Le Centre culturel islamique au Liban à Aïcha Bakkar a demandé samedi à la justice d'enquêter sur "Helem", l'association de défense des droits de la communauté LGBTQ+, et réclamé sa "dissolution, en raison de ses actions provocatrices dans les espaces publics".
Selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle), le bureau du procureur général près la cour de cassation a accepté la demande d'ouverture d'une information judiciaire déposée par l'association sunnite et l'a transmise aux instances compétentes. Contactée par L'Orient-Le Jour, l'association "Helem" s'est abstenue de tout commentaire, dans l'attente d'une éventuelle évolution du dossier.
Le Centre culturel islamique dénonce, dans un communiqué, les "célébrations nombreuses organisées par des associations homosexuelles au cours de ce mois (des Fiertés, ndlr), notamment à Gemmayzé et à l'hippodrome de Beyrouth", ainsi que la décision prise par certaines ambassades de lever des drapeaux arc-en-ciel. Le Centre demande aux autorités d'"interdire immédiatement" ces événements "afin d'éviter que le pays ne tombe dans la sédition".
Le Centre annonce également avoir demandé à la justice d'ouvrir un dossier sur l'association "Helem" et réclamé au ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, de la "dissoudre" et de l'empêcher d'organiser des activités "provocatrices" à Beyrouth. Le ministre avait déjà interdit l'organisation d'événements promouvant les droits des LGBT au Liban, rappelle le Centre culturel. "Helem" aurait, selon l'organisation islamique, "violé les valeurs religieuses, tant islamiques que chrétiennes, ce qui risque d'attiser des tensions sociales et éthiques et menace la paix nationale".
Au cours de l’année écoulée, la répression à l’encontre de la communauté LGBTQ+ du Liban a resurgi, le gouvernement et les autorités religieuses ayant appelé à la répression. En juin 2022, pendant le Mois des fiertés, le ministre Maoulaoui avait publié un décret ordonnant aux services de sécurité d’annuler tous les événements LGBTQ+ organisés durant ce mois, une mesure condamnée par une coalition de groupes de défense des droits. Le Conseil d’État avait aussitôt annulé la décision du ministre, ce qui ne l’avait pas empêché de récidiver en novembre 2022 avec un décret similaire.
Le 9 juin, l'ambassade des États-Unis au Liban avait hissé le drapeau de la Progress Pride, qui célèbre la "diversité de la communauté LGBTQ+ et sa persévérance", a-t-on annoncé sur le compte Twitter de la chancellerie. Le 17 mai, des manifestants s'étaient rassemblés devant l'ambassade d'Allemagne à Beyrouth pour protester contre la levée d'un drapeau arc-en-ciel pour commémorer la Journée internationale contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie (IDAHOT).
Le Liban est et sera toujours un havre de tolérance de tous les points de vue , ceux qui sont dérangés pourraient rejoinder les rangs des talibans médiévaux à Kandahar
04 h 31, le 19 juin 2023