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Liban - L’éclairage

Un paradoxe : la frontière syrienne, ligne de ravitaillement du terrorisme mais aussi du Hezbollah

Difficile de ne pas établir un lien entre le discours télévisé, dimanche, du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et du double attentat-suicide d'hier.


En assurant que son parti continuera de se battre en Syrie, « pour contrer la menace terroriste et la montée du jihadisme militant au Liban », sayyed Nasrallah a provoqué une prompte réaction des groupuscules intégristes sunnites, actifs en Syrie et au Liban, qui ont répondu par ce qu'ils savent faire le mieux : envoyer deux voitures bourrées d'explosifs et conduites par deux kamikazes à l'un des quartiers généraux du parrain iranien du parti de Dieu. Bilan : 6 morts et plus d'une centaine de blessés.


Non seulement l'opération terroriste d'hier a mis en évidence la quasi-impossibilité pour les forces de l'ordre de démanteler le réseau terroriste jihadiste qui semble ancré au Liban – en dépit des remarquables coups de filet opérés par l'armée dans ces milieux – mais elle représente un véritable défi pour le gouvernement Salam qui a placé le rétablissement de la sécurité en tête de ses priorités.

 

Le groupuscule intégriste, les Brigades Abdallah Azzam, qui a revendiqué le double attentat d'hier et d'autres qui l'ont précédé dans des secteurs sous contrôle du Hezbollah, a sans ambages affirmé qu'il n'aura de cesse jusqu'à ce que « les combattants du parti d'Iran se retirent de Syrie et que ses partisans détenus dans les prisons libanaises soient relâchés ».
Du coup, la question est de savoir comment le gouvernement envisage de gérer ce dossier et s'il a l'intention, et surtout, la possibilité de recourir à des solutions radicales. En d'autres termes, va-t-il et peut-il demander au Hezbollah de retirer ses combattants en Syrie, d'autant que la participation de cette formation à la guerre dans ce pays compte un grand nombre d'opposants au sein de la classe politique et même parmi les composantes du 8 Mars auquel le Hezbollah appartient. Va-t-il et pourra-t-il imposer un contrôle rigoureux des frontières pour fermer de la sorte les points de passage que les terroristes empruntent pour venir au Liban ou pour envoyer des voitures volées à piéger en Syrie ?


Le défi est de taille et il va sans dire que ce n'est pas en élaborant une déclaration ministérielle au ton modéré, censée ne déranger aucune des composantes du cabinet, que le gouvernement donnera aux Libanais et à la communauté internationale des signes forts sur sa volonté de s'attaquer aux problèmes d'insécurité. Sur les lieux de l'attentat, le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a soulevé le problème des frontières-passoires et la nécessité de « fermer les passages de la mort », mais il a aussi indiqué à la presse, avant l'ouverture de la réunion de la commission chargée d'élaborer la déclaration ministérielle, que les sujets conflictuels ne seront pas abordés.


Le contrôle rigoureux des frontières est pourtant l'une des principales revendications du 14 Mars pour qui l'équation est claire : il est vrai que les explosions terroristes n'ont pas commencé avec l'entrée du Hezbollah en Syrie, mais cette présence militaire active dans le pays voisin est devenue un prétexte pour frapper la stabilité au Liban. Aussi, est-il nécessaire de supprimer ce prétexte et qu'on soit tous solidaires face au terrorisme. Selon le député Marwan Hamadé, la résistance qui a combattu Israël « est tombée à partir du moment où elle s'est tournée vers le peuple syrien qu'elle combat ». Il ne s'agit plus, selon lui, d'une résistance nationale, mais d'une résistance islamique qui fonctionne sur base d'un agenda régional, sous les ordres de l'Iran.


Bien qu'il appelle lui aussi au contrôle des frontières, pour freiner le flux de terroristes et de voitures piégées vers le Liban, il reste que le Hezbollah n'acceptera pas une telle mesure si jamais elle est prise par le gouvernement. Et pour cause : il n'est pas question, pour lui, d'accepter qu'on lui coupe ses lignes de ravitaillement militaire. La frontière libano-syrienne est, en définitive, un pont qui le relie à l'Iran.

 

 

Difficile de ne pas établir un lien entre le discours télévisé, dimanche, du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et du double attentat-suicide d'hier.
En assurant que son parti continuera de se battre en Syrie, « pour contrer la menace terroriste et la montée du jihadisme militant au Liban », sayyed Nasrallah a provoqué une prompte réaction des groupuscules...

commentaires (5)

Le ravitaillement du hezb resistant est fait pour contrer Israel , faut pas oublier ...c'est pas le memes objectifs .

FRIK-A-FRAK

15 h 24, le 20 février 2014

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Commentaires (5)

  • Le ravitaillement du hezb resistant est fait pour contrer Israel , faut pas oublier ...c'est pas le memes objectifs .

    FRIK-A-FRAK

    15 h 24, le 20 février 2014

  • Il est souvent en manque et dans le besoin.... de toujours se "ravitailler", ce hézébbb !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 20, le 20 février 2014

  • POINT DE PARADOXE. ON ALIMENTE LA MÊME CHOSE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 09, le 20 février 2014

  • "Il n'est pas question pour ce hézébbb d'accepter qu'on lui coupe ses lignes de ravitaillement via la sœur-syrie ! Cette frontière est, en définitive, un pont qui le relie à l'Iran." ! Oui, mais bon, cela coulait de source !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 02, le 20 février 2014

  • Pourquoi ce "mais aussi" qui semble établir une différence entre les divers terrorismes? En tous cas, ceci explique que l'on maintienne cette frontière en l'état de passoire.

    Yves Prevost

    06 h 39, le 20 février 2014

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