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Le Liban en 2013 - Rétro 2013

Lenteur et indécence

C'est sans doute l'un des exercices les plus complexes à exécuter. Non pas (seulement) parce qu'il  faut résumer les 365 jours de l'année qui vient de s'achever en quelques lignes, mais c'est que, dans un pays où les jours passent et se ressemblent, faire le point sur les mêmes thèmes sans redondance est effectivement chose ardue.

 

2013 n'a pas été différente de 2012. Pour ce qui est des « grands » dossiers socio-économiques en tout cas. Force est de constater que les indicateurs principaux sont toujours dans le rouge, la croissance tutoie les pâquerettes (0 % selon la banque britannique HSBC après des taux de 9,28, 8,5, 7,5, 1,5 et 0,6 % pour les années 2008, 2009, 2010, 2011 et 2012), le courant électrique est de plus en plus capricieux, les exportations se font porter pâles, les commerçants ne cachent plus leur désespoir, les restaurateurs et hôteliers se tournent les pouces en attendant des jours meilleurs ou la formation d'un gouvernement. Il paraît que les deux variables sont intimement liées. Le statu quo est effarant et le discours brandi par les organismes économiques n'émeut personne, et surtout pas des citoyens en mal de tout.

 

Déjà que l'année 2011 pliait sous le poids d'un vide institutionnel et subissait les affres de la crise en Syrie, 2012 avait, elle, sonné le glas du tourisme made in Lebanon, désormais si peu prisé. 2013, c'est ce grand corps malade, encore animé par les soubresauts d'un secteur bancaire qui se veut solide. Si tel est le cas encore aujourd'hui, les risques des défauts de paiement sont de plus en plus accrus.

 

Le dossier sur la hausse des salaires des fonctionnaires attend toujours une approbation du Parlement, le dossier gazier, pourtant opportunité inespérée pour redynamiser l'économie, bute contre la légitimité (ou pas) du gouvernement d'expédition des affaires courantes. En attendant l'approbation des deux décrets en Conseil des ministres, il ne faudra pas blâmer les compagnies pétrolières internationales de se lasser, elles, d'être dans l'attente. C'est à se demander sérieusement sur quoi planchent les membres de la commission pétrolière, élus depuis plus d'un an et dont le salaire mensuel s'élève à 17 000 dollars. L'absence de rôle effectif et le chiffre se passent de tout commentaire...

 

Le courant électrique est, comment dire, la honte de la nation. Alors que les transferts à EDL totalisent 1 milliard de dollars pas an, le dossier de l'électricité demeure un bourbier sans nom. Le plan de sauvetage annoncé en 2010 par le ministre Bassil promettait 4 000 mégawatts de courant électrique à l'horizon 2014. On y est. Les navires producteurs de courant aussi. Le rationnement, lui, est plus ancré que jamais. Résultat des courses, le courant électrique flirte avec les 1 700 mégawatts. C'est dire si on est loin du compte.

 

Le ministère des Télécoms nous annonce la 4G. On aurait évidemment fait l'effort d'y croire, sauf que déjà la 3G n'a jamais dépassé le stade de « boiteux »...

 

Le manque d'infrastructures solides en mesure d'attirer les investisseurs téméraires est flanqué d'un zéro pointé pour le Liban pour son incapacité à faire approuver pour la 7e année consécutive un projet de budget. La transparence des finances publiques n'est décidément pas notre cheval de bataille.

 

Pour couronner le tout, le flux des réfugiés syriens pèse de plus en plus lourd sur les services sanitaires, éducatifs et urbains.

 

Par contre, la production de cannabis a explosé depuis quelques mois au Liban. Depuis le début du conflit en Syrie, la production a presque doublé, pour le plus grand bonheur des producteurs. Dommage que cette industrie qui génère des centaines de millions de dollars ne soit pas comptabilisée dans le PIB national.

 

Ce qu'il faudrait mettre en place, c'est des indicateurs qui prennent en compte l'économie souterraine et le travail au noir. Les chiffres, les politiques et les citoyens en seraient retournés.

C'est sans doute l'un des exercices les plus complexes à exécuter. Non pas (seulement) parce qu'il  faut résumer les 365 jours de l'année qui vient de s'achever en quelques lignes, mais c'est que, dans un pays où les jours passent et se ressemblent, faire le point sur les mêmes thèmes sans redondance est effectivement chose ardue.
 
2013 n'a pas été différente de 2012. Pour ce qui...

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