Selon trois sources interrogées par CNN et informées des discussions, les services de renseignement égyptiens ont discrètement altéré les termes d'une proposition de cessez-le-feu qu'Israël avait déjà approuvée au début du mois de mai, compromettant ainsi les négociations. Cet accord aurait pu permettre la libération d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens, ainsi que l'instauration d'une cessation temporaire des hostilités dans la bande de Gaza.
Ces sources ont confié que l'accord de cessez-le-feu annoncé par le Hamas le 6 mai n'était pas celui que les Qataris ou les Américains pensaient avoir soumis pour examen final. Le document modifié approuvé par le Hamas, obtenu par le média américain, prévoyait un cessez-le-feu permanent et un « calme durable », dans une seconde phase du projet. Israël avait rejeté cette proposition, refusant de mettre fin à la guerre avant la défaite du Hamas et la libération des otages.
Ces modifications ont suscité une vague de colère et d’indignation parmi les médiateurs américains, qataris et israéliens. « Nous avons tous été dupés », a déclaré l'une de ces sources à CNN.
Un accord avorté
Fin avril, une équipe de médiation égyptienne s’était rendue en Israël pour finaliser les derniers détails d’une trêve prévoyant la libération des otages israéliens en échange d’une pause dans les combats et du retour des prisonniers palestiniens. Les pourparlers, en cours depuis l'échec de la dernière trêve en décembre, semblaient sur le point d'aboutir. Israël, montrant plus de flexibilité, acceptait de libérer davantage de prisonniers palestiniens contre la libération de moins d'otages, et de permettre aux habitants de Gaza de retourner sans restriction dans le nord de l’enclave.
Trois semaines plus tard, les négociations de cessez-le-feu étant dans l'impasse, les parties s'interrogent sur les motivations de l'Égypte, intermédiaire de longue date entre Israël et le Hamas.
Modifications pour satisfaire le Hamas
Les trois sources ont indiqué à CNN qu'Ahmed Abdel Khalek, un haut responsable des services de renseignement égyptiens et adjoint du directeur des services de renseignements généraux égyptiens Abbas Kamel, était chargé des modifications. M. Abdel Khalek aurait tenu des discours différents aux Israéliens et au Hamas. Des exigences supplémentaires du Hamas ont été insérées dans l'accord initial, approuvé tacitement par l'État hébreu, sans en informer les autres médiateurs ni les Israéliens. « Toutes les parties partaient du principe que les Égyptiens avaient fourni le même document » déclare l'une des sources.
Après les pourparlers avec Israël puis avec le Hamas, l'Égypte considérait qu'il était évident que ce dernier n’accepterait pas l'accord initial. Des changements majeurs ont donc été apportés pour obtenir son approbation, a déclaré une source.
Jeudi, un responsable égyptien a démenti toute « manipulation » du texte.
Indignation chez les médiateurs
Bill Burns, directeur de la CIA et principal négociateur américain pour le cessez-le-feu, était dans la région lorsque les Égyptiens ont modifié les termes de l'accord. Selon une source, M. Burns a été « en colère et embarrassé », craignant que cela ne laisse penser qu'il n'était pas au courant ou qu'il n'avait pas informé les Israéliens des changements. Le Premier ministre qatari, Mohammad ben Abderrahmane al-Thani, a quant à lui informé les services de renseignement israélien que l’Égypte avait agit seule, précisent les sources au média américain.
Ces deux acteurs ont tenté de rétablir la situation en renvoyant des délégations américaines et qataries au Caire pour de nouvelles négociations afin d'éviter une offensive israélienne terrestre sur Rafah. Cependant, selon les sources citées par le média américain, les pourparlers sont « en pause » et les forces israéliennes ont intensifié leurs frappes sur la ville de Rafah dès le 6 mai.
L'une des sources suggère que le Qatar pourrait jouer un rôle plus important si les pourparlers reprennent. Toutefois, l'Égypte conserverait sa place centrale en raison de sa proximité essentielle avec le Hamas et de la préférence d'Israël pour le Caire par rapport à Doha.
Netanyahou veut rejeter sur l'Egypte la responsabilite du refus Israelien d'un cessez-le-feu viable.
10 h 03, le 23 mai 2024