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Politique - Diplomatie

Mikati au sommet de Riyad : le Hezbollah satisfait, l'opposition beaucoup moins

« Ce que Nagib Mikati dit et fait concernant le front au Sud est excellent », estime le porte-parole du parti chiite.

Mikati au sommet de Riyad : le Hezbollah satisfait, l'opposition beaucoup moins

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati discutant avec le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane, samedi 11 novembre à Riyad. Photo envoyée par le bureau de presse du Sérail

Encore un « bon point » pour Nagib Mikati. À la tête de la délégation officielle libanaise au sommet arabe et islamique « urgent » tenu à samedi à Riyad et consacré à la guerre qui fait rage à Gaza, le Premier ministre sortant est parvenu à ménager la chèvre et le chou. Pour calmer les appréhensions de la communauté internationale qui ne veut pas voir le conflit s’élargir au Liban, il a réitéré le respect de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité. Dans le même temps, il a, une nouvelle fois, tenté de justifier, voire légitimer, l’implication du Hezbollah dans la guerre à partir du Sud par « les provocations » israéliennes. Dimanche, il est même allé jusqu’à louer « la sagesse » du parti chiite à ce niveau. Un clin d’œil significatif de la part de celui qui avait reconnu, dès les premiers jours du Déluge d’al-Aqsa, que « la décision de paix et de guerre n’est pas entre les mains du gouvernement libanais » à son principal parrain qu’il n’a aucun intérêt à contrarier, surtout en période de vacance présidentielle.  

« Ce que M. Mikati dit et fait concernant le front au Liban-Sud est excellent », commente pour L’Orient-Le Jour Mohammad Afif Naboulsi, le porte-parole du Hezbollah. Il réagissait à l’allocution bien dosée que le chef du gouvernement sortant a prononcée à Riyad. « Les événements enregistrés aujourd’hui au Liban-Sud sont les résultats des agressions israéliennes et des violations continues de notre souveraineté nationale ainsi que de la résolution 1701 », a déclaré Nagib Mikati devant les chefs d’État et de gouvernement arabes et islamiques (dont le président syrien Bachar el-Assad et son homologue iranien Ebrahim Raïssi). «Notre choix, au Liban est et restera la paix », a-t-il affirmé, réitérant l’engagement du pays au respect de la résolution onusienne qui a mis fin à la guerre entre le Hezbollah et l’État hébreu en 2006. « Mais nous sommes un peuple qui n’accepte pas les agressions contre sa souveraineté et son territoire », a souligné le Premier ministre sortant. Au même moment , le secrétaire général du parti chiite Hassan Nasrallah tenait un discours dans lequel il établissait un lien entre toute escalade au Liban et les développements sur le terrain à Gaza. « Si j’étais à la place du Premier ministre, j’aurais dit la même chose », commente le ministre sortant de la Culture Mohammad Mortada, gravitant dans l’orbite du tandem chiite. « Nous ne pouvons pas espérer mieux que cela », renchérit Mohammad Afif Naboulsi, sans toutefois cacher une certaine déception par rapport au communiqué final du sommet de Riyad. D’autant plus que le texte fait assumer à l’État hébreu la responsabilité « des crimes et massacres inhumains commis à Gaza », sans pour autant mentionner une éventuelle suspension ou rupture des liens économiques et politiques fraîchement rétablis entre Israël et certains pays arabes. « Personne ne s’attendait à ce que les Arabes prennent des décisions qu’ils ne pourront pas concrétiser. Mais il fallait au moins qu’ils menacent de suspendre la normalisation », estime M. Naboulsi. Un point sur lequel il est rejoint par l’ex-chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt. « Ils auraient pu au moins dire cela. Ils ne l’ont pas fait », déplore-t-il, contacté par notre journal. Sur son compte X, le leader druze est allé jusqu’à appeler à la « dissolution de la Ligue arabe ».

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De son côté, la diplomatie libanaise semble satisfaite. Car si les Arabes n’ont pas joué la carte de la normalisation pour hausser le ton face à Israël, ils ont clairement condamné l’occupation des fermes de Chebaa et des hauteurs de Kfarchouba. « C’est un point que le Liban a demandé d’inclure au texte final », se félicite une source au sein du ministère des Affaires étrangères.

« La sagesse du Hezbollah »
C’est surtout dimanche que le Premier ministre sortant a créé la surprise. Dans une interview accordée à la chaîne qatarie al-Jazeera, il est allé jusqu’à déclarer : « Le Hezbollah fait preuve de beaucoup de patriotisme. Et je suis rassuré quant à sa sagesse. » Et M. Mikati de poursuivre : « Nous gardons notre retenue. Israël doit cesser ses provocations continues au Liban-Sud. J’appelle les pays arabes et surtout ceux qui ont des relations avec Israël à faire pression pour arrêter ces provocations. » « Là aussi, on ne peut pas s’attendre à mieux que cela. Nous le remercions », commente le porte-parole du Hezbollah.

Le milliardaire tripolitain s’est toutefois attiré les foudres du camp de l’opposition. D’autant plus que les anti-Hezbollah n’ont toujours pas pardonné au Premier ministre sortant son aveu d’impuissance quant à la décision de paix et de guerre. « Il est insensé de parier sur la sagesse du Hezbollah », estime Adib Abdel Massih, député opposant relevant du bloc du Renouveau de Michel Moawad. « Les propos du Premier ministre sortant sont inacceptables. Le camp de la moumana’a n’a pas le droit de mener le Liban dans une guerre. Et le Hezbollah n’a pas le droit de porter des armes et menacer la stabilité de tout un pays », abonde le porte-parole des Forces libanaises Charles Jabbour.

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Notons qu’avant de rentrer à Beyrouth (pour une réunion urgente avec plusieurs députés de l’opposition portant sur le sort du commandement en chef de l’armée deux mois avant le départ à la retraite de son chef Joseph Aoun), Nagib Mikati s’est entretenu avec plusieurs participants au sommet arabo-islamique, notamment avec le président iranien. Selon des propos rapportés par les médias locaux, Ebrahim Raïssi a affirmé à son interlocuteur que « la résistance » libanaise « ne reçoit pas d’ordres de la part de l’Iran ». S’agit-il d’une façon de garder le Liban à l’abri de la guerre en cours depuis le 7 octobre ? Interrogé par L’OLJ, le ministre sortant de l’Agriculture Abbas Hajj Hassan (Amal) ne répond pas directement à la question. « Il faudrait la poser au président iranien », dit-il, se contentant de faire valoir que « ces propos mettent en relief l’harmonie entre Téhéran et le Hezbollah qui n’attend aucun feu vert de la part de qui que ce soit ».

Encore un « bon point » pour Nagib Mikati. À la tête de la délégation officielle libanaise au sommet arabe et islamique « urgent » tenu à samedi à Riyad et consacré à la guerre qui fait rage à Gaza, le Premier ministre sortant est parvenu à ménager la chèvre et le chou. Pour calmer les appréhensions de la communauté internationale qui ne veut pas voir le conflit s’élargir...

commentaires (8)

Mikou est l'homme du Hezb a la tete du pretendu "gouvernement". Quand il est recu a la ligue Arabe, c'est pour defendre les theses du Hezb. Personne n'est dupe de son pretendu sens national. Il ne connait que l'interet de sa poche....

Michel Trad

21 h 23, le 13 novembre 2023

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Commentaires (8)

  • Mikou est l'homme du Hezb a la tete du pretendu "gouvernement". Quand il est recu a la ligue Arabe, c'est pour defendre les theses du Hezb. Personne n'est dupe de son pretendu sens national. Il ne connait que l'interet de sa poche....

    Michel Trad

    21 h 23, le 13 novembre 2023

  • Mikati se fiche du monde et surtout des libanais, et OLJ relaye ses idioties en grande manchette !!!

    GM92190

    14 h 54, le 13 novembre 2023

  • xQuelle blague! La 1701 stipule qu'il ne devrait pas y avoir de présence armée au sud du Litani, à l'exception de l'armée libanaise et de la FINUL. Alors qu'en réalité, non seulement les combattants du Hezbollah, mais également ceux du Hamas et du Jihad Islamique pullulent dans cette région! De toute façon, Mikati a admis lui-même, dans une interview avec la NTV, que la décision de la guerre et de la paix au Liban ne dépendait nullement du gouvernement libanais...إن قيادتنا وإدارتنا وولاية أمرنا وقرار" حربنا وقرار سلمنا وكذا هي بيد الولي الفقيه." Sayyed Hassan dixit...

    Georges MELKI

    10 h 21, le 13 novembre 2023

  • C'est fou ce que le moyen Orient compte de milliardaires, y compris au Liban, moi qui croyais que la religion musulmane incitait au partage, à la solidarité...

    F. Oscar

    07 h 53, le 13 novembre 2023

  • Mikati "a réitéré le respect de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité ". Mais il n’a pas dit à partir de quand il commencerait à s’en préoccuper! Le comble, c’est que, non seulement, il sabstient de condamner les crimes contre le Liban et sa sécurité que constituent les provocations du Hezbollah envers Israël, mais il a même décerné à a milice iranienne un brevet de patriotisme! Il se dit – oubliant complètement le précédent de 2006 - "rassuré quant à sa sagesse"! Plus flagorneur, tu meurs!

    Yves Prevost

    06 h 23, le 13 novembre 2023

  • Est ce que vous êtes vraiment persuadés que c’est Mikati qui écrit ses discours ou bien si c’est lui qui décide de ce qu’il faut dire. Si oui, c’est grave ! Si non, osez l’exprimer

    Lecteur excédé par la censure

    06 h 17, le 13 novembre 2023

  • IL REPRÉSENTE LE HEZBOLLAH ET A DIT CE QU'IL ÉTAIT CHRGÉ DE DIRE.

    Gebran Eid

    00 h 35, le 13 novembre 2023

  • Tous ces morts innocents pour permettre à l’Iran de faire avorter le plan de paix entrepris par l’Arabie Saoudite pour la création d’un état palestinien sans effusion de sang. Voilà que HB fanfaronne et congratule son pion placé pour défendre ses exactions contre notre pays en parlant d’agression de la part d’Israel alors que HB ne cesse de répéter qu’il a créé un front aux sud liban pour porter secours à Hamas qui, appuyé et soutenu à tous les niveaux par l’Iran tout comme HB au Liban. Comment espérer une paix quelconque avec ces gens là?

    Sissi zayyat

    22 h 07, le 12 novembre 2023

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