Aucune surprise majeure n'a marqué la septième séance parlementaire consacrée jeudi à l'élection - ou du moins la tentative d'élection - d'un nouveau président de la République au Liban.
Comme cela avait déjà été le cas lors des six séances précédentes, aucun chef de l'Etat n'a été élu au terme d'une brève réunion au Parlement, une majorité de députés, principalement du Hezbollah et de ses alliés ayant quitté l'hémicycle après un premier tour de vote non concluant, ce qui a abouti à la perte du quorum.
Une prochaine séance électorale est prévue jeudi prochain, le 1er décembre.
Lors de ce premier tour, un total de 110 députés ont voté au premier tour. 42 ont voté pour le parlementaire de Zghorta Michel Moawad qui avait obtenu 43 suffrages lors de la cinquième séance électorale et 50 ont voté blanc. Parmi les autres candidats ayant reçu des votes, le professeur et universitaire respecté Issam Khalifé a été plébiscité par 6 députés, l'ancien ministre Ziyad Baroud par deux parlementaires. Une voix a par ailleurs été accordée à l'ancien directeur des Douanes, Badri Daher, un proche du Courant patriotique libre et actuellement incarcéré dans le cadre de l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020. Par ailleurs, huit députés ont voté pour "Le nouveau Liban" et un bulletin a été annulé.
Le nom de Sleiman Frangié, qui avait été glissé dans l'urne lors de la dernière séance, n'est pas ressorti ce jeudi.
"Casser la paralysie ambiante"
A l'issue de la séance, plusieurs députés libanais ont commenté la réunion et l'échéance présidentielle.
Le vice-président du Parlement, Elias Bou Saab, a confié à la presse qu'il a "voté pour (l'ancien ministre) Ziyad Baroud". "Il faudrait arriver à un consensus qui convienne à tous les Libanais et à élire un président qui fasse la différence. Je pense que Michel Moawad s'est porté candidat de lui-même et qu'il n'est pas un candidat consensuel", a indiqué M. Bou Saab.
Le député Michel Moawad, qui est candidat à la présidence, a fait remarquer "une hausse au niveau des votes en (sa) faveur". "L'opposition doit se rapprocher car l'éloignement conduit à l'éparpillement", a-t-il ajouté.
Dans une déclaration à la chaîne MTV, le député Farid Haykal Khazen a estimé que le chef du parti Marada, Sleimane Frangié, un des candidats à la présidentielle, "dispose d’assez d’ouverture, de sagesse et de modération. Nous espérons qu’il y aura accord très bientôt parce que le pays ne peut plus supporter", a-t-il dit.
Le député Marwan Hamadé (Parti socialiste progressiste) a pour sa part dénoncé "les scandales concernant le quorum et le décompte des voix. La solution est de garder ces sessions ouvertes", dans une déclaration à la MTV.
"Nous voulons casser la paralysie ambiante. Sans communication sérieuse entre les blocs, on risque de faire du surplace", a indiqué pour sa part le député du parti Amal Ali Hassan Khalil, lors d’une déclaration à la presse, après la levée de la séance.
Le député Sajih Atiyé a pour sa part révélé que son bloc, qui comprend des anciens membres du Courant du Futur, "a accordé deux voix à Michel Moawad". "Nous sommes ouverts à tous. Nous voulons un président qui fasse preuve de sagesse et qui puisse nous sortir de nos problèmes", a-t-il dit à la presse.
Le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a pour sa part critiqué la manière dont la session a été effectuée. "Ce n'est pas vraiment une élection, on attend un compromis tout simplement". "On se demande si c'est vraiment utile de continuer à venir à ces sessions. Il faut respecter la Constitution", a indiqué M. Gemayel qui a qualifié ces séances de "spectacles qui ne ressemblent plus à la démocratie".
Le député du Hezbollah Ali Ammar a déclaré de son côté que les parlementaires de son parti ont quitté la séance après le premier tour "parce que certains ne veulent pas du dialogue". "Nous allons continuer comme cela jusqu'à ce que nous arrivions à une solution consensuelle".
L'élection présidentielle reste stérile depuis plus de deux mois, faute de consensus entre les différents blocs politiques sur un candidat unique. Un tel consensus est traditionnellement considéré comme un prérequis pour l'élection d'un nouveau chef de l'Etat au Liban, et est actuellement réclamé régulièrement par le Hezbollah et ses alliés qui ont, lors des dernières séances, voté blanc. Face à eux, les Forces libanaises (de Samir Geagea) et le Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt, ainsi que le parti Kataëb et des députés indépendants ont voté pour leur collègue de Zghorta, Michel Moawad. Ces partis peinent toutefois à rassembler plus de voix autour de M. Moawad dont la candidature est de toute façon rejetée par le parti chiite et le CPL.
Si le parti chiite a laissé clairement entendre que son candidat de prédilection est Sleiman Frangié, chef du mouvement des Marada, ce dernier est le grand rival des aounistes, qui ne sont donc pas prêts à lui accorder leurs votes. Pour tenter de ne plus perdre de temps, le Hezbollah a ouvert récemment un dialogue autour de la présidentielle avec le patriarcat maronite. C'est également depuis Bkerké que Michel Moawad a déclaré mercredi que, s'il est élu, il "sera le président de tous les Libanais", dans une volonté de se forger une image de rassembleur.
Entre-temps, le pays demeure confronté, pour la première fois dans son histoire, à une double vacance de l'Exécutif, alors que le gouvernement de Nagib Mikati est chargé d'expédier les affaires courantes depuis le 22 mai, à la suite des dernières législatives.
commentaires (8)
Super!!! Je viens de gagner 3000 livres libanaises en pariant avec 3 amis que le parlement echourait à élire un prez... dans 15 semaines j'aurai gagner un Dollar us(pas moins... )!!! Youpie...
Wlek Sanferlou
20 h 00, le 24 novembre 2022