariés depuis près d'un an.

Plusieurs milliers de Libanais travaillent également pour l'entreprise détenue par l'ancien Premier ministre Saad Hariri. Impossible de savoir s'ils ont tous reçu ce formulaire, car Saudi Oger ne répond pas aux appels de L'Orient-Le Jour. Mais tous les employés que nous avons interrogés assurent l'avoir reçu dimanche ou lundi via les réseaux sociaux et e-mails privés. Selon plusieurs sources, le serveur Internet interne à l'entreprise a été piraté cet été et n'a toujours pas été remis en service.

 

(Lire aussi : Saudi Oger licencie 1 300 employés d'une imprimerie du Coran)

 

Ce formulaire – que L'Orient-Le Jour a pu consulter – fait référence à une lettre datée du 29 septembre qui définit les conditions de renouvellement de contrat ou de départ des employés. Signée par la direction des ressources humaines de Saudi Oger, elle a été placardée dans les bureaux des ressources humaines de Riyad et de Djeddah d'après plusieurs employés, qui l'ont également reçue via les réseaux sociaux. Intitulée « Les obligations de l'entreprise envers les employés et réexamen de leur situation au vu des besoins actuels », la lettre rappelle que Saudi Oger a eu des difficultés à les payer. Elle se garde toutefois de faire référence à un éventuel versement des arriérés de salaire. Elle annonce également une « restructuration » de l'entreprise, avant de décrire deux cas de figure concernant les salariés. Si ces derniers souhaitent rester et que l'entreprise est d'accord, leur contrat sera renouvelé « sous de nouvelles conditions », et leurs droits à leurs arriérés de salaire sont préservés. Si les employés veulent quitter Saudi Oger, ils auront également droit à leur dû. Il n'est pas précisé ce qu'il adviendra de ceux qui souhaitent rester dans l'entreprise si cette dernière n'y consent pas.

C'est la première fois depuis mars que l'entreprise communique officiellement avec ses employés. À l'époque, elle leur assurait qu'ils seraient bientôt payés. Promesse non tenue, hormis pour les 200 Français qui ont reçu leurs salaires début septembre suite à d'intenses tractations diplomatiques avec l'Hexagone.

 

(Lire aussi : Saudi Oger : Des centaines de Pakistanais doivent quitter l'Arabie sans leurs salaires)

 

Case « départ »
Même si les employés sont nombreux à vouloir quitter l'entreprise après avoir attendu leur salaire pendant près d'un an, ils hésitent encore à cocher la case « départ ». « La plupart d'entre eux vont indiquer qu'ils veulent rester. Saudi Oger sera ainsi obligé de les licencier et de leur payer tout ce qu'elle leur doit », explique une source proche du dossier. « Je vais indiquer que je reste dans l'entreprise, mais dès que je récupère mes arriérés de salaires, je rentre au Liban », confirme un employé libanais qui n'a pas été payé depuis octobre 2015.

Cette lettre représente la première étape de la mise en œuvre du décret royal annoncé début août, qui précise que l'État saoudien aidera financièrement les employés de Saudi Oger qui souhaitent changer d'employeur ainsi que ceux qui veulent quitter le pays. Le royaume wahhabite a également annoncé prendre en charge le paiement des salaires des employés en les prélevant directement à partir de la somme due par l'État envers l'entreprise. Celle-ci s'élèverait à 30 milliards de rials (8 milliards de dollars) pour travaux déjà exécutés, selon des informations publiées par Reuters début septembre. Quant à la dette de l'entreprise, elle atteindrait « 15 milliards de rials (4 milliards de dollars) en prêts, des milliards de riyals contractés auprès de sous-traitants et de fournisseurs, et 2,5 milliards de riyals (plus de 600 millions de dollars) en arriérés de salaires et indemnités ».

Les caisses des grandes sociétés de construction en Arabie saoudite ont été durement touchées par la baisse des cours de pétrole depuis deux ans. Saudi Oger fait partie des entreprises les plus affectées. Début octobre, son principal concurrent, le groupe Saudi Binladin, a annoncé avoir reçu des arriérés de paiement de la part de l'État. Leur montant n'a pas été précisé.

 

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commentaires (4)

Les employés et leur patron marquis de saad déchu sont à la recherche de fric. Pauvres employés qui devront attendre que leur boss trouve du boulot à son tour en acceptant la seule main tendue des CPL/HEZB pour le sortir de la PETITE misère.

FRIK-A-FRAK

18 h 20, le 06 octobre 2016

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Commentaires (4)

  • Les employés et leur patron marquis de saad déchu sont à la recherche de fric. Pauvres employés qui devront attendre que leur boss trouve du boulot à son tour en acceptant la seule main tendue des CPL/HEZB pour le sortir de la PETITE misère.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 20, le 06 octobre 2016

  • PLUS DE CLARIFICATIONS S.V.P. HARIRI... COMME TOUTES LES AUTRES ENTREPRISES... EST VICTIME DE L,ARRET DE PAYEMENT DE L,ETAT. PUIS, HONTE A CERTAINS QUI DANS LEURS ARTICLES NE CESSENT DE FAIRE UNE RELATION AU POSTE DE PREMIER MINISTRE DE HARIRI ET A SON PRETENDU ETAT FINANCIER ... ILS SERAIENT CONTENTS QUE CE SOIT VRAI... HONTE ! ET MILLE FOIS HONTE !!! EL HASSAD WILL GHIRE 3AMYIN ALBON...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 47, le 06 octobre 2016

  • Voilà pourquoi le patron héritier marquis de saad est venu au Liban pour se mettre à l'ombre. Une ombre salvatrice , pas celle qu'on connaît dans les prisons .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 46, le 06 octobre 2016

  • Cette affaire est ubuesque ou alors il y a des infos non dévoilées qui rendent la chose incompréhensible : l'entreprise propose à ses salariés de choisir entre quoi et quoi : démissionner ou attendre que l'entreprise les "démissionne"? Quant à l'Etat saoudien, si j'ai bien lu, il doit une somme colossale a Oger, ne paie pas son dû mais est prêt à prendre en charge tous les salariés de la société qui accepteraient de "démissionner"? Quelles sont les "nouvelles conditions" proposées à ceux qui ne veulent pas partir ? Il y a manifestement des infos qui manquent ici...

    Marionet

    08 h 46, le 06 octobre 2016

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