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Liban - #LaRépubliquePoubelle / Crise des déchets

Crise des déchets : À Achrafieh, des démarches privées, au milieu du malaise

« La honte, "C'est une honte", "Honte à eux"... » Ces mots trempés d'indignation, à l'adresse des responsables libanais, ponctuent les témoignages des habitants d'Achrafieh, qui tentent – sans y parvenir – de faire face à la crise pestilentielle des déchets à laquelle l'État n'apporte aucune solution.

Quarante jours après l'éclatement de la crise des ordures, le désastre sanitaire et écologique prend de l'ampleur, sans que les Libanais ne perçoivent un point lumineux au bout du tunnel dans lequel un État inconscient les a engouffrés. Quoique... le week-end mouvementé de protestations a abouti à la tenue d'une conférence de presse du Premier ministre Tammam Salam, assurant le peuple qu'il est de son côté, et à la publication d'un communiqué du ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, avançant à aujourd'hui l'ouverture des plis financiers.
Invités à exprimer leur état d'âme face à cette expérience douloureuse et surréaliste, et interrogés sur d'éventuelles initiatives privées, les Achrafiotes se disent désemparés, mais tentent, selon leurs moyens, d'entreprendre des démarches, individuelles ou collectives. Celles-ci, ils le savent, ne pourront à elles seules les sortir du marais créé par « les ordures politiques », termes utilisés par le Premier ministre lui-même, lors de son point de presse, dimanche.


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« Dans tous les États dignes de ce nom, c'est le gouvernement qui incite le peuple à une attitude civique et de développement, lance une jeune femme, rue Sassine. Alors qu'ici les rôles sont inversés, et encore, à une différence près : à la société civile qui le conjure d'adopter une conduite responsable et consciencieuse, l'État tend, pour toute réponse, ses deux oreilles sourdes. » Sur ce point, Mary Boghossian Salamé, habitant la rue Abdel Wahab el-Inglizi, déplore non seulement l'atermoiement du gouvernement à l'égard des revendications populaires, mais aussi « la rude répression dont ont fait l'objet les manifestants durant le week-end », alors que « des dirigeants effectifs auraient dû se tenir auprès d'eux et avouer enfin leur responsabilité ».

(Lire aussi : « La fédéralisation des déchets » provoque des tensions entre les régions )

 

Réflexe acquis
Christiane Farjallah, résidant près du jardin de Sioufi, approuve parfaitement la descente dans la rue pour protester contre « l'attitude honteuse du gouvernement », mais estime par ailleurs que « les consommateurs doivent avoir un rôle actif dans la gestion des déchets ». Elle indique, dans ce cadre, que dans l'immeuble où elle habite, ainsi que dans les immeubles avoisinants, le réflexe de tri des poubelles familiales est entré dans les moeurs depuis déjà plusieurs mois. « Nous avons pris contact avec la société Zérowaste qui a fourni à chaque étage une caisse divisée en 3 compartiments, l'un pour le métal, l'autre pour le papier, et le 3e pour le nylon », précise la jeune femme qui assure que, depuis, « le volume de la poubelle a baissé de 80 %, les ordures organiques ne constituant que 20 % des déchets ménagers ».

 

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Richard Nader, qui habite le quartier de Nazareth, est membre de la Société Saint-Vincent-de-Paul, à Bourj Hammoud. « Depuis plusieurs années, notre association trie les déchets liés à son activité et a recours à des sociétés qui se chargent de les collecter en vue de leur recyclage, affirme-t-il. Avec la crise, les membres du comité se sentent encore plus impliqués dans le geste du tri et effectuent maintenant la même opération à leurs domiciles respectifs. » Le jeune activiste assure que, « désormais, les sacs consacrés aux déchets organiques ne se remplissent que tous les 3 jours ». Il se demande par ailleurs « pourquoi la municipalité de Beyrouth ne met pas en place, dans les rues de la ville, des barils consacrés aux différentes matières, sachant qu'il y a 15 ans elle avait commencé à le faire ? » Pour finir, M. Nader se dit désabusé et persuadé que, « malheureusement, la solution réside dans l'entente honteuse des parties politiques sur le partage du gâteau du contrat qui sera conclu avec l'une des sociétés en lice ».

(Lire aussi : Des habitants de Bchamoun craignent la consécration d'une décharge chez eux)

 

« Comportement affairiste »
M. K., homme d'affaires installé à Paris, réside à Achrafieh durant le mois d'août. À la question de savoir si les immondices jonchent son quartier, il répond par la négative, assurant avec humour « ressentir des relents, probablement parce que les ordures ne sont pas loin, à La Quarantaine peut-être ? » Mais, avec un malaise visible, le jeune homme ajoute : « Il est inadmissible que nous soyons les otages d'une classe politique coupable de mauvaise gouvernance et qui refuse de se plier à une reddition de comptes. »

 

(Lire aussi : À Roumieh, le tri des déchets n’est plus une option, mais une obligation)


Sans donner son avis sur la situation politique, le Dr Marwan Ghosn, oncologue et hématologue, résidant dans le quartier Saïfi, s'inquiète pour sa part de la prolongation de la crise des déchets. Il affirme avoir traité tout récemment un premier cas de listériose, « une maladie bactérienne provenant essentiellement du manque d'hygiène, qui peut causer des troubles graves comme la méningite et la septicémie, et même conduire à la mort ».
Le Dr Ghosn affirme que, depuis plus d'un an, il trie dans son cabinet le papier et le carton, une entreprise se chargeant de les collecter toutes les deux semaines. « Quelle ne fut ma surprise lorsque, tout récemment, celle-ci m'informe que, désormais, la collecte sera payante », s'exclame-t-il. Prié de révéler le nom de la société, le spécialiste refuse, se déclarant toutefois « offusqué de ce comportement affairiste ».

Quant à E. A., ingénieur, natif d'Achrafieh, il a décidé de ne pas s'impliquer dans la gestion des déchets, considérant qu'« elle est inutile tant que le gouvernement ne déclare pas l'état d'urgence environnemental, lui consacrant une séance de 24h jusqu'à ce qu'une solution radicale s'ensuive ».

 

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Quarante jours après l'éclatement de la crise des ordures, le désastre sanitaire et écologique prend de l'ampleur, sans que les Libanais ne perçoivent un point lumineux au bout du tunnel dans lequel un État inconscient les a engouffrés. Quoique... le week-end mouvementé de protestations a abouti à la tenue d'une conférence de presse du Premier ministre Tammam Salam, assurant le peuple...

commentaires (4)

AU LIBAN... IL Y A LE ZAÏM, SA FAMILLE ET SES PARENTS ET SUITES AVEC LEURS FAMILLES ET PARENTS ET SUITES... AUTOUR DE LUI ORBITENT LES BAISEURS DE SOULIERS, LEURS FAMILLES ET LEURS PARENTS ET SUITES AVEC LEURS FAMILLES ET PARENTS ET SUITES... CES ÉNERGUMÈNES ACCAPARENT TOUS LES POSTES DE TOUTES LES INSTITUTIONS ET COMPANIES ÉTATIQUES... ILS ONT LA PRIORITÉ D'OCCUPER LES POSTES DANS LES BANQUES ET SURTOUT DANS LES MÉDIAS ET AINSI DE SUITE... RIEN QU'À VOIR LES NOMS... ILS MANGENT COMME LES CRIQUETS IL AKHDAR WILL YÉBESS... QU'EST-CE QU'IL RESTE AU COMMUN DU PEUPLE ? DES MIETTES AUQUELLES IL NE PEUT ACCÉDER SANS LA CARTE DE VISITE DE QUELQUE ÉNERGUMÈNE ABRUTI !

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 56, le 24 août 2015

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Commentaires (4)

  • AU LIBAN... IL Y A LE ZAÏM, SA FAMILLE ET SES PARENTS ET SUITES AVEC LEURS FAMILLES ET PARENTS ET SUITES... AUTOUR DE LUI ORBITENT LES BAISEURS DE SOULIERS, LEURS FAMILLES ET LEURS PARENTS ET SUITES AVEC LEURS FAMILLES ET PARENTS ET SUITES... CES ÉNERGUMÈNES ACCAPARENT TOUS LES POSTES DE TOUTES LES INSTITUTIONS ET COMPANIES ÉTATIQUES... ILS ONT LA PRIORITÉ D'OCCUPER LES POSTES DANS LES BANQUES ET SURTOUT DANS LES MÉDIAS ET AINSI DE SUITE... RIEN QU'À VOIR LES NOMS... ILS MANGENT COMME LES CRIQUETS IL AKHDAR WILL YÉBESS... QU'EST-CE QU'IL RESTE AU COMMUN DU PEUPLE ? DES MIETTES AUQUELLES IL NE PEUT ACCÉDER SANS LA CARTE DE VISITE DE QUELQUE ÉNERGUMÈNE ABRUTI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 56, le 24 août 2015

  • TOUS CES DÉPUTÉS ET MINISTRES ET GÉNÉRALES QUI NOUS GOUVERNENT AUJOURD'HUI, COMMENT SONT ILS ARRIVÉS À OCCUPER CES POSTES ? CE NE SONT QUE DES MINABLES QUI AGISSENT POUR LE COMPTE DE CES MÊME FAMILLES MAFIEUX QUI PARTAGENT ENTRE EUX LE GATEAU. C'EST UN CERCLE FERMÉ DE PÈRE EN FILS.

    Gebran Eid

    12 h 04, le 24 août 2015

  • Comme quoi a toute mauvaise expérience il y a du bon. Il ne reste plus qu'a généraliser le recyclage et l'imposer. La question qui reviendra est: Est ce possible tenant comte de la présence armée de milices irresponsables et hors la loi?

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 20, le 24 août 2015

  • Bavo Claude cette affaire des poubelles est le symbole même de la gestion du pays par des hommes politiques d'une incompétence rare mais hélas aucun de ces personnage ne devraient être réélu, mais vu la conscience politique des Libanais ne nous faisons pas d'illusion la seule alternative est le contre pouvoir de l'union des associations civiles qui doivent s'unir et demander des comptes à ces "guignols"

    yves kerlidou

    06 h 44, le 24 août 2015

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