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Économie - Liban - Diaspora

Riyad va assurer le règlement des retards de salaires à Saudi Oger

Le ministre du Travail saoudien, Moufarrej al-Haqbani, a annoncé hier une série de mesures prises par son gouvernement afin de mettre fin aux arriérés de salaires dont souffrent les employés de l'ancien géant du BTP, Saudi Oger, depuis environ neuf mois.

La situation de l'entreprise saoudienne, dirigée par l'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri, constitue « un cas spécifique concernant une entreprise qui n'a pas honoré ses engagements contractuels, et qui est allé à l'encontre du droit du travail et sa réglementation. Des comptes lui seront demandés conformément à la réglementation en vigueur », a indiqué le ministre, selon des informations diffusées hier par la chaîne saoudienne al-Arabiya. En début d'année, l'entreprise avait indiqué à L'Orient-Le Jour qu'elle employait 38 000 personnes, dont 1 900 Libanais, mais différentes sources avancent des chiffres bien plus élevés, se rapprochant plutôt de 6 000 ressortissants du pays du Cèdre. Les problèmes financiers de Saudi Oger proviennent de la cure d'austérité mise en place par le royaume – son principal client – depuis la chute des cours du pétrole, avait également affirmé l'entreprise à l'époque.

 

(Lire aussi : Delhi négocie avec Riyad pour rapatrier des migrants bloqués, dont 2.450 licenciés par Saudi Oger)

 

 

« Rapide et décisive »
Selon Moufarrej al-Haqbani, le gouvernement s'est rendu compte, suite à des inspections sur différents sites de l'entreprise, que Saudi Oger n'avait pas rempli ses « engagements contractuels » et ses obligations vis-à-vis des « logements des travailleurs ». « Au vu du retard pris par l'entreprise afin de remédier à la situation, le roi Salmane ben Abdel Aziz al-Saoud a donné l'ordre de mettre fin à cette situation de manière décisive et rapide », a ajouté le ministre.

Cette décision, adressée dimanche par courrier au ministère du Travail, et dont une copie circule sur les réseaux sociaux, détaille les mécanismes mis en place par l'État afin que les employés de Saudi Oger touchent leurs arriérés de salaires. Le royaume accorde aussi aux salariés de l'entreprise la possibilité de renouveler leur permis de séjour (« iqama ») ou de quitter le territoire gratuitement aux frais du gouvernement, bien que cette somme sera ajoutée aux dettes de Saudi Oger envers l'État saoudien.

Le gouvernement prendra en outre en charge les travaux d'entretien des sites de Saudi Oger, a expliqué le ministre du Travail, ainsi que la distribution d'eau potable et la couverture médicale gratuite des employés, qui ne sont plus couverts par l'entreprise depuis plusieurs mois. Ceux qui souhaitent rester dans le pays mais changer d'employeur peuvent le faire avec l'aide du ministère. La décision royale stipule également qu'« une somme de 26 millions de dollars sera attribuée (à cette affaire) et immédiatement placée par le ministère des Finances dans un compte (à la Banque centrale) ». Saudi Oger ne recevra plus d'argent de la part de l'État tant que l'ensemble des salaires ne sera pas réglé, précise enfin le courrier royal.

 

(Pour mémoire : Saudi Oger : l'insondable légèreté de la diplomatie libanaise)

 

Selon le quotidien saoudien al-Watan, un comité spécial, composé de plusieurs organismes gouvernementaux, s'occupera de verser les arriérés de salaires aux employés, en les prélevant directement à partir des sommes dues par l'État envers l'entreprise. D'après le journal, qui cite une source anonyme, les employés qui veulent rentrer définitivement dans leur pays d'origine devront demander à leurs ambassades d'assurer le suivi de la demande de règlement des sommes dues. Dans le cas où ils restent dans le royaume, il sera de leur responsabilité d'effectuer cette démarche. « Cette fois, comme il s'agit d'un ordre royal, on peut espérer que la situation s'améliorera », commente un cadre libanais de Saudi Oger auprès de L'Orient-Le Jour.

D'autant que ces procédures ne concernent pas seulement Saudi Oger, mais toutes les entreprises qui n'arrivent pas à régler les salaires de leurs employés, selon le journal. Cela devrait donc être notamment le cas pour Saudi Ben Laden, qui a licencié 77 000 salariés étrangers et a annoncé début mai avoir versé des arriérés de salaires à 10 000 d'entre eux. Ces interventions directes du gouvernement interviennent par ailleurs à la suite de rumeurs rapportées par la presse la semaine dernière concernant le rachat imminent de Saudi Oger par l'État ou des hommes d'affaires proches de la famille royale.

 

 

(Pour mémoire : L'ex-géant Saudi Oger bientôt racheté ?)

 

 

Première initiative libanaise
Pour la première fois depuis le début de la crise sociale qui sévit dans le groupe de M. Hariri, la diplomatie libanaise est parallèlement intervenue dimanche auprès de ses ressortissants concernés. Dans un courrier officiel, l'ambassade du Liban en Arabie saoudite a invité les Libanais souhaitant récupérer leurs salaires à s'enregistrer auprès d'elle. Un courrier qui fait suite à la manifestation, le même jour, d'une délégation d'une trentaine d'employés de Saudi Oger. Dans les vidéos qui ont ensuite circulé sur les réseaux sociaux, certains de ces employés invectivent les dirigeants de Saudi Oger et réclament leurs arriérés de salaires. Interrogé par L'Orient-Le Jour, l'ambassadeur du Liban en Arabie saoudite, Abdel Sattar Issa, indique leur avoir proposé de s'inscrire auprès de l'ambassade afin qu'il puisse présenter une liste des employés concernés aux ministères des Affaires étrangères et du Travail saoudiens. Une rencontre avec des représentants du gouvernorat de Riyad est également au programme pour répondre aux urgences médicales, si elles venaient à se présenter. « J'ai bien précisé à la délégation que cela ne constitue en aucun cas une garantie de versement de leurs salaires », ajoute-t-il. Une dizaine de personnes se sont par la suite enregistrées hier auprès de l'ambassade, selon Abdel Sattar Issa, qui n'a pas fixé de délai à cette procédure.

Cette initiative diplomatique semble toutefois susciter peu d'enthousiasme auprès des employés libanais de Saudi Oger interrogés par L'Orient-Le Jour. « Je n'ai aucune intention d'aller m'enregistrer à l'ambassade. Je ne leur fait pas confiance. Si elle s'intéressait vraiment à notre cas, elle aurait envoyé des inspecteurs dans les camps d'ouvriers comme l'ont fait les Indiens et les Pakistanais », confie par exemple un salarié, qui vit dans le camp Sogex de l'entreprise, à Djeddah, avec une quinzaine de ses compatriotes.

L'Inde s'est fortement impliquée dans le cas de ses 2500 ressortissants employés par Saudi Oger, et il semble que le gouvernement saoudien ait commencé à nettoyer les camps abritant des Indiens après la visite la semaine dernière du ministre d'État indien aux Affaires extérieures. « Depuis quatre jours, les autorités saoudiennes s'occupent de notre santé, de nettoyer les déchets et de nous fournir de la nourriture », confirme l'employé libanais, dont le camp abrite des Indiens et des travailleurs d'autres nationalités.

 

 

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commentaires (1)

J'ignorais qu'il pouvait y avoir un ministère du travail en bensaoudie. Maintenant qu'on le sait on se demande à quoi il sert, en bensaoudie on ne connaît pas ce mot il est laissé aux autres, non bensaouds . C'est dur de croire que les bensaouds vont aider oger dans sa banqueroute le royaume saoudo est lui même en faillite totale. Entre amis on peut se moquer les uns des autres n'est ce pas ? Loooooollll...

FRIK-A-FRAK

20 h 41, le 09 août 2016

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Commentaires (1)

  • J'ignorais qu'il pouvait y avoir un ministère du travail en bensaoudie. Maintenant qu'on le sait on se demande à quoi il sert, en bensaoudie on ne connaît pas ce mot il est laissé aux autres, non bensaouds . C'est dur de croire que les bensaouds vont aider oger dans sa banqueroute le royaume saoudo est lui même en faillite totale. Entre amis on peut se moquer les uns des autres n'est ce pas ? Loooooollll...

    FRIK-A-FRAK

    20 h 41, le 09 août 2016

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