Longtemps interpellée sur son « silence » sur le conflit en cours à Gaza, Amal Clooney a pour la première fois pris part au débat en cours sur la question de la poursuite et la prévention des crimes de guerre, en soutenant publiquement l’initiative du procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan.
Figurant parmi les huit membre du groupe d’experts en droit international et anciens magistrats de la CPI sollicités en janvier 2024 par Karim Khan pour « l’assister dans son enquête sur la situation dans l’État de Palestine », l’avocate libanaise a signé, avec cinq de ses collègues, une tribune dans le Financial Times intitulée « Pourquoi nous soutenons les poursuites de la CPI pour les crimes commis en Israël et à Gaza ». Le texte présente les principales conclusions du rapport publié le même jour par le groupe sur le site de la CPI. « Nous avons examiné attentivement chacune des demandes de mandat d’arrêt ainsi que les documents produits par l’équipe de l’accusation à l’appui de ces demandes (…) Nous convenons à l’unanimité qu’il existe des motifs raisonnables de croire que les suspects qu’il a identifiés ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité relevant de la compétence de la CPI », peut-on lire dans le texte.
La publication du rapport et de cette tribune signée par certains des experts qui l’ont rédigé intervient alors que Karim Khan a demandé le même jour des mandats d’arrêt contre les dirigeants israéliens – le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant – et des chefs du Hamas palestinien – Yahya Sinouar, chef du Hamas à Gaza et cerveau du 7 octobre ; Mohammad Deif, chef des Brigades al-Qassam (branche armée du Hamas) ; et Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas – pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. « Aujourd’hui, le procureur a pris une mesure historique pour que justice soit rendue aux victimes en Israël et en Palestine en émettant des demandes pour cinq mandats d’arrêt alléguant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par de hauts responsables du Hamas et d’Israël », ont notamment commenté les signataires de la tribune pour soutenir cette démarche inédite.
L’avocate libanaise avait été pointée du doigt par nombre de voix propalestiniennes qui lui reprochaient son « silence » concernant la guerre à Gaza, rappelant alors ses divers combats en tant qu’avocate internationale – de la défense de Julian Assange (cofondateur de WikiLeaks) à celle de l’ex-Première ministre ukrainienne Ioulia Tymoshenko, en passant par celle de la Prix Nobel de la paix yazidie Nadia Murad. Après la publication du rapport légal, nombre d’internautes ont réagi positivement en la « remerciant », certains ont même présenté leurs excuses après l’avoir critiqué. « Pendant des mois, je ne comprenais pas pourquoi Amal Clooney restait silencieuse. Il s’avère qu’elle faisait tranquillement son travail », a commenté sur X Jasmine el-Gamal, qui a été conseillère pour le Moyen-Orient auprès du ministère de la Défense des États-Unis de 2008 à 2015.
« J’ai participé à ce panel parce que je crois à l’État de droit et à la nécessité de protéger la vie des civils (…) C’est pourquoi je soutiens la démarche historique entreprise par le procureur de la CPI pour rendre justice aux victimes des atrocités commises en Israël et en Palestine », a par ailleurs déclaré Amal Clooney, dans un communiqué publié sur le site de sa fondation. « Mon approche n’est pas de fournir un commentaire continu de mon travail mais de laisser le travail parler de lui-même. J’espère que les témoins coopéreront à l’enquête en cours. Et j’espère que la justice prévaudra dans une région qui a déjà trop souffert », a-t-elle ajouté.
Merci ? beaucoup la CPI. merci Amal Clooney enfin la justice existe un peu … Une vie=Une vie
22 h 37, le 21 mai 2024