Merci d'avoir suivi notre couverture en direct de la 3ème commémoration de l'explosion du 4 août 2020, marquée par une marche de la caserne des pompiers de la Quarantaine jusqu'au port.
N'hésitez pas à consulter la page d'accueil de L'Orient-Le Jour pour davantage de reportages et d'articles sur la tragédie du 4 août, avec des portraits de personnes qui ont fait le choix de lutter à leur façon, un décryptage vidéo ainsi qu'une enquête approfondie.
"Dans cette marche, il y avait bien plus de tristesse que l'année dernière", estime Monika Borgmann, réalisatrice germano-libanaise et veuve de l'activiste Lokman Slim qui a été assassiné en février 2021. "Ça fait trois ans, et rien ne bouge. C'est incroyable", poursuit-elle. "Tarek Bitar est bloqué. Notre seul espoir reste l'enquête internationale. Et pour Lokman, si je ne trouve pas justice ici, j'irai la chercher ailleurs."
20 jours avant son assassinat, Lokman Slim avait qualifié l'explosion du port de Beyrouth de "crime de guerre" pour lequel il avait accusé la Russie, la Syrie et le Hezbollah.
"Ce que je ressens ? Colère, dégoût. Comme depuis trois ans", déclare le grand-père d'Alexandra Naggear à L'OLJ, à la fin de la commémoration. À une question sur la quantité limitée de manifestants mobilisés, il répond : "Je ne veux pas attaquer les autres Libanais. Mais je ne suis pas heureux pour autant. Je pense que les gens sont dans le déni, ils parlent beaucoup mais quand il s'agit d'action, il n'y a plus personne", conclut-il.
Les prises de parole sont terminées. Certains manifestants commencent à quitter les lieux, d'autres remettent les portraits des victimes à leurs proches.
La voix de Feyrouz chantant "Li Bayrut" retentit devant le port.
Des centaines de personnes amassées devant le port de Beyrouth, alors que les familles des victimes réclament justice.
(Photo : Mohammad Yassine)
La voix tremblante, William Noun s'adresse à la foule. "Il n'y a pas que le Hezbollah qui est terroriste. Toute la classe politique l'est ! Tous les partis ont des implications dans ce qui s'est passé au port !" clame-t-il.
(Photo Mohammad Yassine)
"Ils nous ont tués dans nos maisons ce jour-là, et ils continuent de le faire chaque jour", déclare Paul Naggear, père de la plus jeune victime de l'explosion, Alexandra Naggear. Elle n'avait que trois ans lorsque la déflagration l'a tuée. "Nous continuerons à manifester jusqu'au dernier souffle !", poursuit son père sous les applaudissements. Puis il élève la voix : "Sans justice sur cette affaire, nous n'aurons pas de patrie, pas de pays. Nous n'accepterons jamais de nous taire !"
"Hezbollah terroriste !", ont hurlé certains manifestants. Réaction immédiate de William Noun, frère d'un pompier tué dans l'explosion. Il monte à la tribune et lance : "S'il vous plaît, par respect pour les victimes. Laissez-nous continuer le programme de la commémoration et dire les noms des personnes poursuivies."
Sous les applaudissements de la foule, les noms de toutes les victimes de l'explosion sont scandés.
(Photo Joao Sousa)
Des personnes en pleurs juste avant la minute de silence, devant le port.
(Photo Joao Sousa)
Avant la minute de silence, une brève échauffourée a éclaté entre plusieurs personnes dans la foule, après que des gens ont appelé les politiciens présents sur les lieux, notamment les députés des Forces libanaises Ghassan Hasbani, et du Courant patriotique libre César Abi Khalil, à s'en aller.
William Noun déclare que la commémoration est "pour les victimes pas pour faire de la politique".
L'armée a rapidement calmé la situation.
Une minute de silence est actuellement observée par la foule amassée devant le port.
? [Vidéo] Minute de silence lors du rassemblement devant le port de Beyrouth. pic.twitter.com/VevQFekseX
— L'Orient-Le Jour (@LOrientLeJour) August 4, 2023
"L'affaire du 4-Août n'est pas seulement celle de Beyrouth, mais celle de tout le Liban", a estimé le député de Zghorta Michel Moawad au micro de la LBCI. "La bataille pour la justice des proches ds victimes de l'explosion va de pair avec celle pour enlever la mainmise sur l'État. Tant que cette classe dirigeante sera présente, elle ne sera pas jugée", a-t-il conclu.
(Photo Mohammad Yassine)
? [Vidéo] La marche en direction du port de Beyrouth. pic.twitter.com/2izoQ7e0Z9
— L'Orient-Le Jour (@LOrientLeJour) August 4, 2023
Un drapeau tâché de rouge lors de la marche vers le port de Beyrouth le 4 août 2023. pic.twitter.com/LUz3RxfJQT
— L'Orient-Le Jour (@LOrientLeJour) August 4, 2023
"C'est censé être une cause nationale !" tempête Raïssa, qui vit à Londres depuis six ans. "On est pas assez par rapport à la catastrophe qu'on a vécue", poursuit-elle. "Ce qui s'est passé nous a tous touchés, directement ou non... Les gens auraient dû se motiver".
"On doit venir ici pour les familles, pour rendre hommage aux victimes même si l'on est pas aussi nombreux que l’on voudrait", lance une jeune Libanaise de 22 ans, qui vit à Paris depuis quatre ans. Venue en vacances au Liban, elle poursuit ainsi : "Je suis choquée que certains ne veulent pas venir. Derrière, il ne faut pas se plaindre si rien ne se passe."
La marche en direction du port a débuté. (Photo Mohammad Yassine)
Le département d'État américain annonce dans un communiqué que "l'absence de progrès dans l'attribution des responsabilités est inacceptable et souligne la nécessité d'une réforme judiciaire et d'un plus grand respect de l'État de droit au Liban".
Le département ajoute que "les États-Unis restent aux côtés du peuple libanais. Les victimes et leurs familles méritent que justice soit faite et que les responsables de la catastrophe et de ses causes rendent des comptes."
Patrick et Ali Noureddine sont des "manifestants réguliers depuis le 17 octobre" 2019, indiquent-ils à L'OLJ. Cependant, ils ne pensent pas que justice sera faite. "Nous marchons à cause de ce que nous avons ressenti ce jour-là."
(Photo Mohammad Yassine)
"Le Liban est otage d'un régime criminel", "Votre crime ne passera pas", peut-on lire sur les pancartes de ces manifestants. (Photo João Sousa)
Plusieurs députés se sont rendus à la caserne de pompiers au départ de la marche, notamment le député du Chouf Marwan Hamadé (bloc du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt), le contestataire Melhem Khalaf, le député de Zghorta Michel Moawad, le député des Kataëb Nadim Gemayel et l'indépendant Fouad Makhzoumi.
(Photo : Le député contestataire Melhem Khalaf (à droite) et le président de l'ONG Offre Joie Marc Torbey. Photo Mohammad Yassine)
Élie Andoun, dont le frère Joe a été tué dans l'explosion du port, explique à L'OLJ qu'"il y a des gens qui nous sont favorables mais je pense qu'en raison du coût de la vie trop élevé, ils ne viennent pas. C'est peut-être intentionnel. Si les gens étaient au courant, ils nous soutiendraient peut-être", poursuit-il. "Mais il y a aussi des personnes qui pour des raisons politiques, malheureusement, ne se joignent pas à nous", conclut-il.
Des centaines de manifestants se sont rassemblés à la caserne de pompiers de la Quarantaine, d'autres continuent d'arriver. Nombre d'entre eux arrivent avec des drapeaux libanais, des photos des victimes, des fleurs. De la musique est diffusée, appelant à la justice pour les victimes et réaffirmant que "Beyrouth ne mourra pas".
Certains scandent "justice pour les victimes" et "pendez les coupables".
(Crédit: Mohammad Yassin / L'Orient-Le Jour)
Une manifestante lors de la marche du 4 août 2023.
(Crédit: Mohammad Yassin / L'Orient-Le Jour)
L'Orient Today a également publié une série de portraits pour mettre en lumière les histoires de ceux qui sont restés et se sont battus, chacun à leur façon. Ici, l'histoire de Raïf Lteif : Beyrouth ne mourra jamais. Celle d'Aline Salloum : Tant que je le peux, je reste. Puis celle d'Omar Itani : Ce peuple est à la fois ridicule et résilient, peut-être même ridiculement résilient.
Si vous vous interrogez sur le nombre exact de victimes de l'explosion, trois ans plus tard, lisez l'article de Claude Assaf : Quel est le nombre le plus probable de victimes du 4 Août ?
En vidéo, Lucile Wassermann vous explique Les trois grandes zones d'ombre de l'affaire du port.
En culture aussi, le 4-Août est omniprésent. Zena Zalzal y écrit : Quand l’art bat le rappel des troupes… pour le 4 Août.
N'hésitez pas à lire aussi l'interview de L'Orient Littéraire avec la journaliste Dalal Mawad à propos de son dernier livre : All She Lost.
Au cours de la marche depuis la Quarantaine, vous pouvez vous (re)plonger dans l'enquête de Christophe Boltanski : À Beyrouth, les fantômes du hangar n°12.
Côté français, le Ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères français a appelé à "faire toute la lumière" sur l'explosion au port de Beyrouth ; le président français Emmanuel Macron a quant à lui transmis un message aux Libanais sur les réseaux sociaux, assurant que "le Liban n'est pas seul."
Malgré une enquête qui piétine, divers appels à la justice ont été lancés par des acteurs politiques libanais et étrangers. Des Républicains du Congrès américain ont demandé des sanctions contre la classe politique libanaise ; en parallèle, plusieurs responsables politiques libanais ont réclamé justice.
Aujourd'hui, l'enquête est plus que jamais dans l'impasse, précisément depuis février. Le juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction de l'investigation, fait face à des ingérences politiques, judiciaires et sécuritaires flagrantes. Mais il assure vouloir poursuivre son travail malgré ces obstacles.
Au moins 235 personnes ont été tuées par l'explosion ou dans les mois, voire les années qui ont suivi. Plus de 6.500 autres ont été blessées et des quartiers entiers de la capitale ont été ravagés. L'explosion est survenue suite à l'incendie de milliers de tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans le port depuis 2013 sans mesure de sécurité, de l'aveu même des autorités.
Des proches des familles des victimes organisent à 16h un rassemblement devant la caserne des pompiers de la Quarantaine, située à quelques centaines de mètres du lieu du drame. Le rassemblement auquel ont été conviés les Libanais se dirigera vers la Statue de l'Emigré, en face du port, vers 17h30.
Bonjour à toutes et à tous, merci de nous suivre en cette journée qui marque le troisième anniversaire de l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth.
Boostez votre rentrée avec un centenaire ultra informé.
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10 h 53, le 06 août 2023