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Un barrage des Forces de sécurité intérieure au Liban, dans le cadre d’un plan sécuritaire. Photo Hussam Chbaro
Le nouveau plan de sécurité mis en place par les Forces de sécurité intérieure (FSI) depuis le 15 mai à Beyrouth et dans ses banlieues est loin de faire l’unanimité dans la rue. La direction générale des FSI a demandé à ses unités de patrouiller en masse et de mettre en place des points de contrôle à toute heure dans la capitale et ses alentours, dans le but de « maintenir la sécurité et l’ordre » et de réduire la circulation de motos et de véhicules en situation d’illégalité (avec des plaques d’immatriculation manquantes par exemple, un défaut d’enregistrement et de permis ou ayant été volés). Les FSI ont justifié leur décision en affirmant que les statistiques montrent que ce type de véhicule est susceptible d’être utilisé pour commettre des crimes.
L’Orient-Le Jour n’a pas pu joindre les Forces de sécurité intérieure pour faire le bilan de la première semaine de mise en œuvre de ce plan, mais le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, a affirmé mercredi soir lors d’un entretien télévisé que la police a saisi, dans ce cadre, 1 654 mobylettes qui n’étaient pas en règle. Ce plan est « nécessaire et demandé par tous les Libanais, afin d’assurer leur sécurité », ainsi que celle des touristes attendus au cours de l’été, a ajouté M. Maoulaoui. Selon lui, ce plan cause notamment la réticence « des hors-la-loi ».
Des « lacunes »
L’application du plan a rencontré une certaine résistance, en particulier dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah. Le 18 mai, des individus dont les motos avaient été confisquées ont protesté contre ces mesures en brûlant des pneus et en bloquant les routes devant le poste de police de Mrayjé. « Appliquez d’abord la loi aux gros poissons, puis attaquez-vous à nous », avaient scandé les manifestants. Réagissant à cet épisode, le ministre Maoulaoui s’est défendu sur la LBC, affirmant que la police « n’est pas entrée avec des mitrailleuses, ni dans la banlieue sud ni ailleurs ».
« Nous sommes aux côtés de l’État et nous sommes pour la mise en œuvre d’un plan de sécurité, mais nous pensons que le plan actuel comporte des lacunes », affirme Maan Khalil, président de la municipalité de Ghobeyri, à L’Orient Today. « La Nafaa (centre d’enregistrement des véhicules) est toujours fermée depuis bientôt deux ans pour les motards qui souhaitent obtenir un permis de conduire. Lors de l’application du plan de sécurité, l’État doit donc tenir compte du fait que les motards sans permis ne tentent pas d’enfreindre la loi », soutient l’élu. Le centre d’enregistrement des véhicules a longtemps fermé ses portes en raison d’un scandale de corruption qui a conduit à l’arrestation de nombreux fonctionnaires. Malgré une réouverture temporaire en septembre 2023, le centre a fonctionné avec une capacité très limitée, provoquant des retards dans le traitement des formalités.
« Pourquoi les punir ? »
« J’ai travaillé de longs mois pour pouvoir acheter une moto afin de travailler comme livreur pour un magasin de vêtements, mais on me l’a confisquée. Cette moto était ma seule source de revenus. Qu’ils ouvrent d’abord la Nafaa et ensuite j’enregistrerai ma moto », peste Adam*, un habitant de Haret Hreik.
Bassam Maoulaoui a rétorqué mercredi soir que « la Nafaa est ouverte à tous même durant les week-ends, et d’ici à deux mois maximum, les Libanais pourront effectuer leurs procédures de manière informatisée ».
« Certains étudiants vont à l’université à moto parce que c’est un moyen de transport abordable, mais ils ne peuvent pas obtenir de permis parce que l’État ne les délivre pas. Pourquoi doit-on les punir ? » demande Maan Khalil. L’élu se dit néanmoins pour que l’État prenne « toutes les mesures nécessaires contre ceux qui enfreignent la loi et mette en place des points de contrôle pour arrêter les voyous ».
« Plusieurs réformes doivent être apportées à ce plan : tout d’abord, les frais d’immatriculation des véhicules sont très élevés. Ensuite, le manque de transports publics fiables pousse les citoyens à chercher d’autres alternatives. Certains, dont les enfants sont scolarisés dans des écoles publiques, font l’aller-retour à moto et n’ont pas les moyens d’utiliser d’autres moyens de transport, faute d’argent. Il est courant de voir un père et ses trois enfants avec leurs cartables à moto », se désole Maan Khalil.
« Des centaines de dollars pour immatriculer ma moto »
« Je suis l’aîné de ma famille, et en plus de payer mes frais d’université, je contribue au paiement de ceux de ma sœur », raconte Ali Kourani, dont la moto a été saisie par les FSI mercredi. Le jeune homme partageait son deux-roues avec son père. « J’ai du mal à joindre les deux bouts et je ne peux pas dépenser des centaines de dollars pour immatriculer la moto que mon frère, qui vit à Oman, a achetée », explique-t-il. Il n’est pas le seul à s’être vu confisquer sa moto. Son ami Moussa Hamiyé raconte qu’il a tenté de « négocier avec l’agent qui confisquait » son engin, mais qu’il a été « violemment bousculé ».
Selon plusieurs médias locaux, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, et le chef de l’unité de liaison et de coordination du Hezbollah, Wafic Safa, se seraient entretenus au sujet du nouveau plan de sécurité. Ce dernier aurait demandé à M. Mikati de faire marche arrière sur l’application du plan de sécurité. Toutefois, une source gouvernementale a démenti ces informations auprès de notre publication. « Il n’y a absolument rien de vrai dans ces rumeurs. Le ministre de l’Intérieur Bassam Maoulaoui est responsable de ce dossier et donne les directives nécessaires, le Premier ministre n’est pas impliqué dans ce plan », assure la source.
*Le prénom a été changé pour des raisons de confidentialité.
Par la même occasion. Rêvons encore un peu puisque c'est gratuit. Quand va t'on s'attaquer au cancer national (un des cancers, dont la cigarette et le narguilé dans les restaurants fermés) à savoir le téléphone portable qui fonctionne sans relâche en conduisant? Tout le monde demande de la fermeté, et dès qu'on touche à leur confort tout ke monde se rebelle
23 h 07, le 24 mai 2024