Le gouvernement libanais, qui s'est réuni mercredi pendant trois heures au Grand sérail a approuvé, entre autres, un nouveau plan de gestion des déchets préparé par le ministre de l'Environnement Nasser Yassine, et a créé une commission présidée par ce dernier afin de mettre en place une Haute autorité chargée de la question des déchets. Ces efforts interviennent afin de tenter de trouver des solutions à ce secteur constamment en crise depuis les années 1990 en l'absence de gestion durable.
L'annonce a été confirmée par le ministre de l'Information p.i, Abbas Halabi, au terme de la réunion. La commission présidée par M. Yassine est composée des ministres des Travaux publics, de la Justice, de l'Intérieur, et de la ministre d'Etat pour le Développement administratif.
La collecte et le traitement des déchets connaissent des crises à répétition au Liban, où les autorités se contentent de trouver des solutions provisoires, en agrandissant par exemple régulièrement les décharges des déchets ménagers, au grand dam des habitants des régions voisines et des défenseurs de l'environnement. Ces derniers mois, la crise financière qui frappe le pays depuis deux ans affecte également le secteur, les entreprises chargées de la collecte dans les rues et leurs employés réclamant une augmentation de leurs émoluments à un État en faillite. Ces compagnies se mettent souvent en grève, provoquant l'accumulation des ordures dans les rues.
Le plan des déchets présenté par le ministre de l’Environnement comporte a priori surtout des orientations stratégiques, les détails de l’exécution sur le terrain n'étant toujours pas connus. Il évoque cependant des actions immédiates à entreprendre en vue de sauver le secteur de l’effondrement (collecte, tri, décharges actuelles…), d’un coût annuel approximatif de 132 millions de dollars (dont 30 pour les camps de réfugiés).
La première des sept orientations stratégiques du plan concerne l’importance accordée à la décentralisation, tout en pourvoyant les municipalités en moyens nécessaires et en outils fiscaux leur permettant de financer le traitement des déchets.
La deuxième grande orientation porte sur l’adoption des concepts d’économie circulaire, en d’autres termes une économie où les déchets sont mis à profit et rentrent dans la chaîne de production et de consommation. Une démarche qui nécessite des décisions et des décrets, ainsi qu’une certaine infrastructure comme la création de centres de collecte, et des campagnes de sensibilisation.
Au niveau du traitement, le plan du ministre se fonde sur les sites de tri et compostage déjà existants dans les régions (Beyrouth incluse), et qui devraient être réhabilités et améliorés. Le plan repose également sur une réglementation de la technique de production de combustible issu des déchets (Refuse Derived Fuels, RDF), de manière à en améliorer les critères de qualité et à réduire les émanations de gaz.
Concernant l’enfouissement des détritus, le plan propose d’améliorer les décharges existantes, et de planifier la construction de neuf décharges contrôlées sur deux ans, avec un coût estimé de 35 à 40 millions de dollars. Ces décharges seraient réparties sur tout le territoire : Akkar, Liban-Nord, Kesrouan-Jbeil, Mont-Liban, Liban-Sud, Nabatiyeh, Békaa, Baalbeck-Hermel et Beyrouth. Certains sites sont déjà mentionnés mais marqués comme non-définitifs.
Le plus grand casse-tête du secteur des déchets reste celui des dépotoirs sauvages qui sont plus de 940 sur tout le territoire, semant la pollution à grande échelle depuis des décennies. Le plan du ministère propose de les réhabiliter avant de les fermer, avec un coût de près de 74 millions de dollars.
La dernière orientation stratégique du plan, et non des moindres, porte sur un renforcement du rôle de réglementation et de surveillance du ministère, notamment par la création d’une Haute autorité chargée de la question des déchets, l’adoption des décrets d’application de la loi sur le traitement des déchets (80/2018), et l’amélioration des capacités du ministère à évaluer les impacts environnementaux et sociaux des projets de traitement.
Budget, électricité et passeports
Sur le plan financier, le ministre des Finances Youssef Khalil a transmis au gouvernement le projet de budget 2022 que le Premier ministre a signé et envoyé au chef de l’État Michel Aoun, en vue de sa transmission au Parlement. Ce projet de budget, adopté le 10 février par le cabinet, sera de toute façon soumis au vote en dehors des délais constitutionnels.
En outre, le plan pour le secteur de l'électricité, préparé par le ministre de l’Énergie Walid Fayad et qui ne fait pas l'unanimité au sein du cabinet, n'a pas été abordé aujourd'hui en Conseil des ministres, dont l'ordre du jour comportait dix-huit points. "Le dossier a été étudié hier et le sera également demain, au sein de la commission interministérielle sous la présidence de M. Mikati", a fait savoir Abbas Halabi. "Si les remarques émises sont prises en considérations et les modifications apportées au plan lors de la réunion de demain, un Conseil des ministres se tiendra bientôt au palais de Baabda", a ajouté M. Halabi.
Parallèlement à la séance du gouvernement, des enseignants contractuels de l'Université libanaise ont organisé un sit-in à proximité du Grand Sérail, réclamant leur titularisation. "Cette question est à l'étude", a affirmé le ministre Halabi. "Soyez patient, reprenez les cours et n'optez pas pour les mesures d'escalade", a plaidé le responsable en s'adressant aux manifestants.
Abbas Halabi a enfin indiqué que les frais pour l'obtention du passeport libanais ont été modifiés. Le document valable pour cinq ans coûte désormais 600.000 LL, alors que le prix de celui de dix ans s'élève à 1.200.000 LL.
Le gouvernement a enfin approuvé les préparatifs du ministère de l'Intérieur en vue des élections législatives prévues le 15 mai.
Avant le début du Conseil des ministres, le chef du gouvernement a été reçu au palais de Baabda par le président de la République. M. Mikati a informé Michel Aoun de ses entretiens intervenus dans le cadre la Conférence sur la sécurité à Munich en Allemagne. Il a également évoqué avec lui le dossier de l'électricité, selon le palais présidentiel.
commentaires (4)
la 1ere action de ces intelligences encore en gestation, s'occuper des dechets evidents mais recalcitrants eux: ces KELLON .
Gaby SIOUFI
10 h 08, le 24 février 2022