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À La Une - Militaires détenus

Enlèvements, ultimatum aux réfugiés syriens : la tension à son paroxysme au Liban

Violents combats entre l'armée syrienne, appuyée par l'aviation, aux jihadistes dans le jurd de Ersal, selon l'Ani.

La mère (centre) du soldat libanais Abbas Medlej affligée par la nouvelle de sa décapitation par l'Etat islamique. REUTERS/Ahmad Shalha

La tension est montée d'un cran au Liban depuis la décapitation par l'État islamique (EI, ex-Daech) de deux soldats otages, Ali el-Sayyed et Abbas Medlej, ainsi que d'un civil ces dix derniers jours. Une trentaine de soldats et de gendarmes des Forces de sécurité intérieure sont toujours aux mains de l'EI et du Front al-Nosra. Ils ont été enlevés début août à Ersal, village de la Békaa situé non loin de la frontière syrienne, lors de sanglants combats entre l'armée et des jihadistes.

Après un week-end tendu, les réactions de mécontentement se sont poursuivies lundi dans plusieurs régions dont sont originaires les militaires et plusieurs routes ont été coupées à travers le pays.

Lundi, les contre-enlèvements se sont multipliés, aiguisant encore plus la tension dans le pays. Le Libanais Ayman Sawwan, originaire du village de Saadnayel dans la Békaa, a ainsi été enlevé à Baalbeck, a rapporté l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Des jeunes en colère ont par la suite coupé plusieurs routes dans la région. Un bus aurait été également intercepté à Saadnayel et les personnes à bord emmenées vers une région inconnue. L'armée a de son côté mené des perquisitions dans les maisons des kidnappeurs de Sawwan à Brital et à Baalbeck. Selon la LBC, la troupe a arrêté l'épouse de l'un des ravisseurs et quelques uns de ses proches à Brital.

Quatre personnes de Ersal ont été également enlevées, selon les médias locaux. Les personnes concernées, qui font partie des familles Hujeiri, Sultan, Fliti et Braïdy, pourraient avoir été enlevées par des proches du soldat Ali Zeid el-Masri aux mains de l'EI, selon la LBC. Cinq personnes de la famille Masri ont été entendues par les services de sécurité avant d'être relâchées

 

(Lire aussi: Salam : Face au terrorisme, notre volonté ne fléchira pas)

 

Les réfugiés syriens
La tension monte également entre certains Libanais et les réfugiés syriens dont le nombre dépasse désormais 1,1 million de personnes au Liban.

La municipalité de Bourj el-Chemali, au Liban-Sud, a ainsi adressé, lundi, aux réfugiés syriens un ultimatum de 48 heures pour évacuer leurs tentes et quitter la ville, rapporte l'Ani. "Cette décision a été prise pour protéger les travailleurs syriens et assurer la sécurité dans la région", a précisé Ali Dib à l'Ani le chef de la municipalité de cette ville située non loin de Tyr.

Vendredi dernier, l'Ani a rapporté qu'au moins 30 réfugiés syriens avaient été blessés dans des heurts dans un camp de réfugiés à Tyr. Des membres de la défense civile libanaise, qui évacuaient les blessés, avaient été pris à partie par des réfugiés.

Et, selon des témoins, des habitants ont brûlé des tentes samedi à Taybé dans la Békaa et dimanche, effrayés par ces exactions, des centaines de réfugiés ont quitté la région chiite de Rayak et de Baalbeck pour s'installer plus au sud ou dans le nord où se trouvent des agglomérations sunnites.

 

(Lire aussi : Bassil appelle la Ligue arabe à faire la guerre à l’EI)

 

Trois Libanais déjà décapités
Samedi, un sympathisant présumé de l'EI a posté sur Twitter une photo montrant un homme masqué et vêtu de noir tenant la tête d'un homme présenté comme le jeune soldat Abbas Medlej au-dessus de son corps gisant dans une mare de sang. Un porte-parole de l'EI aurait affirmé à l'agence d'information turque que son mouvement a exécuté le soldat Medlej "parce qu'il avait tenté de fuir". L'armée a indiqué qu'elle enquêtait sur les photos du soldat.

Il s'agissait-là du troisième Libanais exécuté par l'EI au cours des dix derniers jours. Une semaine plus tôt, l'EI avait diffusé une vidéo montrant la décapitation du sergent Ali Sayyed, dont les funérailles ont eu lieu mercredi dans son village natal de Fnaydek au Liban-Nord. Et vendredi soir, le corps d'un civil libanais qui avait été enlevé par les jihadistes fin août à Ersal a été remis à sa famille, ont indiqué des habitants. Il était accusé par l'EI d'être un "agent du Hezbollah".

 

(Lire aussi : La famille du soldat décapité par l’EI appelle au calme)

 

Dans une vidéo diffusée sur YouTube, intitulée "Qui paiera le prix ?", le Front al-Nosra avait lancé vendredi un ultimatum on ne peut plus clair au Hezbollah et à l'armée libanaise, les menaçant des foudres jihadistes si le parti chiite ne se retire pas de Syrie. Le groupe avait déjà posté le 23 août une vidéo montrant neuf soldats et policiers kidnappés appelant le Hezbollah à retirer ses combattants de Syrie.

Les revendications des jihadistes
Vendredi, le vice-Premier ministre Samir Mokbel avait souligné que les autorités libanaises refusent tout échange de prisonniers, une revendication des jihadistes preneurs d'otages. M. Mokbel a ajouté que le gouvernement traite sérieusement, avec l'aide du Qatar, le dossier des militaires enlevés par les jihadistes.

Un médiateur syrien, dépêché par le gouvernement qatari, s'est d'ailleurs rendu vendredi dans le jurd de Ersal pour rencontrer l'émir d'al-Nosra, Abou Malek Tallé. Selon des informations rapportées samedi par les médias locaux, le médiateur a transmis au gouvernement libanais les revendications des deux groupes : la libération d'islamistes détenus dans les prisons libanaises ainsi qu'une rançon de 5 millions de dollars. Autre condition, la préservation de la sécurité des camps de réfugiés syriens et une assurance que l'armée ne fermera pas les couloirs qui relient Ersal au jurd, lesquels constituent des voies de communication considérées comme vitales par les jihadistes qui ont besoin de venir régulièrement se ravitailler dans le village.

 

Sur le terrain, de violents combats ont opposé lundi en soirée l'armée syrienne, appuyée par l'aviation, aux jihadistes dans le jurd de Ersal, selon l'Ani. Deux roquettes tirées à partir de la chaîne de l'anti-Liban se sont en outre abattues sur le village de Laboué et une troisième s'est abattue dans la vallée du village de Taraya, dans la Békaa, sans faire de victimes. Un obus est également tombé dans le village d'al-Amhaziyé sans faire de dégâts, ajoute l'agence.

 

 

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