Rechercher
Rechercher

Le Liban en 2013 - Rétro 2013

Droits de l'homme en chute libre

En chute libre ! Voilà, en quelques mots, le bilan des droits de l'homme au Liban, pour l'année 2013. Car c'est de plein fouet que le pays du Cèdre subit les contrecoups de la crise syrienne, après avoir lamentablement échoué à faire preuve de neutralité vis-à-vis de la guerre fratricide qui mine son voisin. Paralysé, sans gouvernement depuis mars 2013, doté d'un Parlement inactif, submergé par les réfugiés syriens qui représentent désormais plus du quart de la population libanaise, le pays traverse une des crises politiques et communautaires les plus graves de son histoire.

 

Insécurité généralisée, attentats, enlèvements, assassinats politiques, règlements de comptes sont aujourd'hui légion, à l'heure où règne l'impunité la plus totale. Dans ce contexte, parler de réformes, de lutte anticorruption, de droits humains est illusoire, les politiciens étant bien trop occupés à défendre leurs intérêts communautaires pour se pencher sur les revendications populaires.

 

C'est au niveau des réfugiés syriens qu'est constatée la plus grave violation des droits de l'homme. Sans ressources, logés dans des conditions d'extrême précarité, mal protégés du froid et des intempéries, ils doivent désormais s'accommoder de la baisse des aides allouées par les Nations unies et le peu de moyens d'une administration libanaise dépassée par le problème. Résultat, sur 400 000 enfants en âge d'aller à l'école, au moins 300 000 petits Syriens sont toujours déscolarisés, selon l'Unicef, et ne reçoivent aucune forme d'éducation, formelle ou informelle. Nombre d'entre eux en sont réduits à la mendicité ou viennent grossir les rangs de l'enfance exploitée au travail. D'autres, notamment des adolescentes, sont mariées avant l'âge. Une façon pour leurs parents d'avoir des bouches en moins à nourrir. Sans parler de la discrimination envers ces réfugiés dans certaines localités qui leur imposent un couvre-feu, la nuit.

 

La régression est tout aussi importante sur le plan de la liberté de la presse ou de la liberté d'expression. Illustrée par la condamnation à deux semaines de prison ferme du journaliste libano-palestinien Rami Aysha, pour avoir enquêté sur un trafic d'armes. C'est dire la politisation de la justice.

 

Relégués aux oubliettes également, les dossiers chauds, même les plus légitimes. Les conditions de détention des prisonniers devront attendre des jours meilleurs, de même que le dossier sur le statut personnel ou celui des apatrides, sans oublier la loi sur les anciens loyers. Que dire du droit des handicapés au travail qui attend toujours d'être respecté ou de la loi antitabac devenue la risée des fumeurs ? Même constatation consternante au niveau du droit des femmes à transmettre leur nationalité, de celui des employées de maison migrantes, des luttes syndicales pour l'obtention d'une juste grille des salaires pour les enseignants ou de l'abolition de la peine de mort, alors que 54 détenus attendent leur exécution. Quelques dossiers parmi tant d'autres, dont certains ne suscitent même plus de débats.

 

Quelques timides avancées

De timides avancées concrètes sur les plans des libertés individuelles et du droit des femmes méritent toutefois d'être mentionnées, obtenues à l'arraché par une société civile active et déterminée. C'est en 2013 qu'a été reconnu par le ministère de l'Intérieur le premier mariage civil célébré au Liban. Mais celui-ci n'a pas été institutionnalisé pour autant, car, pour se marier civilement au pays du Cèdre, il faut toujours barrer la mention de sa religion sur les registres d'état civil.

 

C'est aussi en 2013 que le projet de loi protégeant les femmes de la violence conjugale a été approuvé en commission parlementaire. Il attend toutefois d'être voté au Parlement, sans oublier qu'il a été taillé sur mesure pour satisfaire les communautés musulmanes et ne reconnaît donc pas le viol conjugal comme un crime. Devançant la décision parlementaire, la société civile poursuit sa lutte. La juge Arlette Tabet a prononcé un jugement historique en défaveur d'un homme qui avait renvoyé son épouse du domicile conjugal.

 

Dernière avancée en date pour les droits de la femme, la décision de la Sûreté générale d'exiger la signature de la mère au côté de celle du père sur la demande de passeport et sur l'autorisation de voyage de tout enfant mineur de moins de 18 ans. Cette mesure qui verra son application dès le 2 janvier 2014 ne consacre pas l'égalité des droits pour la femme, mais au moins consacre-t-elle son droit de veto pour cette seule formalité.

 

Est-ce un signe annonciateur d'une meilleure année pour les droits de l'homme au Liban ?

En chute libre ! Voilà, en quelques mots, le bilan des droits de l'homme au Liban, pour l'année 2013. Car c'est de plein fouet que le pays du Cèdre subit les contrecoups de la crise syrienne, après avoir lamentablement échoué à faire preuve de neutralité vis-à-vis de la guerre fratricide qui mine son voisin. Paralysé, sans gouvernement depuis mars 2013, doté d'un Parlement inactif,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut