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Liban - Liban

À Bir Hassan, mort, désolation, panique et ras-le-bol...

Deux voitures piégées dotées de charges de 70 et 90 kilos ont explosé presque simultanément hier à Bir Hassan, faisant six morts et 129 blessés, dont quelques-uns se trouvaient toujours hier dans les hôpitaux.

Bir Hassan, après le double attentat kamikaze, hier. Photo Reuters/Stringer

À Bir Hassan hier, à quelques mètres seulement du rond-point dit de l'ambassade du Koweït, la même scène apocalyptique de destruction et de désolation qui suit les grandes explosions. La zone commerçante est totalement dévastée sur plus de 200 mètres, un périmètre de destruction impressionnant dû au double attentat. Des débris de voitures et de verre sont visibles bien au-delà de la zone de sécurité bouclée par l'armée. Les deux voitures, une BMW X5 et une Mercedes 500, conduites par des kamikazes comme l'a précisé un communiqué de l'armée, ont explosé à quelques secondes d'intervalle à peine, à une centaine de mètres l'une de l'autre : la première devant la pâtisserie Gondoline et la seconde près de la caserne Henri Chehab. Les explosions ont laissé des cratères visibles de loin, et plusieurs immeubles et commerces soufflés.


Le premier kamikaze tentait apparemment d'atteindre le Centre culturel iranien : il a été arrêté par un caporal des Forces de sécurité intérieure (FSI) affecté à la protection du centre, Mohammad Dandache. Celui-ci a été tué par l'explosion. Le second kamikaze a actionné sa charge pas plus de deux secondes plus tard. Plus de 160 kilogrammes d'explosifs en tout...
L'un des kamikazes pourrait avoir été identifié. Une photo (qui ne correspondait pas au nom) sur une fausse carte d'identité trouvée sur place a été publiée par l'armée et elle a permis l'identification de l'homme par son père : selon la MTV, il s'agirait de Nidal el-Moughir, un Palestinien. Le nom de Abdallah Azzam, originaire de Ersal, avait auparavant circulé : selon la LBC, la famille du jeune homme et la municipalité de Ersal ont formellement démenti l'information, assurant que Abdallah est un étudiant qui se rendait à son université et qu'il est probablement une des victimes des attentats.
Quatre personnes ont par ailleurs été arrêtées dans le cadre de cette enquête, dont les deux voleurs des deux voitures employées dans l'attaque- suicide, et deux suspects sur le lieu de l'explosion.

 

(Eclairage : Un paradoxe : la frontière syrienne, ligne de ravitaillement du terrorisme mais aussi du Hezbollah)


L'attentat meurtrier dans un des axes les plus embouteillés de la banlieue sud a été revendiqué par les Brigades Abdallah Azzam, qui n'en sont pas à leur première attaque dans des régions sous contrôle du Hezbollah. Un groupe qui se fait appeler « Organisation d'Ouzaï », qui dit dépendre des Brigades Abdallah Azzam, a qualifié l'attentat, dans un tweet, de « raid du Centre culturel iranien, en réponse au combat du Hezb aux côtés du régime assassin en Syrie, et en réponse à l'incarcération de jeunes musulmans dans les prisons du Liban ».

 

« Nous vivons dans la peur »
Le choc auprès des habitants et des travailleurs de la région était immense, comme nous l'indique un jeune homme de la famille Zeaïter, qui travaille à quelques mètres des explosions. Il est arrivé tôt sur la scène de l'attentat, vu la proximité de son lieu de travail, et décrit une grande confusion au moment des explosions. « C'était tellement traumatisant que je n'arrive toujours pas à bien réfléchir », dit-il.


La région où a eu lieu l'attentat est également résidentielle. Zeinab, une mère de famille d'une quarantaine d'années, était chez elle quand la déflagration a eu lieu. « Toutes les vitres de la maison se sont brisées, raconte-t-elle. Ma mère et moi avons paniqué, mon frère venait de quitter la maison pour se rendre au travail. » Zeinab retrouve son frère sain et sauf, mais devient l'un des témoins d'une scène d'apocalypse. « C'était terrible, dit-elle. Cela fait longtemps, d'ailleurs, que nous vivons dans la peur. Nous ne pouvons plus nous déplacer sans craindre pour nos vies. Il y a une semaine, les forces de l'ordre ont pourchassé une Kia dans notre quartier même. » Alors que Zeinab et d'autres jeunes filles s'apprêtaient à nous livrer leurs impressions sur ces menaces permanentes, un homme armé en civil s'approche du groupe et leur demande de ne plus parler aux journalistes. Nos protestations n'y font rien, les femmes s'éloignent aussitôt...

 

(Lire aussi : Sleiman, Salam, Mikati et Hariri appellent à la solidarité nationale)


La méfiance est d'ailleurs au rendez-vous, plusieurs témoins dans des commerces proches du lieu de l'explosion évitent de s'exprimer. D'autres laissent éclater leur colère et leur ras-le-bol du terrorisme qui frappe aveuglément, comme cette femme venue de Saïda pour prendre des nouvelles de son mari, propriétaire d'une boutique dans le secteur, ou cet homme qui vient directement de l'aéroport se renseigner sur le sort de son neveu, également commerçant dans le coin.


Si certains ont eu la chance de s'en tirer à bon compte, d'autres n'ont pas échappé à l'attentat meurtrier. Parmi les victimes, un jeune homme de 20 ans, Mahmoud Hamzé, un membre du parti Tawhid, Hamzé Youssef Sobh, un père de famille qui s'était arrêté pour un café, Abbas Hammoud, ainsi que Harb Sami Harb. Parmi les 129 blessés, la plupart ont quitté les hôpitaux, alors que certains restaient sous surveillance, parfois après avoir subi une intervention chirurgicale, comme Ahmad Dahal, propriétaire d'un supermarché touché par les explosions, et une ressortissante éthiopienne dans un état très critique.

 

(Voir aussi, les images de l'attentat)


À l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri, Mohammad el-Chabb, un membre des FSI, attend les résultats des radios aux urgences. Il n'en revient toujours pas d'être en vie. « J'étais dans un minibus de transport public, raconte-t-il. Au niveau du rond-point de l'ambassade koweïtienne, le bus s'est arrêté pour faire descendre un passager. Ces quelques secondes nous ont sauvé la vie, nous aurions pu être à proximité de l'explosion du Centre culturel iranien. » Les passagers sont restés en vie mais ont été projetés par le souffle de l'explosion. « Nous sommes tout de suite descendus du véhicule pour découvrir l'horreur, dit-il. C'était tellement traumatisant que j'ai mis beaucoup de temps à me rendre compte que j'étais blessé au dos. »


Dans une des chambres est alitée Fatmé Dia, une résidente du quartier. Elle était en train de boire un café avec ses belles-sœurs sur la terrasse, par cette belle journée ensoleillée, quand l'horreur a envahi sa vie. « Je me suis retrouvée projetée par le souffle, j'ai été blessée à la tête et je saignais abondamment, raconte-t-elle. Les personnes qui m'entouraient ont cru que j'allais mourir, mon frère m'a transporté lui-même à l'hôpital. Il s'est avéré que la blessure n'était pas très profonde. » Mais la blessure psychologique, elle, l'est. « Au nom de quelle religion ou de quelle nation tue-t-on ainsi des innocents ? » s'écrie-t-elle.


Comme beaucoup de résidents, Fatmé craignait des attentats contre le centre iranien tout proche. « Mais les mesures de sécurité étaient tellement strictes qu'on se disait qu'une brèche serait impossible, nous avions tort », dit-elle. Une autre victime avait un mauvais pressentiment, Dounia Awad, 15 ans. « J'étais sûre qu'on n'y réchapperait pas », souligne cette élève d'une école toute proche, dont plusieurs camarades ont été eux aussi blessés par des éclats de verre. Dounia, elle, a été blessée à l'épaule. « L'explosion était tellement puissante que je me suis évanouie sous le choc, j'ai repris conscience à l'hôpital », dit-elle.

 

(Lire aussi : Le Futur exhorte le Hezb à quitter la Syrie « pour ôter tout pretexte aux terrorisme »)

 

Le ministre Machnouk hué...
Comme d'habitude, les personnalités politiques et judiciaires ont été nombreuses à se rendre sur la scène du crime, dont le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, qui a ordonné l'ouverture d'une enquête. Le nouveau ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, a été sur place en compagnie du ministre des Finances, Ali Hassan Khalil (qui fait partie du bloc Amal) et hajj Wafic Safa, grand cadre du Hezbollah. Malgré la présence de représentants des deux grands partis chiites, M. Machnouk, qui a visité les lieux sous haute protection, a écopé des insultes de certains jeunes de la région à l'esprit échauffé. Le ministre a néanmoins assuré que le gouvernement allait prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger le pays contre ces attaques terroristes, notamment en surveillant les va-et-vient à la frontière, « afin de fermer les couloirs de la mort ». Il a également fait référence « à l'implication d'une partie politique (le Hezbollah sans le nommer) dans les combats en Syrie » et « la nécessité de confier la sécurité du pays à l'armée et aux forces de l'ordre ».


Le nouveau ministre de la Santé, Waël Abou Faour, a estimé que cet acte terroriste devait pousser les différentes parties politiques à faciliter la rédaction de la déclaration ministérielle du gouvernement de Tammam Salam formé samedi, afin de colmater au plus vite les brèches sécuritaires.

 

 

À Bir Hassan hier, à quelques mètres seulement du rond-point dit de l'ambassade du Koweït, la même scène apocalyptique de destruction et de désolation qui suit les grandes explosions. La zone commerçante est totalement dévastée sur plus de 200 mètres, un périmètre de destruction impressionnant dû au double attentat. Des débris de voitures et de verre sont visibles bien au-delà de...

commentaires (6)

C'est en 2014 ! la célébration du schisme de Karbala ...le TNT en plus ...

M.V.

15 h 34, le 20 février 2014

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Commentaires (6)

  • C'est en 2014 ! la célébration du schisme de Karbala ...le TNT en plus ...

    M.V.

    15 h 34, le 20 février 2014

  • "Pauvres" chïïtes, pris entre ce marteau Djihadiste sunnitique, et l'enclume takfiriste fakkihiste hézbbollâhie !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 43, le 20 février 2014

  • Un apercu de ce que les salafowahabites envoyes de la bensaoudie laissent derriere eux. Les resistances reconstruiront , eux .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 17, le 20 février 2014

  • Le Liban dans la tourmente, syrianisé et irakisé ! Il n'y a plus de doute là-dessus.

    Halim Abou Chacra

    05 h 33, le 20 février 2014

  • LA GUERRE HIZBO-QAËDA BAT SON PLEIN...

    LA LIBRE EXPRESSION

    01 h 37, le 20 février 2014

  • On dirait le côté Est, au moment des attentats qui l'avaient bien avant visé !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    01 h 31, le 20 février 2014

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