Télé Liban, la télévision publique libanaise, a lancé vendredi soir son premier bulletin d’information en langue des signes intégré au journal télévisé de 19h30. Développée par le ministre sortant de l’information Ziad Makari, l’initiative a été financée par l'association caritative islamique des Makassed présidée par Fayçal Sinno, dans l’objectif de « soutenir la télévision publique et le bulletin en langue des signes », rapporte l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). Elle intervient après une année particulièrement difficile pour la chaîne publique, plombée par les grèves de son personnel qui réclamait des améliorations de salaires, dans un contexte de crise sans précédent et d'effondrement record de la livre libanaise.
Le projet a été salué par la Fédération libanaise pour les sourds, sur sa page Facebook. « Enfin, des informations en langue des signes pour les sourds ! », s'est-elle enthousiasmée, évoquant « un accomplissement ». Elle a rappelé à ce titre que les traducteurs qui collaborent avec Télé Liban sont également des personnes sourdes et invité les autres chaînes locales à introduire la traduction en langue des signes à leurs journaux télévisés. La langue des signes n'est toujours pas courante sur les chaînes télévisées locales.
Une étude scientifique datant de 2022 et publiée dans le Journal international d'otorhinolarygologie soulevait qu'au Liban, les sourds et malentendants souffrent d'importantes difficultés de communication et d'accès à l'information et à l'éducation, ce qui les empêche de pouvoir participer pleinement aux différents secteurs de la vie publique. Des obstacles dus notamment au fait qu'il n'existe pas une seule langue des signes au Liban mais plusieurs, selon les établissements d'enseignement. Il n'était pas immédiatement clair dans quelle langue des signes le bulletin d'information de vendredi soir a été donné sur Télé Liban, et s'il devrait désormais être traduit quotidiennement.
Pour le lancement du projet, le ministre Makari a souligné « la nécessité pour les institutions d'être plus humaines et davantage proches des gens, particulièrement les personnes à besoins spécifiques comme les personnes sourdes ». Il a rappelé que l’initiative survient alors que le pays traverse une période particulièrement délicate. « Ce que nous avons réalisé est un besoin pressant pour une partie de la société, quelque 12 000 à 13 000 personnes pouvant désormais suivre les informations sur Télé Liban en langage des signes », a-t-il ajouté.
Un quota de 3 % à l'embauche
Le ministre n’a pas manqué de rendre hommage à « l’association des Makassed, qui a aidé Télé Liban à retrouver son statut ». Cette aide repose, a-t-il précisé, sur les équipements nécessaires et les salaires des interprètes. Deux interprètes non-entendantes et spécialisées en langue des signes rejoindront en effet l’équipe de Télé Liban. « Nous espérons que davantage d’interprètes en langue des signes rejoindront l’initiative », a ajouté le ministre, rappelant que la loi libanaise incite les entreprises à embaucher 3 % de personnes présentant des handicaps. Un quota qui n'est que rarement respecté, selon l'étude mentionnée ci-dessus.
Télé Liban est la seule chaîne télévisée publique du pays. Depuis 2019, date du début de la crise économique et financière qui touche le pays, ses employés ont observé des mouvements de grève à répétition, revendiquant des réajustements de salaires. Car les salaires de la fonction publique ont perdu plus de 90% de leur valeur, depuis l’effondrement de la livre libanaise.
Évoquant de son côté l’engagement des Makassed pour l’éducation des personnes à besoins spécifiques, le président de l'association des Makassed, Fayçal Sinno, a observé que chaque établissement lié à l’institution caritative compte 10 % de personnes à besoins spécifiques. Il a de plus insisté sur la nécessité « de développer et d’améliorer le langage des signes au Liban afin de faciliter la communication avec les personnes handicapées ».
La création de Télé Liban remonte à la fin des années 1950. Au départ, la chaîne était entièrement détenue par deux sociétés privées, la Compagnie libanaise de télévision (CLT) (canaux 7 et 9) et Télé-Orient (canaux 5 et 11), avant de fusionner en 1978 dans le cadre d'un accord qui prévoyait une répartition égale de la propriété entre le secteur public et le secteur privé. En 1996, l'État a racheté les parts du secteur privé et, depuis lors la chaîne est la propriété exclusive de l’État.
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Télé Liban, la télévision publique libanaise, a lancé vendredi soir son premier bulletin d’information en langue des signes intégré au journal télévisé de 19h30. Développée par le ministre sortant de l’information Ziad Makari, l’initiative a été financée par l'association caritative islamique des Makassed présidée par Fayçal Sinno, dans l’objectif de « soutenir la télévision publique et le bulletin en langue des signes », rapporte l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). Elle intervient après une année particulièrement difficile pour la chaîne publique, plombée par les grèves de son personnel qui réclamait des améliorations de salaires, dans un contexte de crise sans précédent et d'effondrement record de la livre libanaise.Le projet a été salué par la Fédération libanaise pour les...
Bravo pour cette initiative ! Les personnes malentendantes ont les mêmes capacités intellectuelles er cognitives que les autres individus, à condition qu’elles aient accès à l’information (au sens large du terme). Toutefois, pouvez-vous m’expliquer comment des malentendants peuvent être interprètes, si ce n’est entre deux langues signées ?
09 h 13, le 20 mai 2024