Le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a affirmé vendredi que Téhéran soutiendra l'élection de toute personne au Liban "qui accédera à la présidence de la République par le consensus", au terme d'une visite officielle entamée mercredi. Le pays est sans président depuis le départ de l'ex-chef de l'État Michel Aoun, le 31 octobre 2022.
Après une conférence de presse tenue vendredi soir, le chef de la diplomatie iranienne a assuré que le Liban "se trouve toujours au centre des intérêts" de la République islamique d'Iran. Il a ajouté que "le dialogue entre Riyad et Téhéran aura des répercussions positives sur la région et le Liban", alors que les deux puissances ont annoncé le mois dernier le rétablissement de leurs liens diplomatiques.
Consensus et entente
Au cours de sa conférence de presse, M. Amir-Abdollahian a affirmé que "l'Iran acceptera toute personnalité libanaise qui accédera à la présidence de la République via un consensus. Nous soutenons l'élection d'un président par le consensus et l'entente entre Libanais, et nous encourageons l'accomplissement du processus politique", a-t-il dit, avant de poursuivre : "Nous croyons que les forces politiques influentes au Liban ont la capacité et les compétences nécessaires pour poursuivre le processus politique et élire un président."
Le chef de la diplomatie iranienne avait rappelé jeudi l’attachement de son pays au fameux triptyque "armée, peuple, résistance", en allusion au Hezbollah. Il avait également affirmé que Téhéran était prêt à soutenir "tout accord" entre les différents acteurs politiques libanais pouvant débloquer la présidentielle.
Vendredi, il a ajouté que "le Liban occupe une place importante dans la région et se trouve en première ligne dans la confrontation et la résistance (contre Israël). Il est toujours au centre de notre intérêts", a-t-il conclu.
"Répercussions positives" du réchauffement avec Riyad
Hossein Amir-Abdollahian, qui effectue sa deuxième visite à Beyrouth en trois mois, mais sa première depuis l’accord de normalisation entre Téhéran et Riyad, a soutenu qu'"il est normal que le dialogue entre Riyad et Téhéran aura des répercussions positives sur la région et le Liban", soulignant avoir invité son homologue saoudien à se rendre à Téhéran prochainement. "Il m'a assuré qu'il y répondra favorablement", a-t-il affirmé.
Le diplomate a en outre dénoncé les "sanctions américaines qui échouent", qu'il a qualifiées d'"injustes". Abordant la coopération énergétique entre l'Iran et le Liban, il a fait valoir que "le problème fondamental posé à la coopération irano-libanaise dans le dossier de l'électricité sont les pressions américaines et la peur des sanctions de la part des responsables". Plus tôt dans la journée, le ministre iranien avait effectué une tournée au Liban-Sud, près de la frontière avec Israël, en compagnie de députés du Hezbollah.
La présidence libanaise est vacante depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022. Onze séances parlementaires, organisées entre septembre et janvier, n'ont pas permis de lui élire un successeur, faute de compromis entre les parties. Jusqu'à présent, le Hezbollah et son allié le mouvement Amal, soutiennent la candidature du chef des Marada Sleiman Frangié. Ce dernier bénéficie aussi du soutien de Paris dans le cadre d'un troc qui permettrait d'élire un président proche de l'axe iranien et un Premier ministre qui pourrait être soutenu par Riyad en la personne de Nawaf Salam. Un marché jusqu'à présent refusé par l'Arabie saoudite mais aussi par les principaux partis chrétiens au Liban. Dans un entretien télévisé mercredi soir, Sleiman Frangié a cependant appelé au dialogue les autres parties.
Certains observateurs voyaient l'accord conclu le mois dernier entre Riyad et Téhéran comme une ouverture à une possible élection du chef des Marada. Le Royaume saoudien et la République islamique avaient rompu leurs relations diplomatiques en 2016, mais ont annoncé le 10 mars dernier leur rétablissement et la réouverture de leurs ambassades respectives.
commentaires (7)
L'Iran acceptera tout président du Liban "qui sera élu par consensus". Le chef de la diplomatie iranienne avait rappelé jeudi l’attachement de son pays au fameux triptyque "armée, peuple, résistance", Le peuple Libanais, dans les deux cas de figure ci-haut mentionnés et dans sa majorité écrasante, sans fou de ce que l'Iran soutient ou pas. C'est aussi simple, précis et concis que cela !!!
Pierre Christo Hadjigeorgiou
09 h 45, le 03 mai 2023