
Un camion suspect contrôlé par l’armée libanaise à Batroun, le 20 mai 2024. Photo tirées du compte X de la troupe
Rien qu’entre lundi et mardi, deux camions en provenance du port de Tripoli et transportant plus de 700 armes à feu individuelles illégales ont été saisis par l’armée. De quoi donner un aperçu de l’ampleur de la propagation des armes illégales au Liban et de la porosité de ses frontières. Tout cela est rendu encore plus inquiétant dans un contexte d’instabilité sécuritaire, notamment dû au délitement des institutions de l’État, de polarisation politique accrue et de guerre en cours au Liban-Sud opposant Israël au Hezbollah et ses alliés libanais et palestiniens, dont le Hamas. Naturellement, donc, les incidents de ces deux jours ont suscité un tollé, notamment parmi les protagonistes chrétiens.
Tout a commencé lundi, quand un camion a pris feu sur l’autoroute reliant Tripoli à Beyrouth, plus précisément au niveau de Batroun, près de la localité de Kfarabida. La Défense civile a alors été dépêchée sur les lieux pour venir à bout de l’incendie. C’est ainsi que les armes ont été découvertes à l’intérieur du camion. La Défense civile a par la suite contacté l’armée et les services de sécurité qui se sont rendus sur place et ont délimité un périmètre de sécurité.
Le camion et les munitions saisis ont été transférés à un centre militaire pour une inspection avancée, tandis que le conducteur du véhicule a été arrêté, ainsi qu’une poignée d’autres suspects. Dans un communiqué publié mardi, l’armée a précisé que 304 pistolets ont été trouvés, cachés au-dessus du moteur, avec leurs munitions. « La direction des services de renseignements a arrêté plusieurs suspects dans cette opération de contrebande », poursuit le texte. Le communiqué précise que l’armée s’est employée, à la suite de l’incident, à fouiller tous les camions de cette même cargaison sans trouver d’autres marchandises suspectes. « Six autres camions ont été arrêtés à travers le pays, notamment à Zouk Mosbeh, mais leur cargaison ne posait pas problème », affirme une source sécuritaire à notre journal. Selon cette même source, le chauffeur du camion qui a pris feu est un ressortissant turc et la marchandise qu’il transportait venait de Turquie, où elle a été fabriquée. Elle aurait été commandée par M.Y., un trafiquant d’armes résidant dans un camp palestinien, hors de la portée des appareils sécuritaires.
Quoi, pourquoi, comment ?
Le lendemain, un autre camion d’armes de contrebande a été saisi par l’armée, cette fois-ci dans le port même de Tripoli. « Cette seconde cargaison, qui compte environ 400 revolvers, fait partie de la même transaction que celle de lundi », assure la source sécuritaire. « Les autorités ont réussi à localiser cette cargaison suite aux interrogatoires des suspects arrêtés ce jour-là », ajoute la source, qui précise que l’enquête se poursuit pour démanteler ce réseau de contrebande. Ce n’est pas assez pour calmer le tollé provoqué par ces incidents.
« Concernant les camions d’armes qui parcourent le Liban, du nord au sud, à qui appartiennent-ils ? Qui les fait entrer ? Et à quelles fins ? » s’est interrogé sur X Samy Gemayel, député du Metn et chef du parti Kataëb. « Tant que le Liban sera dirigé par des milices et que l’État cohabitera avec elles, voire se soumettra à elles, les Libanais se réveilleront chaque jour avec des nouvelles similaires », a-t-il ajouté, dans une pique adressée au Hezbollah. Dimanche soir, des hommes armés à bord d’une Chevrolet Camaro ont tiré en l’air à proximité du siège central des Kataëb à Saïfi, sans faire de victime ni causer de dégâts matériels. Le parti de Samy Gemayel, ancré dans l’opposition, avait interprété cet incident comme un message d’intimation. « Nous n’accusons personne. Mais tout le monde sait qui porte des armes aujourd’hui », avait affirmé à L’Orient-Le Jour le porte-parole du parti, Patrick Richa.
Les armes à feu illégales saisies par l’armée, le 20 mai 2024. Photo tirées du compte X de la troupe
Comme un air de Kahalé
Le député Ghayath Yazbeck (Batroun), membre du bloc des Forces libanaises, partage l’inquiétude de Samy Gemayel. « C’est très mauvais signe. Ces armes sont importées depuis la Turquie pour être revendues sur le marché libanais, notamment dans les camps de réfugiés palestiniens, affirme-t-il. Elles sont revendues à très bas prix en comparaison aux revolvers réguliers, parfois pour une centaine de dollars. » Les armes illégales se propagent facilement dans les camps palestiniens, qui sont souvent le théâtre de confrontations violentes entre des gangs ou des factions politiques. « Des Libanais souhaitant obtenir des pistolets et des munitions sans permis et à moindre prix peuvent eux aussi profiter des « services » de certains contrebandiers dans les camps », affirme la source sécuritaire. Mais ce n’est pas tout. « Non seulement cela contribue au chaos sécuritaire en provoquant une véritable pandémie des armes à feu, mais en plus ces pistolets de mauvaise qualité peuvent provoquer des accidents », ajoute M. Yazbeck.
Les événements de ces deux derniers jours ne sont pas sans rappeler l’épisode de Kahalé, l’année dernière, quand un camion du Hezbollah s’est renversé en prenant un virage trop étroit. Les riverains de cette bourgade chrétienne ont alors découvert la cargaison et une rixe a éclaté entre les habitants et des membres du parti chiite, provoquant la mort de deux personnes et laissant planer le spectre d’une confrontation plus large. Certains avaient alors affirmé que la cargaison se dirigeait de Damas à Beyrouth pour ensuite gagner le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Heloué, près de Saïda, où de violents combats opposaient alors des groupuscules islamistes proches du Hamas à son rival, le Fateh. « Comme à Kahalé, une cargaison d’armes illégales a été découverte par hasard, dit M. Yazbeck. Dieu sait combien d’autres camions du genre il y a. »
Drôles de gens que ces gens là! On a chicané nadim gemayel poir avoir demander des licences d'armes à feu... alors qu'on a des camions d'armes à feu clans-des-saints qui distribuent leurs mannes ... passe moi ton pisto pour me tirer une dans la jambe pour m'assurer qujsuis tjours vivant...
14 h 32, le 22 mai 2024