Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea.
Dans un discours prononcé à Maarab après la messe annuelle à la mémoire des martyrs des Forces libanaises, le chef des FL, Samir Geagea, a qualifié samedi l’État islamique (EI, ex-Daech) de "phénomène suspect" ayant surgi soudainement "comme par magie" dans certaines régions en Irak et en Syrie. Ce groupe qui s'inscrit selon lui "à contre-courant de l'histoire, de la nature et de l'évolution de l'homme", n'a "rien à voir avec l'islam".
Samedi, l’État islamique a affirmé avoir exécuté un deuxième soldat libanais qui faisait partie de la trentaine de militaires (soldats et membres des Forces de sécurité intérieure) enlevés le 2 août à Ersal, dans la Békaa, lors de combats avec des jihadistes venus de Syrie. Samedi dernier, l'EI avait diffusé une vidéo montrant la décapitation du sergent Ali Sayyed, dont les funérailles ont eu lieu mercredi dans son village natal de Fnaydek au Liban-nord.
"La région en entier est en ébullition, a dit le leader chrétien. La Syrie et l'Irak avaient déjà connu assez de peines, de malheurs et de souffrance, avant même l'apparition de cette machine à tuer qu'est Daech". "La région avait déjà souffert des régimes dictatoriaux répressifs, destructeurs et barbares avant même l'arrivée de cette invention qu'on appelle Daech", a-t-il ajouté.
Selon M. Geagea, la lutte contre les jihadistes de l’État islamique relève de la "responsabilité éthique de chacun". "Ce phénomène ressemble a une tumeur cancérigène qui est apparu dans des zones limitées en Irak et en Syrie, a-t-il assuré. Il est encore possible d'opérer cette tumeur rapidement si l'on consolide nos efforts, à travers une coalition internationale et arabe".
Le chef des FL a, par ailleurs, dénoncé le régime syrien de Bachar el-Assad, l'accusant d'être "aussi barbare" que l’État islamique. "Les attaques chimiques et le meurtre de milliers de civils en l'espace de quelques minutes sont-ils considérés comme étant moins graves que le meurtre de centaines de personnes en quelques heures ? Le bombardement des villes syriennes et l'emprisonnement et la torture de dizaines de milliers d'innocents syriens et libanais sont-ils des gestes moins barbares que ceux de l'Etat islamique?", a-t-il demandé.
M. Geagea s'est également employé à établir un parallèle entre le terrorisme de Daech et celui des assassins des personnalités du 14 Mars, estimant que les uns et les autres sont "les deux faces d'une même monnaie". "L'exécution d'un journaliste américain (James Foley, ndlr) est-il plus terrorisant que l'assassinat de Rafic Hariri, Bassel Fleyhane, Samir Kassir, Georges Haoui, Gebran Tuéni, Pierre Gemayel, Walid Eido, Antoine Ghanem, Wissam Eid, Wissam el-Hassan, Hicham Salman et Mohammad Chatah ?", a encore demandé le chef des FL.
Dans ce cadre, il a invité l'opinion à examiner les causes de l'apparition des organisations terroristes dans le monde arabe, en particulier en Syrie et en Irak, pour conclure sur le constat qui veut que la lutte contre l'État islamique et les autres groupes du même acabit doit impérativement passer par "le traitement de ces causes", mais aussi par la généralisation des valeurs de démocratie dans la région. "La période sanglante qui a marqué le printemps arabe finira par aboutir à la création de régimes démocratiques et civilisés et la disparition des régimes répressifs et dictatoriaux", a affirmé M. Geagea, donnant l'exemple de la Révolution française.
Sur le plan politique libanais, le leader chrétien a indirectement accusé le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, de vouloir affaiblir la Constitution libanaise pour être élu à la tête de l’État. "Certaines parties n'hésitent pas à affaiblir l’État alors que la Constitution libanaise affirme clairement la nécessité de démanteler tous les groupes armés illégitimes", a souligné M. Geagea en référence au Hezbollah, allié du CPL. "Par ailleurs, a-t-il ajouté, la persistance du vide présidentiel représente un crime politique flagrant. Il est inacceptable que le Liban soit privé de son président chrétien au moment où Mossoul est vidée de ses chrétiens".
Enfin, M. Geagea a évoqué le dossier israélo-palestinien, saluant le combat que mènent les Palestiniens pour une solution juste à leur cause.
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EN EFFET, SAMÎR A TOUT A FAIT RAISON, "l’État islamique n'a rien à voir avec l'islam.". MERCI, WOÛ KHALLÎK BI WÉJJÉL GHADDABBB YÂ HAKÎM !
15 h 15, le 08 septembre 2014