Le Conseil des ministres prévu au Grand sérail ce mardi à 15h30 ne devrait pas être perturbé par la contestation des militaires à la retraite, qui revendiquent une hausse de leurs pensions de retraite, réduites à leur plus simple expression depuis la crise économico-financière et la dévaluation de la livre libanaise. Au lieu de cela, explique le général à la retraite Sami Rammah à L’Orient-Le Jour, une réunion est prévue aujourd’hui mardi entre leurs représentants et des experts financiers de l’armée en vue d’harmoniser les revendications de tous les militaires. L’objectif est de confier ces demandes au commandant en chef de l’armée Joseph Aoun, qui devrait à son tour les présenter au Premier ministre sortant Nagib Mikati.
Alors que la révision de leurs pensions de retraite tarde à être mise en œuvre par le gouvernement, les militaires retraités ont repris leur mouvement de contestation le 10 septembre dernier au centre-ville, empêchant la tenue d’un Conseil des ministres ce jour-là, pour protester contre le fait que leurs revendications ne devaient pas y être discutées. Ils ont réussi dans un premier temps à pousser le Premier ministre à le reporter.
Le lendemain, M. Mikati a tenu un Conseil qui n’avait pas été annoncé antérieurement, pour éviter que le même scénario se reproduise. Il avait publié entre temps un communiqué dans lequel il avait expliqué qu’un plan complet de réajustement des salaires du secteur public était soumis au Conseil d’Etat en prévision de son adoption en Conseil des ministres, ajoutant qu’il prévoyait des indemnités provisoires pour les militaires retraités.
Mais selon le général Rammah, la confiance est rompue avec le Premier ministre sortant. « Pour discuter de nos revendications, M. Mikati n’a rien trouvé de mieux que de convoquer le président de la Ligue des militaires à la retraite, le général Nicolas Mezher. Or cette ligue ne nous représente plus depuis longtemps, étant donné qu’elle a la fâcheuse habitude d’accepter tout ce que lui proposent les Premiers ministres successifs. Nous considérons qu’elle ne parle donc pas en notre nom ni ne défend nos intérêts. »
Les « indemnités » provisoires promises par M. Mikati aux militaires retraités comprennent, selon le général Rammah, deux paiements de deux salaires chacun, l’un de manière imminente et l’autre au Nouvel An. « Or nos salaires sont réduits à néant et ces indemnités ne sont pas acceptables, surtout quand nous savons que les salaires des fonctionnaires du ministère des Finances et certains fonctionnaires proches du Premier ministre ont été grassement augmentés, et que le gouvernement s’en acquitte en utilisant des prêts contractés par l’Etat », poursuit-il.
Pas de sit-in mardi
Pour sortir de l’impasse, l’affaire a donc pris un autre cours, avec l’entrée en jeu du général Joseph Aoun. Le 13 septembre, celui-ci a reçu une délégation des militaires à la retraite, et la réunion a porté sur « la situation des militaires à la retraite et la coordination avec le gouvernement pour trouver des solutions appropriées à leurs demandes », selon le communiqué officiel.
« Il y avait au cours de cette réunion des représentants de notre groupe, ceux de la Ligue, et des officiers spécialisés en finances », explique Sami Rammah. Selon lui, « une nouvelle réunion doit se tenir aujourd’hui avec ces officiers spécialisés, afin d’harmoniser toutes nos revendications et d’en dégager des demandes unifiées que le commandant en chef de l’armée présentera au Premier ministre, en vue d’un examen en Conseil des ministres ». Il rappelle que les militaires à la retraite ne limitent pas les revendications à leur cas précis, mais à tous les militaires, même ceux encore en service, ainsi qu’aux fonctionnaires de manière générale.
Nous avons tenté d’entrer en contact avec une source du Grand Sérail, sans succès jusqu'à présent, pour vérifier toutes ces informations et savoir si l’affaire sera soulevée aujourd’hui en Conseil des ministres. Toutefois, le général Rammah affirme que « logiquement, cette question ne sera pas examinée aujourd’hui (mardi) puisque les revendications unifiées n’ont pas encore été communiquées au Premier ministre sortant ». Il confirme également « qu’il n’y aura pas de sit-in des militaires retraités cet après-midi ».
« Toutefois, si nos revendications, communiquées à M. Mikati par le général Aoun, ne sont pas adoptées prochainement, nous reprendrons notre contestation dans la rue », assure-t-il.
Les militaires à la retraite ne sont pas les seuls à exprimer leur mécontentement. Le Regroupement des employés de la fonction publique au Liban hausse le ton depuis vendredi contre le gouvernement, dans la foulée d'un mouvement de revendications lancé avec le début de l'étude de l'avant-projet de budget 2025.