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Économie - Justice

Des dizaines de milliers d’employés, dont des Libanais, portent plainte contre Saudi Oger

L’ambassade d’Inde à Riyad, en Arabie saoudite, est intervenue pour aider ses employés licenciés par Saudi Oger. Photo AFP

Selon des informations publiées dimanche par le quotidien saoudien al-Watan, 31 000 employés du géant de la construction Saudi Oger ont porté plainte auprès du ministère du Travail du royaume contre la société présidée par l'ancien Premier ministre Saad Hariri.

En cause, des retards de salaires d'environ neuf mois qui touchent la grande majorité de ses 38 000 salariés – chiffre officiel communiqué à L'Orient-Le Jour en début d'année et qui inclut plusieurs milliers de Libanais. Tout comme ses concurrents, Saudi Oger a souffert de la chute des cours du pétrole, qui a notamment provoqué un ralentissement de l'activité dans le BTP et obligé de nombreuses entreprises à licencier leur personnel dans le royaume.

Saudi Oger n'a pas répondu aux appels de L'Orient-Le Jour, mais une source proche du dossier a estimé que ces plaintes « devraient concerner une centaine de Libanais ». Difficile toutefois d'évaluer avec précision leur nombre ou leur identité, d'après elle, aucun d'entre eux ne souhaitant confirmer publiquement leur dépôt de plainte en raison des liens étroits qui existent entre la direction de Saudi Oger et le courant du Futur. La procédure en elle-même risque toutefois d'être longue, inefficace, « et biaisée en faveur de l'employeur saoudien », a indiqué à L'Orient-Le Jour l'ONG internationale Human Rights Watch.

Le quotidien saoudien al-Watan, qui cite « une source au sein de la direction de Saudi Oger », précise également que tous les projets de l'entreprise, dont les actifs dans le royaume atteignent 8 milliards de dollars, « sont à l'arrêt ». Cinq projets d'importance – dont les montants ne sont pas communiqués – sont présentés comme étant en cours sur le site Internet de Saudi Oger, notamment le gigantesque centre culturel King Abdulaziz Center for World Culture à Dhahran (Est). En outre, 45 ingénieurs saoudiens et étrangers appartenant à sept branches différentes de l'entreprise ont été licenciés « sans avoir reçu leur dû », continue al-Watan. Ces licenciements, qui ont débuté en début d'année, concernent plusieurs milliers de salariés.

 

(Lire aussi : Delhi négocie avec Riyad pour rapatrier des migrants bloqués, dont 2.450 licenciés par Saudi Oger)

 

Suicide d'un Pakistanais
En plus des retards de salaires, les employés doivent affronter de nombreuses complications d'ordre administratif, telle que la suspension de leur couverture sociale, ajoute le quotidien saoudien. Le renouvellement annuel de leur permis de séjour (iqama) par Saudi Oger a également été interrompu, ce qui les empêche de quitter le territoire et gèle leurs comptes en banque. Depuis mai, les autorités saoudiennes permettent cependant aux employés d'effectuer cette démarche facturée 800 dollars, une somme laissée à la charge de ces derniers, qui sont nombreux à ne pas pouvoir s'en acquitter. Selon un salarié de Saudi Oger qui a souhaité garder l'anonymat, un employé pakistanais, acculé par ces retards de salaires, a mis fin hier à ses jours en se pendant.

Face à cette situation, plusieurs pays ont pris contact avec les autorités saoudiennes ces derniers mois afin de protéger leurs ressortissants. L'Inde a par exemple déclaré lundi son intention de rapatrier des milliers de ses ressortissants affamés qui ont perdu leur emploi dans le Golfe, parmi lesquels figurent 2 450 anciens employés de Saudi Oger. Fin juin, l'ambassade de France en Arabie saoudite a déclaré que les 200 salariés français de l'entreprise seraient bientôt indemnisés, suite à une rencontre entre le ministre des Affaires étrangères français et le vice-prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, une déclaration qui n'a toujours pas été suivie d'effet. Les autorités libanaises, quant à elles, ne se sont toujours pas officiellement prononcées sur cette affaire.


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