Aujourd’hui encore, le nombre de personnes décédées pendant ou après les explosions au port de Beyrouth, le 4 août 2020, est sujet à confusion. Sont-ils 218, 220, 235, ou davantage ? Car, trois ans après la tragédie, aucun chiffre officiel n’a été avancé par les autorités. Par prudence, on dénombre souvent les victimes comme étant « plus de 220 ». Mais des associations locales, tout comme des ONG internationales, telles qu'Amnesty et Human Rights Watch, s’accordent aujourd’hui sur un décompte plus exact : 235.
L’Initiative pour une justice socio-économique (MAAN), dont le fondateur Ahmad Mroué a créé en février 2021 le site Beirut607.org (baptisé en référence à l’heure du drame), et l’Association des victimes de la double explosion au port, présidée par Mariana Fodoulian, ont tous deux œuvré pour aboutir à cette conclusion, à travers un travail de documentation dans le but de rendre hommage aux victimes. Depuis la double explosion dévastatrice, Ahmad Mroué coopère avec une douzaine de journalistes professionnels afin de collecter toutes les informations propres de chacune des victimes. Leur travail de terrain consiste à se rendre auprès des familles concernées afin de s’assurer des données déjà existantes.
« Nous avons d’abord collaboré avec les hôpitaux, les forces de sécurité et plusieurs ministères », relève-t-il, indiquant que « les listes détenues par ces institutions comptent moins de 200 personnes, parce qu’elles n’ont pas été mises à jour », affirme Ahmad Mroué. Contacté par L’Orient-Le Jour pour obtenir des informations à ce sujet, le ministère de la Santé n’a pas répondu à nos sollicitations. Quant aux porte-paroles des ministères de l’Intérieur et de la Défense, ils ont tout simplement indiqué « ne pas être en mesure de fournir dans l’immédiat les chiffres exacts de leur liste des victimes ».
« Martyrs » de l'armée
À travers notamment des échanges de bases de données, le site Beirut607.org et l’Association des victimes au port de Beyrouth ont étroitement collaboré. Mariana Fodoulian, qui a perdu sa sœur dans ce drame, affirme à cet égard que les listes détenues par les deux ONG incluent les noms de tous les ressortissants étrangers tués dans la double explosion, tandis que, selon elle, le ministère de la Défense ne les a pas inscrits. Elle attribue cette lacune au fait que le ministère a compté uniquement ceux qui pouvaient profiter du statut de « martyrs de l’armée », à savoir les Libanais. Mme Fodoulian affirme par ailleurs que les listes des institutions officielles comportent d'autres erreurs. « Certaines femmes victimes ont été comptées deux fois, l’une sous son nom de jeune fille, l’autre sous celui de son mari. D’autres morts ont par ailleurs été présentés sous de fausses identités, avant que celles-ci ne soient rectifiées par des tests d’ADN. Enfin, des proches d’autres victimes n’ont pu obtenir les rapports de médecins et d’hôpitaux, et n’ont donc pu avoir de certificats de décès réclamés par les autorités », affirme-t-elle.
Ahmad Mroué évoque pour sa part des cas équivoques, notamment celui d’« un ressortissant syrien qui avait été présenté par sa famille comme ayant été tué dans la double explosion alors qu’il travaillait dans l’enceinte du port pour le compte d’une entreprise ». « Or il s’est avéré qu’il avait quitté son travail six mois avant l’explosion et qu’il est entré récemment en contact avec ladite entreprise », affirme le militant, précisant avoir suivi son cas avec le bureau de plaintes au sein du barreau de Beyrouth.
M. Mroué relève par ailleurs que « du fait qu’elles ont succombé à leurs blessures bien longtemps après l’explosion, certaines victimes ne sont pas inscrites sur les listes officielles ». « En février 2021, nous avions dénombré 213 morts. Nos continuelles recherches montrent qu’ils sont désormais 235 », assure-t-il, souhaitant que la liste de Beirut607.org puisse constituer une référence pour d’éventuelles indemnisations.
commentaires (5)
On s’attendait en ce jour de deuil national à voir dans notre journal préféré, un hommage à toutes les victimes avec leurs photos et leur parcours de leur vivant. Au lieu de quoi nous avons le portrait de l’assassin qui a ôté la vie à ses citoyens avec des propos honteux que L’OLJ a trouvé bon de publier. Une faute de goût ou une collaboration honteuse qui ne dit pas son nom? Allez savoir le pourquoi de cette omission et de cette faute professionnelle. Ça on ne le saura jamais. Par contre nos commentaires pour dénoncer subissent une censure sauvage et, au gré du modérateur du jour nos commentaires sont, soit publiés soit bannis. Déjà que la justice de notre pays est confié au plus grand traître, nous voilà cernés de toute part pour nous empêcher de crier notre liberté et notre colère à cette injustice qui nous frustre tous les jours un peu plus.
Sissi zayyat
11 h 31, le 04 août 2023