Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a affirmé qu'il fera appel de la notice rouge d'Interpol que le Liban a reçue à la suite du mandat d'arrêt international émis le 16 mai à son encontre par la justice française pour soupçons de corruption.
"Je vais faire appel pour annuler la notice rouge", a déclaré M. Salamé vendredi à l'Agence Associated Press, rappelant qu'il n'a pas reçu en personne la convocation pour un interrogatoire à Paris "conformément aux règles et aux lois".
Des policiers libanais se sont rendus pendant quatre jours consécutifs la semaine dernière au siège de la BDL à Beyrouth pour lui délivrer la convocation par la juge française Aude Buresi, mais sans succès, avait précisé à l'AFP lundi une source judiciaire libanaise.
Après l'émission du mandat d'arrêt international par Mme Buresi, M. Salamé avait affirmé, le 16 mai dans un communiqué, qu'il comptait faire appel de cette décision. Deux jours plus tard, il a indiqué qu’il démissionnerait "si un jugement était rendu" à son encontre, mais qu’il quitterait en tout cas ses fonctions à la fin de son mandat le 31 juillet prochain.
Vendredi, le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a annoncé avoir reçu la veille "la notice rouge d'Interpol et l'avoir transférée aux autorités judiciaires libanaises". Affirmant que la démission de M. Salamé était désormais "nécessaire", le ministre a également indiqué que la question devait être examinée lors d'une réunion consultative du cabinet lundi, mais qu'elle faisait déjà partie des discussions entre les principaux dirigeants du pays. Jeudi, le vice-président du gouvernement sortant, Saadé Chami, avait déjà appelé à la démission du gouverneur.
Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), le parquet général près la Cour de cassation a reçu la notice rouge d'Interpol et le procureur général Ghassan Oueidate "a commencé à étudier cette notice et doit fixer une date pour auditionner Riad Salamé la semaine prochaine en vue de prendre les mesures judiciaires à ce sujet".
Riad Salamé fait l’objet de plusieurs enquêtes au Liban et en Europe, où il est soupçonné de s’être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics, mais il se défend constamment contre ces accusations.
Interrogé par L'Orient-Le Jour, Me Abdo Ghossoub, expert en droit international, rappelle que "la notice rouge est un avis de recherche international publié sur base d’un mandat d’arrêt. Par ce moyen, Interpol demande aux autorités de police des pays du monde de localiser une personne en vue de l’arrêter."
"Beaucoup croient à tort que lorsqu’il s’agit d’un mandat d’arrêt, la notice rouge porte sur une demande d’extradition. Or seul un jugement peut fonder une telle demande. En l’espèce, ce qui est requis est seulement d’exécuter le mandat d'arrêt", ajoute l'expert.
Entre "veut faire appel", "peut faire appel" et "fera appel", il y a des années-lumière. Qu'il lâche l'affaire et passe à table. C'est tout ce qu'on lui demande. Yallah Riad, fais ton coming-out !
13 h 28, le 21 mai 2023