« Bienvenue à Rmeich », dit le panneau... Oui, mais pas aux miliciens armés... Photo d’archives L’OLJ
Le calme semble être revenu dans les rues de Rmeich mercredi, à en croire les témoignages des habitants recueillis par L’OLJ, mais les craintes provoquées par les incidents de la veille ne sont pas dissipées, alors que la guerre se poursuit à la frontière. Mardi matin en effet, Rmeich, l’un de la demi-douzaine de villages chrétiens frontaliers d’Israël, retenait son souffle quand, vers 9h, des habitants ont confronté un groupe d’hommes qui, selon des sources locales, étaient des miliciens armés du Hezbollah tentant d’y installer une rampe de lancement de missiles.
En guerre contre l’armée israélienne depuis le 8 octobre 2023, dans le sillage de la guerre à Gaza, le parti chiite a nié, dans un communiqué mercredi matin, avoir un lien quelconque avec cette affaire. Suite à la bagarre, le groupe armé se serait alors déplacé vers un bois de pins à proximité pour y lancer ses missiles.
L’incident a provoqué un vif émoi dans le village dont les quelque 7 000 à 8 000 résidents ont choisi de rester sur place malgré les affrontements armés dans la région. Et l’inquiétude s’étend à d’autres localités chrétiennes du Liban-Sud : « L’incident est clos en raison d’une intervention de l’armée et des services de renseignements, espérons qu’il ne va pas se répéter », souligne Imad Lallous, président de la municipalité de la bourgade voisine de Aïn Ebel.
Son homologue de Rmeich, Milad Alam, qui avait tenu des propos assez virulents mardi, s’est montré plus prudent le lendemain. Interrogé par L’OLJ sur le démenti du Hezbollah, il affirme « ne pas être en mesure de donner des informations précises, qui doivent être obtenues auprès des autorités ». « D’ailleurs, il n’est pas de notre prérogative de demander aux passants de décliner leur identité », ajoute-t-il.
Est-ce qu’il craint que de tels incidents se répètent ? « La guerre dure depuis six mois, et nous nous attendons toujours au pire », dit-il. Avant d’ajouter : « Nous demandons surtout que les civils soient épargnés. Il y a 7 000 habitants à Rmeich, la moindre erreur serait très coûteuse. » Interrogé sur l’état d’esprit de la population, l’édile répond de manière lapidaire : « Tout va bien, la vie se poursuit normalement. »
Même ton prudent chez le père Antoine Élias, curé de la paroisse du village. « De tels incidents ne sont pas fréquents, c’est peut-être la seconde fois que nous en sommes témoins depuis le début de cette guerre. » Pour lui, « les groupes armés sont nombreux à opérer du Sud, on ne peut savoir exactement de qui il s’agit ».
« Nous avons dû nous déplacer vers un endroit plus sûr »
Des habitants interrogés pensent qu’il s’agit bien du Hezbollah, ou alors d’un groupe qui opère sous sa supervision. « Si ce n’est pas le Hezbollah, il devrait du moins être en mesure de nous dire de qui il s’agit », souligne Jean Alam, originaire de la localité.
Mira*, commerçante à Rmeich, fait état d’une vive inquiétude qui a suivi l’incident. « Ma maison est proche du bois des pins vers lequel ils se sont dirigés pour lancer leurs missiles après s’être éloignés du centre du village. La nuit dernière, nous n’avons pas dormi à la maison, nous sommes descendus au village pour y passer la nuit, parce que c’était plus sûr. »
Simone*, une habitante qui est rentrée à Rmeich pour les fêtes mais qui habite Beyrouth depuis le début de la guerre, ne cache pas ses craintes. « Ils ont été lancer leurs missiles depuis la petite pinède, mais celle-ci jouxte quand même le village et, en cas de riposte, nous ne serions pas épargnés », lance-t-elle. « Ce sont nos voisins après tout, ils n’auraient pas dû nous exposer au danger », relève Mira.
Pour sa part, Charbel Hajj, un autre habitant de la localité, fait remarquer que c’est la troisième fois qu’une telle tentative est opérée au sein du village. Ce qui l’étonne cependant, cette fois, c’est l’ampleur médiatique qu’elle a prise. « Fallait-il faire autant de tapage et mettre le village en danger ? Les deux fois précédentes, il avait suffi de leur expliquer d’aller plus loin, et l’incident s’était arrêté là. » Selon lui, la réaction du village a eu l’avantage de montrer aux groupes armés qu’il n’a pas l’intention de se laisser faire. Mais le côté sombre, poursuit-il, c’est que s’opposer au diktat des armes peut attirer des représailles, comme des missiles qui tomberaient « par erreur » sur la localité par exemple.
Pour Jean Alam, ce branle-bas de combat a, au contraire, fait parvenir le son de cloche qui prévaut au village, c’est-à-dire la volonté de vivre en paix et sous la protection des forces légales. « Personne n’accepte que des missiles soient tirés de l’intérieur de sa localité, ni dans les villages chrétiens ni même chiites », s’insurge Imad Lallous.
Pour Milad Alam, comme pour beaucoup de personnes interrogées, la solution passe par le déploiement « des forces légales » et la protection de l’armée. « Cela a toujours été notre revendication, il n’y a rien de nouveau. »
commentaires (4)
Voilà comment résister à cette pseudo résistance. Le peuple libanais devrait en prendre de la graine en se rassemblant pour stopper la destruction de notre pays par une milice iranienne qui en a pris possession pour défendre des causes qui nous sont étrangères. Le peuple devrait exiger le déploiement de l’armée dans les régions sensibles et empêcher ainsi que HN ne les prenne pour des cibles humaines pour se cacher derrière eux, tout en prétextant les défendre. Y en a marre de la mollesse de cette armée qui continue d’obéir au lieu de se rebeller pour accomplir son devoir qui est de protéger
Sissi zayyat
11 h 03, le 28 mars 2024