Bien sûr, aimer les enfants est indispensable pour exercer cette profession. Mais cela ne suffit pas. Le métier est difficile et physiquement éprouvant. L'éducateur doit donc joindre équilibre psychologique et résistance à la fatigue pour encadrer des petits parfois turbulents. Patience et disponibilité sont essentielles. Il doit également faire preuve d'un bon sens de l'observation, pour mesurer les progrès des enfants et détecter d'éventuels problèmes. Le métier d'éducateur requiert en outre un sens des responsabilités et une grande capacité à travailler en équipe. Enfin, l'imagination et la créativité constituent des aptitudes appréciées afin de mettre en place des activités adaptées à l'âge des enfants.
Pour Dunia Moukaddam, directrice de l'Institut libanais d'éducateurs (Ile) à l'Université Saint-Joseph, tout candidat doit avoir des compétences relationnelles, pédagogiques, disciplinaires et psychologiques. Ces compétences s'acquièrent et se développent, selon elle, à travers la formation d'éducateur.
À l'Ile, cette formation se décline en plusieurs branches : une licence d'enseignement en sciences de l'éducation ; une licence en éducation préscolaire et primaire ; une licence en orthopédagogie ; un master professionnel ou un master de recherche en sciences de l'éducation ; sans oublier une formation continue, adressée aux professionnels de l'éducation.
À la fin de son parcours universitaire, l'étudiant devient un acteur de première ligne au sein de l'établissement scolaire. Il peut :
- être titulaire de classe (du préscolaire jusqu'aux classes de EB3/CE2) ;
- enseigner dans les classes du préscolaire et du primaire selon la filière de langue choisie (français ou arabe) ;
- enseigner une discipline (français, maths/sciences ou arabe et sciences sociales) ;
- travailler dans des garderies ou des centres de loisirs ;
- collaborer dans la construction de projets éducatifs.
S'il est détenteur d'un master ou d'un doctorat, il peut occuper des postes de :
- conseiller pédagogique au cycle primaire ;
- responsable de projets de remédiation scolaire et d'encadrement pédagogique ;
- consultant ;
- enseignant et formateur universitaire ;
- chercheur ;
- coordinateur de cycle ;
- coordinateur de matière.
Selon Dunia Moukaddam, le marché du travail au Liban est plein d'opportunités. « Certaines de nos étudiantes commencent à travailler dès la 2e ou 3e année », ajoute-t-elle.
Il convient par ailleurs de préciser que cette profession est essentiellement féminine, notamment pour celles qui travaillent avec des enfants en bas âge.
L'éducatrice de jeunes enfants peut ainsi exercer dans différentes structures : crèche, garderie, centre médico-social, école, foyer, service de pédiatrie et de chirurgie infantile des hôpitaux, centre de loisirs, bibliothèque, ONG, etc.
Même si son travail varie suivant l'établissement où elle se trouve et selon l'âge des enfants dont elle s'occupe, son but est de créer un environnement favorable à l'éveil et au développement des tout-petits.
Les éducateurs spécialisés
Un autre cursus très demandé au Liban concerne les orthopédagogues ou éducateurs spécialisés pour enfants à problèmes. Ces professionnels partageront la vie quotidienne de jeunes enfants, d'adolescents, présentant des handicaps physiques ou mentaux, des troubles du comportement ou des difficultés d'insertion. Ils travailleront donc dans le domaine de la déficience (intellectuelle, visuelle, auditive et d'origine neurologique), de l'autisme et de l'inadaptation sociale et scolaire.
Cette branche, en particulier, mettra l'éducateur en coordination étroite avec d'autres professionnels qui participent à l'action éducative et sociale : kinésithérapeutes, psychologues, assistants de service social, magistrats.
L'éducateur spécialisé trouvera du travail dans des écoles inclusives, des ONG, les prisons, les centres spécialisés (Sesobel, IPR, Irap, etc.).
Il ne faut pas confondre toutefois le métier d'éducateur avec d'autres métiers, comme l'assistante sociale, le psychologue. Ils sont parfois complémentaires, mais chacun travaille dans un domaine particulier. Alors que le premier se concentre sur le rôle éducatif et d'enseignement, les seconds interfèrent en cas de problèmes ou de pathologie. En effet, l'éducateur, qu'on appelle aussi pédagogue, travaille essentiellement dans le domaine de l'enseignement. Son rôle est de stimuler les potentialités intellectuelles, affectives et artistiques des petits à travers de multiples activités ludiques et éducatives. Il peut repérer les éventuels problèmes médicaux ou comportementaux chez les enfants afin de prévenir l'installation de troubles ou de carences. Le cas échéant, l'éducateur les oriente vers des professionnels spécialisés (psychomotricien, médecin spécialiste, orthophoniste, psychologue...).
De son côté, l'éducateur spécialisé aide les personnes en difficulté à devenir autonomes pour mieux s'intégrer dans la société.
Selon Hala Eid, il s'agit d'un métier difficile, fatigant. Le réveil matinal est de rigueur. Les heures de travail dans une école ou institution ne sont pas suffisantes. Les éducateurs doivent passer des heures supplémentaires à la maison pour préparer et pour corriger. À ajouter, par ailleurs, le besoin impératif pour un éducateur de suivre régulièrement une formation continue pour améliorer son niveau et rester à jour, notamment en matière de connaissances scientifiques et dans le domaine numérique qui devient de plus en plus essentiel.
Les filières universitaires disponibles
L'Institut libanais d'éducateurs (Ile) de l'USJ comprend un département d'éducation préscolaire et primaire, un département d'orthopédagogie, un département des masters et un département de formation continue.
Une branche est établie au Centre d'études universitaires du Liban-Nord, où sont assurés toutes les formations en licence et licence d'enseignement, ainsi que des projets de formation continue.
L'Usek propose également des études de pédagogie et d'éducateur dans son LTEC (The Learning and Teaching Excellence Center).
À l'Université libanaise (UL), la faculté de pédagogie propose un certificat d'aptitude pédagogique pour l'enseignement secondaire (Capes), délivré au bout d'un cursus de 5 années de formation disciplinaire, pédagogique et didactique.
Enfin, à l'AUB, un BA en pédagogie est assuré.