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Liban - Crise

Bou Faour aux familles des militaires : Rien n’a été tranché concernant un échange avec les détenus islamistes

« À mon avis, cette affaire nationale nécessite du temps pour se dénouer », a déclaré le ministre de la Santé après une deuxième visite, hier, aux proches des otages qui maintiennent « jusqu'à nouvel ordre » leur sit-in à Dahr el-Baïdar.

Waël Bou Faour partageant avec les familles leur détresse...

Le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, s'est rendu pour la deuxième journée consécutive à Dahr el-Baïdar où les proches des militaires retenus en otage par les jihadistes observent un sit-in permanent depuis une semaine. Il a voulu d'abord leur transmettre la teneur des échanges qui avaient eu lieu la veille en Conseil des ministres sur l'évolution des médiations pour obtenir la remise en liberté des otages par le Front al-Nosra et l'État islamique.

« Il est du droit des familles d'être mises au courant de ce qui se passe et d'être informées de la position du gouvernement par rapport à ce dossier », a-t-il d'abord souligné lors d'un point de presse. Il avait tenu une réunion rapide avec les parents des otages à l'intérieur de l'une des nombreuses tentes dressées sur l'autoroute de Dahr el-Baïdar. Il a contacté sur place le Premier ministre, qui s'est adressé directement aux parents.

C'est en termes succincts que le ministre a ensuite décrit la position du gouvernement. « Il existe une unanimité au sein du cabinet sur la nécessité de libérer les militaires par tous les moyens disponibles », a-t-il déclaré, précisant que cette unanimité n'est toujours pas manifeste pour ce qui est de l'échange possible des otages contre des islamistes détenus à Roumieh.
« Le débat a été positif hier (jeudi), mais la question de l'échange n'a pas été tranchée », a-t-il souligné, faisant remarquer que « certains ministres ont appuyé cette option tandis que d'autres ont émis des réserves sur cette solution, sans pour autant la rejeter, contrairement à ce que nous avons pu lire dans la presse ».
Se voulant à la fois rassurant et réaliste, Waël Bou Faour a qualifié de « positif » le débat ministériel, surtout que « les ministres se sont tous entendus sur la dimension nationale de ce dossier qui est en tête de nos priorités ».

(Lire aussi : La stabilité reste, malgré tout, une « ligne rouge »)

 

« Toujours à la phase préliminaire »
Rappelant dans ce cadre que « la confiance a été entièrement accordée au Premier ministre Tammam Salam et au directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, pour poursuivre les négociations », il a également qualifié de « positifs » les efforts qataris, remerciant Doha à l'occasion. Il a néanmoins veillé à préciser plus d'une fois aux parents des militaires que l'affaire n'en est qu'à ses débuts.
« Nous sommes toujours à la phase des bonnes intentions et espérons aboutir à un heureux dénouement. Malgré l'atmosphère positive des négociations, tous les efforts ne sont encore que préliminaires », a-t-il souligné.

De nombreuses entraves sont en effet susceptibles de mettre en doute cette phase des « bonnes intentions », comme l'incapacité jusque-là d'obtenir des garanties de la part des groupes jihadistes de maintenir en vie leurs otages. Interrogé d'ailleurs sur la dernière déclaration du Front al-Nosra via Twitter, qui avait démenti la veille s'être engagé à ne pas tuer ses otages, Waël Bou Faour s'est dit désolé de la situation actuelle où « nous vivons au rythme de ces déclarations que nous ne pouvons ignorer ».
« Toutefois, à mon avis, le dénouement de cette affaire nécessitera du temps, et tout ce que nous pouvons demander aux proches des otages, c'est d'être patients et compréhensifs », a-t-il ajouté, se montrant par ailleurs bienveillant face à leur décision de maintenir le blocage de l'artère vitale de Dahr el-Baïdar. « C'est à eux de décider de la justesse de cette démarche, surtout qu'ils n'ont obtenu jusque-là aucune garantie de sécurité pour leurs fils », a-t-il souligné.

(Lire aussi : Don saoudien : vers une réaction officielle aux atermoiements de la France ?)

 

« Nous passerons la fête ici »
Peu avant la fin de la visite du ministre de la Santé, les familles des otages ont annoncé, dans un communiqué, leur décision de maintenir leur sit-in « jusqu'à nouvel ordre ». « Nous passerons la fête de l'Adha sur cette route », ont-ils déclaré, sans manquer de présenter leurs excuses aux citoyens pour les conséquences qu'ils ont pu subir du fait de la fermeture de la route. Ils ont même appelé les Libanais à « passer avec eux la fête ».

Des tensions se sont toutefois manifestées hier entre les proches des militaires et des passants qui ont tenté de les amener de force à lever leur sit-in. Pour les proches, le blocage de la route reste « le seul moyen d'inciter le gouvernement à accélérer les tractations ». Hier, plusieurs sources ministérielles ont fait état de « négociations sérieuses », tout en maintenant le black-out sur la teneur des conditions négociées pour la libération des militaires.

Par ailleurs, les parents des deux soldats Ibrahim Maghit et Mohammad Youssef, retenus en otage par l'État islamique, ont reçu hier pour la première fois un appel de leurs fils respectifs. Le père de Mohammad Youssef a précisé que ce dernier l'a rassuré sur son état de santé, précisant être bien traité par ses ravisseurs. Le père du soldat a ajouté qu'il n'avait eu le droit de lui poser aucune question, et qu'il avait été contacté par son fils après avoir déploré, en s'adressant publiquement à l'EI, n'avoir aucune information sur ce dernier.

 

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