« Une attaque contre le Liban est possible dans les prochaines 48 heures ! Évitez les lieux bondés ! Des ambassades et des ONG émettent plein de mises en garde. » Ce message vocal qui circule sur WhatsApp est un échantillon du vent de psychose qui souffle sur le pays du Cèdre. Plusieurs rumeurs ont en effet circulé au cours des deux derniers jours quant à un éventuel débordement sécuritaire au Liban, alors que la guerre entre Israël et le Hamas bat son plein depuis le 7 octobre. Un conflit qui risque de ne pas épargner le Liban, le Hezbollah et l’État hébreu étant engagés dans des échanges de tirs, jusqu’ici plus ou moins contenus, à la frontière sud. Face à la recrudescence des tensions, des compagnies aériennes ont déjà annulé leurs liaisons vers Beyrouth. Plusieurs ambassades ont également appelé leurs citoyens à éviter tout déplacement au Liban, voire à quitter le pays le plus tôt possible. Ces mesures, considérées comme routinières par certains, ont semé la panique, d’autant plus que des informations concernant une évacuation d’agences onusiennes, de groupes médiatiques, mais aussi de matériel de l’Aéroport international de Beyrouth (AIB) sont venues rajouter une couche. Mais faut-il vraiment s’inquiéter ? L’Orient-Le Jour a sondé l’avis des parties concernées afin de déceler le vrai du faux.
– L’Aéroport international de Beyrouth
Le directeur général de l’aviation civile, Fadi el-Hassan, dément les informations de presse selon lesquelles des documents et objets de valeur ont été évacués de l’AIB. « Nous n’adoptons pas de mesures prédictives en matière de sécurité. Nous disposons d’un plan d’urgence en cas de besoin », souligne-t-il. Interrogé au sujet d’un changement au niveau de l’activité de l’aviation depuis le début du conflit à Gaza, M. Hassan affirme que « les départs depuis le Liban ont dernièrement augmenté d’environ 10% ». Côté arrivées, plusieurs compagnies ont annoncé l’annulation temporaire de leurs liaisons vers Beyrouth. L’allemande Lufthansa a suspendu sa liaison avec Beyrouth jusqu’au 22 octobre inclus et l’helvète Swiss Airlines jusqu’au 28 octobre. La compagnie nationale Middle East Airlines a en outre annoncé lundi avoir « stationné temporairement cinq de ses 24 avions à l’aéroport d’Istanbul par précaution ».
– L’ambassade des États-Unis au Liban
Jake Nelson, porte-parole de l’ambassade des États-Unis au Liban, affirme que « le département d’État américain a autorisé, le 17 octobre, le départ volontaire des membres de la famille des employés et du personnel non urgent de l’ambassade ». Il assure toutefois que « cela n’impacte pas le travail de l’ambassade dont les portes restent ouvertes ». « Nous restons pleinement engagés à communiquer l’importance cruciale de ne pas impliquer le Liban dans ce conflit », précise-t-il.
Les États-Unis ont exhorté leurs ressortissants au Liban à « planifier leur départ dès que possible, tant que les options commerciales sont encore disponibles ». Ils ont aussi recommandé à ceux qui choisissent de rester « de préparer des plans de secours pour les situations d’urgence » et déconseillé à leurs citoyens de se rendre au Liban.
– L’ambassade de France au Liban
Une source au sein de l’ambassade de France au Liban précise que la mission diplomatique « continue de travailler régulièrement dans les mêmes conditions ». Jusqu’ici, l’ambassade a déconseillé aux Français de passage qui envisagent un séjour au Liban de se rendre dans le pays, sauf raison impérative.
– L’ambassadeur d’un autre pays européen, qui a requis l’anonymat pour des raisons professionnelles, confie à notre publication qu’il « ne dispose d’aucune information sur une éventuelle attaque contre Beyrouth dans les 48 heures à venir, ni sur une évacuation des ambassades ».
– L’Orient-Le Jour a appris également qu’une ambassade européenne au Liban a procédé au rapatriement de certains employés étrangers de cette chancellerie.
– L’ONU
« En réponse à de récentes informations de presse faisant état de l’évacuation du personnel des Nations unies du Liban vers la Jordanie et d’autres pays, l’ONU tient à préciser qu’aucune évacuation de membres du personnel ou de leurs familles n’a eu lieu », indique l’organisation. « Les opérations et les activités des Nations unies au Liban se poursuivent sans interruption », ajoute-t-elle, affichant « son soutien au Liban et à son peuple durant cette période difficile ».
Interrogé par L’Orient-Le Jour, un employé au sein d’une agence onusienne affirme que celle-ci « a évoqué plus de flexibilité dans les horaires ». « Il y a plusieurs niveaux d’alerte. Nous allons prochainement devoir travailler de chez nous et cela va évoluer en fonction des développements et des régions. Si la situation s’aggrave dans tout le pays, le personnel étranger sera certainement évacué. À présent, l’agence considère que c’est assez limité », souligne-t-il. Il indique également que des bureaux d’une agence onusienne à Tyr ont été évacués. Une information que deux porte-parole onusiens ont toutefois démentie.
– Une agence de média internationale basée à Beyrouth précise ne pas avoir changé de locaux à la suite du conflit.
– Un employé d’une holding internationale à Beyrouth note qu’« une partie du personnel a été évacué à Dubaï ». « Il s’agit d’une mesure préventive et temporaire pour éviter que le travail soit interrompu. Si la situation s’apaise dans les prochains jours, les employés reviendront au Liban », indique-t-il.
commentaires (5)
Moi je crois que les navires américains, trois en l’occurrence, ne sont pas là pour dissuader une organisation terroriste à passer à l’acte, deux ou trois marines avec quelques fantassins israéliens feront l’affaire mais c’est surtout pour le grand satan qui donne ses ordres depuis une autre région se croyant à l’abri d’une guerre ou des missiles qui pourraient le toucher avant même qu’il ait le temps de dire ouf.
Sissi zayyat
13 h 07, le 20 octobre 2023