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Environnement - Repère

Où recycler ses déchets au Liban ?

« L’Orient-Le Jour » liste les principales initiatives locales offrant des solutions aux particuliers et aux entreprises.

Où recycler ses déchets au Liban ?

Des déchets sur une route du Liban. Photo João Sousa

Depuis le début de la crise économique en 2019, la consommation au Liban a globalement baissé, entraînant une diminution de la masse de déchets ménagers globale et par foyer. En contrepartie, la tendance à s’en remettre au circuit de recyclage est en hausse ces dernières années, non pas par souci écologique mais en raison des bénéfices générés par la revente de certaines matières, soulignent les associations impliquées dans ce secteur. Les plus vulnérables extraient désormais plastique, carton ou métal dans les bennes à ordures pour assurer leur survie, alors que d’autres profitent simplement du système de rachat des déchets recyclables pour arrondir leurs fins de mois.

Cela ne signifie pas pour autant que les ONG et entreprises privées impliquées dans le recyclage sont épargnées par la crise, notamment en raison de la hausse du prix de l’essence, qui a entraîné une augmentation des frais de transport depuis les points de collecte jusqu’aux centres de tri, puis vers les usines de recyclage. Ces associations et entreprises peinent également à assurer leurs frais opérationnels et à garantir la pérennité de leurs employés. Pour poursuivre leur activité et se développer sur le territoire, les entreprises privées, tout comme les ONG environnementales, sont donc à l’affût de nouveaux investissements… qui demeurent difficiles à trouver.

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L’Orient-Le Jour a choisi de lister ci-dessous les principaux acteurs civils locaux disposant d’un système de collecte des déchets recyclables :

TERRE Liban

Fondée par l’écologiste Paul Abi Rached en 1994/5, cette association basée à Baabda s’est très vite impliquée dans la sensibilisation autour du tri à la source et du recyclage, menant campagne pour la collecte du papier, notamment au sein des écoles. Depuis sa création, elle collabore autant avec le secteur public que privé. Aujourd’hui, elle œuvre à former 200 municipalités au triage à la source, à l’aide de tutoriels pour la création d’un espace de déchetterie. L’association est également à l’origine d’un système de triage par couleurs (chaque benne destinée à accueillir un type de déchets) mis en place en 2005, et repris par le ministère de l’Environnement, ainsi que par diverses municipalités.

Actuellement, TERRE Liban s’intéresse surtout à promouvoir le compostage (de déchets organiques), qui fournit des enrichisseurs de sol de grande qualité aux agriculteurs, et peut constituer une source de revenu non négligeable, avec un prix de vente pouvant atteindre les 2 000 dollars par tonne. Paul Abi Rached pense en effet que le traitement des matières organiques est aussi primordial que celui des matières solides recyclables, les premières représentant un volume plus important que les secondes. De plus, le traitement des matières organiques est peu répandu au Liban, alors que ces dernières contribuent en grande partie au dérèglement climatique, en émettant 25 fois plus de CO2 que les autres types de détritus, ajoute-t-il.

Pour plus d'informations, contactez l'association par téléphone (+961 5 92 30 60) ou via e-mail (info@terreliban.org).

Cedar Environmental 

Cette entreprise d’ingénierie industrielle et environnementale, fondée en 1999 par l’ingénieur Ziad Abichaker, possède une usine équipée pour recycler divers types de déchets ménagers. Elle est notamment spécialisée dans le compostage et le recyclage de matières plastiques, incluses celles qui ne sont pas généralement considérées comme recyclables, à l’instar des capsules de café (transformées en une matière solide à divers usages, pour les constructions, le revêtement, etc.), mais aussi dans celui du verre, ce qui est assez rare au Liban. Le papier et le carton sont également de sa spécialité.

Basée à Beyrouth, cette société a pour principaux clients les municipalités, en plus de quelques industries qui veulent renforcer leur responsabilité sociale et leur conformité aux normes écologiques. Les municipalités paient le service de recyclage/compostage en collectant de petites sommes auprès des contribuables. Le principal projet municipal de Cedar Environmental a été de créer un centre de traitement des déchets à Beit Méry, au Metn, lancé au cours de la crise des déchets de 2015-2016.

La société dessert par ailleurs les particuliers, à l’intention desquels elle a installé des points de collecte où ils peuvent déposer leurs recyclables (sans contrepartie financière) en divers endroits, comme à Beyrouth, au Metn et dans le Kesrouan.

Pour plus d'informations, contactez l'association via e-mail (info@cedarenv.com).

Arcenciel

Cette entreprise sociale a été fondée en 1985 par Pierre Issa et est basée à Beyrouth. Elle prend en charge le recyclage de déchets solides comme le plastique, l’aluminium ou le papier (à part le verre), qu’elle collecte (sans contrepartie financière) dans ses divers centres, notamment à Jisr el-Wati. Ces déchets sont ensuite triés et compressés dans ses deux centres à Baabda (Mont-Liban) et Taanayel (Békaa). Elle les revend enfin aux industries, ce qui contribue à financer ses activités sociales (elle compte par ailleurs principalement sur les donations). Elle est aussi connue depuis plusieurs années pour sa collecte et son traitement des déchets hospitaliers, qu’elle traite par décontamination.

Arcenciel a par ailleurs lancé cet été, dans son centre basé à Taanayel, un système de collecte des déchets organiques dans les fermes animales de la région, dans l’optique de fabriquer du biogaz (produit par la fermentation de matières organiques animales ou végétales), mais aussi du compost qui servira de fertilisant. « La collecte et le traitement de ces déchets contribuera à améliorer la qualité de l’eau dans le fleuve Litani » qui prend sa source dans cette région, explique Nadim Abdo, responsable de la levée des fonds au sein de l’entreprise sociale.

Pour plus d'informations, contactez l'association par téléphone (+961 1 495 561 ext. 5) ou via e-mail (arcenciel@arcenciel.org).

Ecoserv

Cette ONG, fondée en 2018 par Gaby Kassab et Sassine Mazraani, est spécialisée dans le traitement des déchets contenant des éléments hasardeux, notamment les déchets électroniques de toutes sortes. Pour ce faire, son équipe travaille au démantèlement minutieux des plastiques, métaux, câbles électroniques, panneaux solaires… en vue d’un recyclage en toute sécurité, qui évite l’arrivée de matières dangereuses et polluantes dans la nature. Gaby Kassab, qui a consacré une grande partie de sa carrière professionnelle à la gestion de compagnies concernées par les technologies dites « intelligentes », insiste sur l’importance de la spécialisation dans ce domaine, étant donné la difficulté de traiter les déchets dangereux, qui ont un potentiel de pollution non négligeable.

Basée à Zouk, cette association accueille tous les déchets électroniques dans ses 120 points de collecte dans le pays (sans contrepartie financière), et peut même être contactée pour récupérer des équipements de grande taille en fin de vie. Afin de sensibiliser à l’importance du traitement de ces déchets dangereux avant qu’ils ne finissent dans la nature, et plus particulièrement dans la mer, l’association envoie ses ambassadeurs communiquer avec les usagers dans ses divers points de collecte.

Pour plus d'informations, contactez l'association par téléphone (+961 9 220 094) ou via e-mail (info@ecoservlb.org).

Lebanon Waste Management

Contrairement aux prestataires précédents, il s’agit d’une entreprise privée à but lucratif fondée par Pierre Baaklini en 2019. Née de la crise économique qui a éclaté cette même année, cette entreprise est uniquement impliquée dans la collecte, le tri et la compression des déchets solides (principalement plastique, carton, métal, aluminium, polyester, papier). Grâce au service « Drive Throw », les consommateurs peuvent déposer leurs sacs de recyclables et récupérer de l’argent en espèces via les points de dépôts et/ou en faire don à des œuvres caritatives.

Les déchets sont ensuite acheminés vers les centres de Sedd el-Bouchriyé et Mirna Chalouhi, où une trentaine d’employés s’occupent du tri, de la vente à des usines locales ou de l’exportation. Le fondateur Pierre Baaklini annonce en outre la création de nouveaux points de dépôt, grâce à des partenariats, entre autres avec des stations d'essence.

Pour plus d'informations, contactez l'association par téléphone (+961 81 312 186) ou via e-mail (admin@lebanonwastemanagement.com).

Live Love Recycle

Cette ONG fondée en 2018 par Georges Bitar a mis en place une application mobile permettant de solliciter une collecte à domicile, ou dans les 10 points présents à Beyrouth, Tripoli, et sur la côte allant du Metn au Kesrouan. Dès juin dernier, une dizaine de nouveaux points ont été inaugurés par le biais d’une collaboration avec les stations-service. En contrepartie des matériaux collectés (carton, nylon, plastique, huiles usées, appareils électroménagers, habits, médicaments, métal), l’association octroie des points qui donnent droit à des cadeaux ou à de l’argent. Les déchets sont ensuite envoyés dans deux centres de tri avec lesquels collabore Live Love Recycle, à Mansourieh et au Liban-Nord. L’ONG collecte le verre, même si, selon son président, la capacité de le recycler au Liban est très limitée depuis la destruction d’une grande usine durant la guerre de 2006.

Les matières collectées sont enfin revendues à une quarantaine d’usines au Liban, ou exportées à l’étranger. « C’est notre unique source de revenus pour financer les activités de l’association », affirme Georges Bitar.

Pour plus d'informations, contactez l'association par téléphone (+961 3 113 141).

L’Écoute

Cette association fondée en 1999 par Mgr Jean-Marie Chami, qui revêt un caractère social plutôt que purement écologique, dispose de son propre circuit pour la collecte et le tri de matières recyclables, englobant le papier, le carton, le nylon, le plastique, les métaux, sans oublier le verre, transformé en sable pour la construction, mais aussi le matériel électronique, démantelé ou réparé pour être donné ou vendu. Il y a 23 ans, l’évêque Jean-Marie Chami avait transformé son bureau à Beyrouth, dans la paroisse de Mar Élias, en point de collecte des déchets recyclables. Il les revendait pour financer des activités sociales à l’intention des jeunes malentendants et de la réinsertion sociale de petits délinquants. Depuis la crise, L’Écoute apporte également son aide à de nombreuses familles en difficulté.

Aujourd’hui, l’association dispose d’un grand centre qui gère les appels, le compactage et le broyage, dans la zone industrielle de Aïn Saadé (Metn). La moitié environ de la vingtaine d’employés du centre sont des personnes malentendantes. Les consommateurs peuvent y déposer leurs sacs de recyclables gratuitement. L’association ne perçoit une contribution (modeste) que quand elle envoie son camion collecter les déchets chez les usagers ou les sociétés. Son camion livre aussi les recyclables aux usines.

Pour plus d'informations, contactez l'association par téléphone (+961 76 176 234) ou via e-mail (info@lecoute-lb.org).

Yalla Return

Cette start-up, cofondée en 2020 par Rabih el-Chaar, a mis en place l’application « Nadeera » à télécharger sur son smartphone, qui explique à l’usager quels sont les produits recyclables recueillis par cette compagnie et où les déposer. Rabih el-Chaar explique que « Yalla Return » dispose de 16 points de collecte au Liban (bientôt 30, annonce-t-il), ajoutant qu’elle est également présente à Dubaï, Abou Dhabi et Riyad.

« Nous avons actuellement 20 000 usagers au Liban, poursuit-il. Notre modèle économique consiste à payer l’usager par kilo de matières recyclables (les prix pouvant varier suivant les produits et le cours du marché, NDLR). Dès que la facture s’élève à 100 000 livres libanaises ou plus, l’usager peut passer la collecter, ou alors en faire don à l’une des associations caritatives qui collaborent avec nous. » La start-up accepte le plastique, l’aluminium, les canettes, le papier et le carton. Depuis peu, elle se charge aussi des produits électroniques, du verre et des textiles.

L’application « Nadeera » est dotée en outre d’un système d’intelligence artificielle qui permet à son utilisateur de s’assurer que le produit qu’il s’apprête à placer dans la benne de recyclage est effectivement recyclable ou pas, et s’il est accepté par la compagnie. 

Pour plus d'informations, contactez l'association par téléphone (+961 81 091 359) ou via e-mail (info@nadeera.org).

Depuis le début de la crise économique en 2019, la consommation au Liban a globalement baissé, entraînant une diminution de la masse de déchets ménagers globale et par foyer. En contrepartie, la tendance à s’en remettre au circuit de recyclage est en hausse ces dernières années, non pas par souci écologique mais en raison des bénéfices générés par la revente de certaines...

commentaires (16)

Bonjour Je suis présidente de Pharmaciens Sans Frontières Suisse et nous avons démarré 3 projets au Liban depuis 2 ans environ. Je vous remercie pour votre article que j'ai trouvé très intéressant. Mais j'aurais voulu savoir comment sont éliminés les médicaments au Liban? Y a-t-il une entreprise particulière qui s'occupe de cela? Meilleures salutations Marie-José Barbalat Ghosn

Barbalat Marie-Jose

14 h 05, le 28 août 2023

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Commentaires (16)

  • Bonjour Je suis présidente de Pharmaciens Sans Frontières Suisse et nous avons démarré 3 projets au Liban depuis 2 ans environ. Je vous remercie pour votre article que j'ai trouvé très intéressant. Mais j'aurais voulu savoir comment sont éliminés les médicaments au Liban? Y a-t-il une entreprise particulière qui s'occupe de cela? Meilleures salutations Marie-José Barbalat Ghosn

    Barbalat Marie-Jose

    14 h 05, le 28 août 2023

  • Vous pouvez remettre vos batter produits électroniques à Arc en ciel!

    Khayat Nicole

    13 h 21, le 28 août 2023

  • Vous pouvez les déposer à Arc-en-ciel ainsi que tous les produits électroniques

    Khayat Nicole

    13 h 18, le 28 août 2023

  • Il manque une cartographie des points de collecte oui

    Dijoux Maylis-Thérèse

    13 h 16, le 28 août 2023

  • Il manque malheureusement un centre de collecte pour batteries usagées (hautement toxiques et polluantes)

    Bersuder Jean-Louis

    11 h 10, le 28 août 2023

  • Merci pour toutes ces personnes qui travaillent pour notre société

    Gretta Ghafari

    10 h 41, le 28 août 2023

  • Merci pour cet article c'est utile. Ce serait bien d'avoir aussi une carte (pour le grand Beyrouth notamment) qui recense la localisation des points de dépôt.

    N.K.

    09 h 25, le 28 août 2023

  • Tout le pays est a recycler

    paznavour

    23 h 59, le 27 août 2023

  • Nous sommes le plus écologique du monde. Pas d.electricite et donc pas de dégradation de la couche d.ozone ! Pas d.eau et nous n’epuisons pas les nappes phréatiques ! Pour le peu qui reste bravo pour les Associations.

    Darwiche Jihad

    22 h 33, le 27 août 2023

  • Loin de moi l'idée de dénigrer des initiatives louables, qu'elles soient à vocation lucrative ou pas. Mais le fait est que le pays est devenu une poubelle à ciel ouvert (hormis de rares municipalités), et ça prend aux tripes (ou aux narines) comme symbole le plus frappant de l'absence d'état. Et puis il y a, et ça ne date pas de la crise des 4 dernières années, tous ces "braves" libanais qui ne jurent que "par le plus beau pays au monde" et "le Liban ne mourra jamais", blabla, et jettent leurs ordures tout en roulant dans des voitures de luxe...

    IBN KHALDOUN

    16 h 48, le 27 août 2023

  • Très bonne initiative, merci! Comme l’a précisé un des commentaires, ce serait bien de fournir une carte avec les noms des sociétés et la localisation des lieux de collecte.

    Helou isabelle

    16 h 47, le 27 août 2023

  • "… Où recycler ses déchets au Liban ? …" - Au parle ment?

    Gros Gnon

    14 h 45, le 27 août 2023

  • FAUT RECICLER TOUS LES DECHETS DU PAYS UNE FOIS POUR TOUTE, ESCROCS, MAFIEUX ET TRAITRES INCLUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 22, le 27 août 2023

  • Ça serait bien de mettre des liens de géo-localisation pour les retrouver et les liens des sites Web.

    Nadim Mallat

    12 h 06, le 27 août 2023

  • C’est super, bravo

    Pauline Bassil

    10 h 56, le 27 août 2023

  • Bravo

    Staub Grace

    01 h 01, le 27 août 2023

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