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Sciences humaines et sociales

Les trois carrières traditionnelles : état des lieux et perspectives

Le premier réflexe de nombreux élèves sur le point d'achever leurs études secondaires a été pendant très longtemps de s'orienter vers les métiers lucratifs et prestigieux, en l'occurrence le droit, le génie et la médecine. Au fil des ans, l'étroit marché libanais est devenu rapidement quasi-saturé dans ces trois branches. Aujourd'hui, ce marché reste encore dans une large mesure engorgé, surtout avec la multiplication des établissements universitaires, mais de nouvelles spécialisations apparues à la faveur des développements technologiques et de l'élargissement du champ des connaissances ont élargi le champ de l'emploi. Aperçu succinct de l'état des lieux de ces trois carrières traditionnelles...

 

Le Droit

Il est loin le temps où entreprendre des études de droit pouvait ouvrir mille portes. Ainsi, à une certaine époque, avoir son diplôme en droit dans sa poche était un laissez-passer à une multitude d'opportunités de travail dans le domaine privé ou public.
Aujourd'hui, le marché libanais a atteint sur ce plan un certain degré de saturation, qu'il s'agisse du diplôme de droit ou du métier d'avocat, du fait notamment du manque d'orientation.
Force est de relever, d'abord, qu'un grand nombre d'universités et de facultés proposent des études de droit. A part les universités anglophones (AUB, NDU, Balamand), presque toutes les universités ont un cursus complet allant de la licence au doctorat (Université Saint-Joseph, Sagesse, Kaslik, Université arabe, et toutes les branches de l'UL, sans oublier que cette dernière a également une filiale francophone). Par voie de conséquence, un grand nombre de diplômés débarquent sur le marché du travail à la fin de chaque année universitaire, ce qui se reflète sur les demandes d'inscription aux barreaux de Beyrouth et de Tripoli. On estime actuellement à 18 000 le nombre d'avocats inscrits (plus de 16 000 à Beyrouth, et près de 2 000 à Tripoli).
Pour faire face à ce flux de candidats, les barreaux organisent un double concours. D'abord, pour entamer une période de stage, et ensuite pour devenir avocat à la cour. Dans les deux cas, la politique officieuse est de limiter autant que possible l'entrée au barreau en rendant le concours de plus en plus difficile. Une autre difficulté consiste aussi à hausser les frais d'inscription qui deviennent très élevés pour un jeune qui n'a pas encore commencé à travailler.
En outre, l'organisation d'un concours annuel difficile pour chaque étape allonge sensiblement la période de stage qui peut désormais dépasser, facilement, les trois ans.
A noter qu'en règle générale, les années de stage sont très mal payées, sauf exception, comme c'est le cas de quelques grands bureaux d'étude qui commencent à suivre le modèle anglo-saxon, en payant généreusement leurs stagiaires.
A ces différentes difficultés financières, vient s'ajouter une autre : la longueur des procès au Liban et la concurrence féroce qui diminuent de plus en plus la marge de profit de l'avocat et réduisent ses rentrées.
Ajoutons à cela, la situation politique et économique instable du pays, ce qui entraîne moins d'investissements, moins de projets, moins de commerce, donc moins d'opportunité de travail pour les juristes.
Mais parallèlement à ces difficultés et contraintes, de nouvelles perspectives peuvent s'offrir aujourd'hui au niveau du métier d'avocat. Pour sortir du lot, il faut se spécialiser dans un sujet particulier. Et les nouvelles spécialités ne manquent pas, du domaine des affaires jusqu'aux technologies de l'information, en passant par les secteurs bancaires, du pétrole, de la propriété intellectuelle, etc.
Il y a par ailleurs un manque avéré de théoriciens en matière de droit dans d'autres domaines. Il n'y a plus de grand pénaliste au Liban. Sans oublier des sujets comme les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, entre autres.
D'autres débouchés sont aussi envisageables au niveau de la magistrature et de la fonction publique. Le pays a grand besoin de juges, mais cette filière est accessible sur base d'un concours. Quant à la fonction publique, elle assure une certaine stabilité de l'emploi, mais les salaires restent limités et l'accès aux postes est souvent tributaire de considérations clientélistes.
Les études de droit peuvent aussi ouvrir des opportunités en tant que conseiller juridique, notamment dans les grandes entreprises internationales. Les Libanais sont d'ailleurs en premières lignes sur ce plan dans des pays tels que le Qatar, Dubaï, l'Arabie saoudite, l'Irak, ou le Kurdistan, du fait notamment de leur maitrise des langues, mais aussi du haut niveau de leurs études, surtout par rapport aux autres pays arabes. Il serait utile de mentionner rapidement dans ce cadre les compétences requises pour réussir en droit : l'éthique, le secret professionnel, la patience, la maîtrise des langues (notamment l'arabe), le goût pour la recherche, et la capacité de suivre l'actualité juridique qui évolue rapidement.

 

La Médecine

Une constatation s'impose d'entrée de jeu. Elle constitue une évidence, mais elle devrait être présente à l'esprit de tout jeune qui envisagerait de se lancer dans une carrière médicale. Pour s'engager sur cette voie, il faut réellement avoir la vocation et aimer véritablement ce métier pour pouvoir le pratiquer en faisant preuve de la plus haute conscience professionnelle. Ne pas tenir compte de ce facteur revient à jouer avec la santé, voire la vie, des gens, ce qui serait criminel. Autre facteur fondamental à prendre en considération : les études de médecine sont excessivement longues, très onéreuses, dures et contraignantes.
Parallèlement à cette entrée en matière, une question essentielle se pose : qu'en est-il du marché de l'emploi au niveau de cette branche ? En l'absence d'études statistiques fiables et crédibles sur ce plan, certains faits et chiffres permettent de définir l'état des lieux de cette profession dans le pays. Il existe ainsi au Liban 7 facultés de médecine et le nombre de diplômés en médecine générale chaque année s'élève à non moins de 600. Chacune de ces sept facultés décide elle-même, unilatéralement, du nombre d'étudiants qu'elle admet en début de parcours. Il existe une concertation à un niveau minimal à cet égard, mais il n'y a pas de politique nationale commune à ce propos. A ces diplômés formés par les universités locales vient s'ajouter un nombre, difficile à cerner, de médecins diplômés de facultés étrangères (régionales et internationales).
Un autre indicateur permet de clarifier davantage l'état des lieux de la profession dans le pays, et donc la situation du marché de l'emploi et les débouchés possibles : le nombre de médecins par 1 000 habitants. Au Liban, il est de 3,2, selon les chiffres de 2011, tels qu'indiqués dans le rapport Perspective Monde publié par la Banque mondiale, en collaboration avec l'Université de Sherbrooke, au Canada. Au stade actuel, ce chiffre est estimé à 3,6. À titre de comparaison, cet indicateur est établi comme suit dans les pays suivants :

France : 3,19
Chypre : 2,3
Jordanie : 2,56
USA : 2,45
Cuba : 6,72
Turquie : 1,71
Egypte : 2,83
Allemagne : 3,89
Émirats arabes unis : 2,53

Il serait important de relever également que 20 à 25 % des diplômés en médecine générale ou spécialisée vont travailler à l'étranger après l'obtention de leur diplôme. Le marché libanais a donc atteint un degré de saturation élevé sans pour autant être totalement bloqué. Pour se faire une idée précise de l'évolution exacte du marché et des perspectives d'avenir, il faut en effet coupler les informations à caractère démographique avec la pyramide des âges des médecins et la pyramide des âges de chaque spécialité.
D'une manière générale, il existe encore certaines spécialités cliniques qui ne sont pas totalement saturées. D'autres spécialités non cliniques offrent des perspectives notables. Le créneau le plus intéressant où les opportunités de carrière sont les plus valorisantes sont celles qui combinent un diplôme de médecine spécialisée avec une compétence de recherche fondamentale ou clinique, ou aussi des compétences en Business et MBA.

 

Le Génie

Le terme général de « Génie » se rapporte à un très large éventail de domaines et de spécialisations très diverses (génie civil, électrique, informatique, industriel, mécanique, chimique, etc.). Ces différentes filières nécessitent, à l'évidence, un très bon niveau scolaire dans les matières scientifiques fondamentales. L'accès à ces filières universitaires se fait sur base d'un concours et dans certains établissements d'enseignement supérieur, l'une des conditions d'admission est d'avoir eu une moyenne élevée au cours des études secondaires.
Chaque branche présente elle-même plusieurs sous-spécialisations. A moins de se destiner à une carrière essentiellement académique (enseignement universitaire), il est recommandé, quel que soit le domaine envisagé, d'accompagner le diplôme en Génie d'un MBA et d'une formation en gestion (management), ce qui aura pour effet d'accroître les débouchés et d'ouvrir de nouvelles perspectives sur le marché de l'emploi.
Sur le plan de la nature du travail, il faut établir une distinction entre le volet « études » (ou design, c'est-à-dire la préparation des études théoriques techniques qui précèdent la phase d'exécution des travaux) et le travail de terrain (exécution et supervision des travaux ; carrière technico-commerciale au niveau de la gestion ou des ventes, qui nécessite des connaissances techniques et scientifiques dans le domaine considéré, combinées à une formation en management). Les cadres ayant un bagage technico-commercial bien établi sont de plus en plus recherchés par les grandes entreprises, et du fait de leurs compétences et formation spécifiques, ils peuvent bénéficier de salaires assez élevés.


En ce qui concerne les opportunités d'emploi et les débouchés possibles par branche et par secteur, ils s'établissent comme suit, suivant la carrière considérée :

- Génie civil : construction de bâtiments ; ponts et chaussées ; exécution de fondations spécialisées (pieux, etc.) ; construction de structures en acier ; travaux publics ; travaux d'infrastructure ; construction de façades en aluminium.
- Génie industriel : organisation des processus de production au sein d'une usine ; gestion de la production au sein de l'usine ; design de machines de production. Cette filière est surtout enseignée à l'étranger.
- Génie mécanique : fonctionnement des machines utilisées dans les secteurs de l'industrie, de l'aviation, des champs de pétrole et de gaz, des hôtels et restaurants, des résidences et bâtiments de services, des entreprises et établissements divers etc. ; maintenance des machines dans les secteurs précités.
- Génie électrique : production et distribution de courant de haute, moyenne et basse tensions ; système de sécurité électrique ; système de contrôle ; télécommunications ; fonctionnement d'équipements et de matériel électriques ; fonctionnement des systèmes d'énergie non polluante (énergie solaire ; énergie éolienne, etc.).
- Génie électronique et informatique : conception et production de logiciels ; système et réseau ; logiciels de gestion...
- Génie chimique : production et contrôle des produits industriels divers, des produits pharmaceutiques, alimentaires et agro-alimentaires...

Ce très large éventail de branches et filières, qui n'est certainement pas exhaustif, élargit le champ des possibilités d'emploi. Le marché a toutefois atteint un degré avancé de saturation pour les carrières très classiques (construction de bâtiments ; travaux publics ; domaine industriel...). Les filières présentant une spécialisation plus pointue devraient, par contre, offrir des perspectives de débouchés plus avantageuses.

 

 

 

Le premier réflexe de nombreux élèves sur le point d'achever leurs études secondaires a été pendant très longtemps de s'orienter vers les métiers lucratifs et prestigieux, en l'occurrence le droit, le génie et la médecine. Au fil des ans, l'étroit marché libanais est devenu rapidement quasi-saturé dans ces trois branches. Aujourd'hui, ce marché reste encore dans une large mesure...

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