"L'ONU doit agir contre les positions du Hezbollah à la frontière libanaise". Tel est le message délivré mercredi par Israël aux Nations unies, alors que la tension bat son plein avec le Liban, en raison du litige autour de la frontière maritime, et quelques jours après un survol de drones du Hezbollah qui ont été abattus par l’État hébreu.
Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l'ONU et au secrétaire général de l'organisation Antonio Guterres, l'ambassadeur d'Israël aux Nations unies Gilda Erdan a prévenu mercredi que "la nouvelle réalité à la frontière israélo-libanaise indique une escalade claire qui pourrait enflammer toute la région".
Depuis quelques semaines la tension monte crescendo au Liban-Sud où le Hezbollah a intensifié ses activités à la frontière avec Israël. Outre le redéploiement progressif de ses combattants revenus de Syrie, le parti chiite s’est attelé à l’installation d’une dizaine de conteneurs à la lisière du mur édifié par Israël, sans que la Force intérimaires des Nations unies ne puisse y accéder.
À ce jour, la fonction exacte de ces conteneurs est un mystère. Une source des forces sécuritaires libanaises estime qu’ils servent à des fins de surveillance et de collecte d’informations pour se prémunir contre toute éventuelle action qu’envisagerait l’État hébreu. Il n’empêche que ces nouveaux postes d’observation inquiètent au plus haut point, notamment au lendemain des menaces proférées par le secrétaire général du Hezbollah. Hassan Nasrallah avait mis en garde l’État hébreu contre toute tentative d’empiéter sur ce qu’il considère être le droit du Liban à ses ressources en hydrocarbures dans la zone maritime contestée entre les deux pays.
Selon le diplomate israélien, "le vrai objectif de ces postes est la collecte de renseignements". "La responsabilité de l'expansion du Hezbollah relève des autorités libanaises. Israël s'attend à ce que le gouvernement libanais prenne des mesures immédiates afin de mettre un terme à cette situation", poursuit la lettre de Gilad Erdan. "Ces conteneurs doivent être démantelés. Israël demande à l'ONU et à ses agences d'agir maintenant afin de faciliter l'élimination de toutes les positions du Hezbollah au Liban-Sud, surtout les structures militaires récemment installées le long de la Ligne bleue", conclut Gilad Erdan.
Un drone du Hezbollah abattu
Dans ce contexte de tensions, l'armée israélienne a en outre annoncé avoir abattu un drone du Hezbollah mercredi dernier, trois jours avant une opération similaire à l'issue de laquelle trois engins du parti pro-iranien avaient été abattus. Cette opération n'avait pas été confirmée jusque-là mais a été évoquée par le quotidien libanais proche du Hezbollah, al-Akhbar.
"Les systèmes de défense de l'armée israélienne ont intercepté mercredi dernier un drone qui se dirigeait depuis le Liban vers la zone économique maritime d'Israël. Nos forces ont abattu ce drone alors qu'il était encore loin de notre frontière maritime, et sans qu'il n'ait posé de risque", a affirmé sur son compte Twitter le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee. Il a ensuite souligné que l'engin "appartenait au Hezbollah et a été abattu dans les eaux libanaises".
L'armée israélienne a affirmé le 2 juillet avoir abattu trois drones du Hezbollah qui se dirigeaient selon elle vers le champ gazier de Karish. Le parti chiite a reconnu avoir lancé "trois drones non armés en direction du champ contesté de Karish pour des missions de reconnaissance", sans faire mention de leur interception.
Le Liban et Israël avaient entamé en octobre 2020 des négociations inédites sous l'égide de Washington pour délimiter leur frontière maritime, afin de lever les obstacles à la prospection d'hydrocarbures. Mais les pourparlers ont été suspendus en mai 2021 à la suite de différends concernant la surface de la zone contestée, portant notamment sur le champ gazier de Karish. Pour l'État hébreu, ce champ est situé en territoire israélien "à plusieurs kilomètres de la zone sur laquelle portent les négociations" avec le Liban. Pour certaines parties libanaises, ce gisement se trouve dans les eaux contestées.
Le chef de l'État libanais Michel Aoun a estimé mercredi que le Liban parviendra à un accord avec Israël au sujet de la délimitation de leur frontière maritime "dans un court délai", plus d'un mois après qu'une mission de médiation entre les deux pays a été relancée par l'émissaire américain Amos Hochstein.
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Hezbollah = diviser pour mieux régner
Jacques Dupé
14 h 56, le 07 juillet 2022