Décision majeure dans l'enquête française sur le patrimoine de Riad Salamé : une juge a délivré mardi un mandat d'arrêt international visant le puissant gouverneur de la banque centrale libanaise, qui a promis de se "battre" contre cette décision.
M. Salamé, qui réfute les accusations le visant, était convoqué mardi matin au tribunal judiciaire de Paris pour un interrogatoire en vue d'une éventuelle mise en examen mais ne s'y est pas présenté, selon son avocat Me Pierre-Olivier Sur et une source proche du dossier. Me Sur a indiqué à l'AFP qu"en ayant adressé la convocation moins de dix jours avant la date prévue de l'interrogatoire, les textes n'ont pas été respectés. La convocation est donc caduque. C'est imparable".
Une source judiciaire libanaise avait indiqué lundi que des policiers libanais s'étaient rendus pendant quatre jours consécutifs la semaine dernière au siège de la Banque du liban (BDL) pour délivrer la convocation à M. Salamé, sans succès. Après ce refus de comparaître, la magistrate française en charge du dossier avait deux options: reconvoquer M. Salamé ou délivrer un mandat d'arrêt international. Selon la source du dossier, elle a choisi la seconde, mettant en cause formellement mardi M. Salamé pour la première fois dans l'information judiciaire ouverte depuis juillet 2021.
Salamé dénonce les "deux poids, deux mesures"
"La décision de la juge d'instruction française Aude Buresi constitue une violation des lois, parce que la magistrate n'a pas respecté les délais légaux stipulés par la loi française", a réagi M. Salamé dans un communiqué, affirmant qu'il "fera appel de cette décision". Il a également critiqué que la juge "n'a pas respecté l'accord des Nations unies datant de 2003 et les procédures internationalement reconnues, notamment celles appliquées dans le cadre de l'entraide judiciaire internationale".
Le gouverneur de la banque centrale a estimé que "l'enquête française n'est pas menée dans le secret comme le stipule la loi". Pour lui, "il est clair, d'après les articles de presse publiés dernièrement, dont celui de l'agence Reuters en date du 21 avril 2023, que les agences obtiennent, sans limitation, des documents secrets de l'enquête". "Est-il raisonnable qu'un juge ne respecte pas les conventions internationales ?", a demandé M. Salamé.
Se fondant sur "les événements qui accompagnent les enquêtes françaises", le gouverneur a fait valoir que "les enquêteurs français contredisent le principe de la présomption d'innocence par leur application sélective des textes et des lois". Il a également accusé la juge Buresi d'"une application sélective des textes et des lois", soulignant que, selon lui, "elle a pris sa décision en se fondant sur des préjugés et sans accorder aucune importance aux documents qui lui ont été présentés". Pour le gouverneur de la BDL, Mme Buresi "choisit les avocats au nom de l'État libanais".
"Tandis que l'enquête en France, ouverte à la suite de plaintes déposées par mes détracteurs, progresse rapidement, le procès que j'ai intenté devant les tribunaux français concernant l'affaire Cristal Credit, qui est sans fondement, stagne depuis trois ans", a enfin dénoncé M. Salamé. Avant de conclure : "Il s'agit d'une justice fondée sur deux poids deux mesures".
Réagissant à la décision de la justice française, le ministre libanais sortant de l'Intérieur Bassam Maoulaoui a affirmé que Riad Salamé ne peut pas être arrêté ni poursuivi au Liban si Interpol n'émet pas un mandat d'arrêt à son encontre.
Saisies
A la tête de la BDL depuis 1993, M. Salamé, 72 ans, est accusé dans son pays de corruption et d'être l'un des principaux responsables de la grave crise financière qui frappe le Liban depuis l'automne 2019. Dans ce dossier, qui fait l'objet d'enquêtes dans plusieurs pays européens, il est soupçonné de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais.
Depuis le début de l'année, des juges européens, dont la juge française, se sont rendus à trois reprises au Liban pour l'interroger, ainsi que ses proches. Au moins deux mises en examen ont été prononcées dans l'enquête française: Anna K. une proche de M. Salamé, soupçonnée d'être l'une de ses prête-noms en France; et Marwan Kheireddine, ex-ministre et actuel patron de la banque privée al-Mawarid. En mars 2022, France, Allemagne et Luxembourg avaient gelé 120 millions d'euros d'avoirs libanais soupçonnés d'appartenir à M. Salamé. La cour d'appel de Paris doit examiner le 23 mai la validité des saisies réalisées par la France.
Cela nous explique une chose, lorsqu’on veut, on peut. Comme par hasard, la France a réussi, lorsqu’elle a jugé bon de faire, à trouver les poux qu’elle cherchait depuis des années à Salamé qui, je vous rappelle est passé ses frontières avec des millions dans ses malles sans être inquiété puisqu’à l’époque les exigeantes des usurpateurs de notre pays n’étaient pas claires ni encore définies. Ils ont donné leur feu vert pour sauver la réputation des français qui ne cessent de menacer des sanctions sans jamais oser contre une faveur beaucoup plus conséquente pour notre pays puisqu’ils ont déclaré sans sourciller vouloir le remplacer par son siamois à leurs bottes pour finaliser leur projet de destruction imminente et totale de notre pays. Résultat, certains libanais voient en la France un sauveur alors qu’elle n’arrête pas de nous enfoncer dans notre mouise en répondant à chacune des exigences des fossoyeurs de notre pays sous prétexte de nous sauver. Pourquoi Salamé et pourquoi maintenant? Rappelez-vous du discours du barbu qui donne le tempo à toutes les affaires en suspens. Merci la France, vous nous comblez de bonheur avec votre amitié toxique et à peine hypocrite.
12 h 32, le 17 mai 2023