Quelles que puissent être les conséquences de l’offensive-surprise lancée samedi par le Hamas contre Israël et son potentiel de violence et de destruction, un constat émerge : celui du retour sur le devant de la scène de la centralité de la cause palestinienne avec tout ce que cela suppose en terme de résurgence du sentiment nationaliste arabe même s’il ne concerne, de toute évidence, que la base populaire de la région.
Au Liban, la rue sunnite ne fait pas exception à cette vague d’euphorie soulevée dans la région et les appels de solidarité avec Gaza retentissent un peu partout, notamment dans les grandes villes sunnites de Tripoli et de Saïda. Tout d’un coup, et comme par enchantement, l’hostilité entre les sunnites et les chiites du Hezbollah – allié stratégique du Hamas – semble reléguée à l’arrière-plan, la priorité étant le soutien à une résistance aujourd’hui forgée aux mains des sunnites, même si le Hezb et l’Iran en sont les acteurs en coulisses. Pour les sunnites libanais, le combat du Hamas contre Israël a clairement pris le dessus sur la bataille politique menée, depuis des années, contre le parti de Dieu.
« La bataille de Gaza est d’abord menée par un bras sunnite et arabe et non iranien. Elle incarne par ailleurs une cause juste qui a marqué l’inconscient collectif des générations arabes depuis des décennies », commente Khaldoun Chérif, un analyste tripolitain.
Une cause inscrite dans l’ADN des peuples arabes et qui aujourd’hui a pu reprendre ses lettres de noblesse aux yeux d’une majorité d’entre eux, à l’occasion de l’attaque spectaculaire menée par le Hamas. Celle-ci n’a pas manqué, du moins lors des premiers jours de son lancement, de rappeler l’enthousiasme arabe qui avait prévalu au lendemain du retrait d’Israël du Liban en 2000, puis en 2006, lorsque l’État hébreu a été « évincé » par le Hezbollah qui a offert cette « victoire » à l’ensemble de la région. « C’est une cause qui concerne toute la nation arabe et non les seuls sunnites ou les musulmans », dit cheikh Ahmad Chemali, un prédicateur islamiste qui reconnaît toutefois que cette opération a ravivé la flamme du combat contre Israël chez les sunnites en particulier et remonté leur moral. Le facteur religieux – le fait que Hamas soit issu des Frères musulmans - n'a rien à voir selon lui. Seule compte la légitimité de la cause.
« Les artisans de la résistance »
Dans les grandes villes sunnites, plus personne ne cache son soutien à cette opération. Ainsi, à Saïda, où, dès les premiers jours de l’opération, la mobilisation populaire a été quasi générale. Plusieurs manifestations ont été organisées ces derniers jours, en solidarité avec Gaza et les Palestiniens. Y ont pris part aussi bien l’Organisation populaire nassérienne présidée par Oussama Saad – qui historiquement soutient la résistance contre Israël, mais ne cache plus depuis quelque temps ses divergences avec le Hezbollah – que des représentants de l’ancienne députée, Bahia Hariri, de Abdel Rahman Bizri, député sunnite indépendant, et autres notables de la ville. Considérée comme la porte du Sud, et pétrie de sentiments propalestiniens du fait notamment qu’elle abrite le plus grand camp de réfugiés palestiniens, celui de Aïn el-Héloué, la ville de Saïda a renoué avec sa culture et son passé nationaliste à l’occasion de l’offensive contre Israël. Celle-ci a permis, selon des habitants et notables de la ville, un regain de dignité perdue depuis que le train de normalisation entre Israël et certains pays du Golfe notamment est en marche. « Les sunnites avaient besoin d’une victoire après des décennies d’humiliation. Le Hamas leur a donné un échantillon », commente un habitant de la ville sous anonymat.
L’effervescence suscitée par cette opération n’a toutefois pas complètement effacé les appréhensions de voir le Liban enlisé dans une guerre globale. D’où un sentiment quelque peu mitigé chez certains. « Tout comme certains chrétiens, les sunnites sont certes solidaires de cette cause tant qu’elle reste confinée au lieu où elle est défendue et qu’elle ne se propage pas au Liban », dit Khaldoun Charif. Comprendre que leur mouvement de solidarité est l’expression d’un soutien pour les Palestiniens qui combattent à Gaza et non pour encourager une implication du Liban dans cette guerre.
Ce n’est vraisemblablement pas le cas pour certains ulémas islamistes de Tripoli, qui appellent aujourd’hui à l’ouverture des frontières dans tous les pays arabes pour laisser la voie libre aux sunnites qui souhaitent se joindre au combat. « Il faut que les armées dans les pays arabes – les dirigeants qui ont trahi la cause palestinienne ne le feront pas – ouvrent les frontières. Les gens sont prêts à y aller par milliers pour soutenir Gaza sous les feux de l’armée israélienne », dit cheikh Ahmad Chemali. Une proposition que cheikh Salem Rafeï, figure de proue du salafisme à Tripoli, qualifie d’« irréaliste, tant que le Hezbollah contrôle le terrain au Sud, que la Jordanie laisse transiter les armes américaines vers Israël et que la Syrie est préoccupée à poursuivre le massacre des sunnites ». Il n’empêche, conclut-il, que « l’opération Déluge d’al-Aqsa a replacé la question de la libération de la Palestine aux mains des sunnites, qui furent les artisans de la résistance et ceux qui ont porté le flambeau dès le départ ».
Si le massacre de 40 enfants est vrai, malgré qu’on connaît les sionistes très falsificateurs de la vérité, s’en est fini du Hamas. Que le Hamas prouve que les sionistes mentent et que l’occident et les USA sont partie prenante pour Israël. Mais les peuples ne se laisseront pas berner.
20 h 24, le 11 octobre 2023