Au lendemain d'une virulente attaque du Courant patriotique libre (CPL) contre le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, le chef du parti fondé par le président de la République, Michel Aoun, est revenu à la charge contre le patron de la banque centrale et a réclamé sa chute en l'accusant d'être responsable de la crise économique et financière dans le pays.
Lors d'un discours prononcé à Kfardebiane, sur les hauteurs du Kesrouan, à l'occasion de la fête de l'Indépendance du 22 novembre, M. Bassil a affirmé, une nouvelle fois, que M. Salamé ne "pouvait plus rester à son poste". "Celui qui est responsable de l'effondrement est celui qui a fixé des taux d'intérêts pour les bons du Trésor à 42% depuis le début des années 1990 et celui qui a fixé le taux de change de la livre pour dire qu'il en est le héros, mais cette politique allait inévitablement nous mener à l'effondrement," a affirmé M. Bassil, en critiquant clairement Riad Salamé.
Arrivé à la tête de la Banque du Liban en 1993, après vingt ans en tant que banquier d’affaires chez Merrill Lynch à Beyrouth et Paris, M. Salamé est visé par des enquêtes dans plusieurs pays européens, notamment en Suisse, au Royaume-Uni et en France. Le CPL, ainsi que M. Aoun, l'accusent d'être responsable de la crise et réclament son départ. Mais le gouverneur de la banque centrale bénéficie du soutien de plusieurs poids lourds de la politique libanaise, notamment le président du Parlement Nabih Berry, et l'ex-Premier ministre et leader sunnite Saad Hariri, rivaux des aounistes.
Caste financière "encore là"
"Nous nous débarrassons aujourd'hui de la caste politique qui a gouverné le Liban depuis les années 1990. Celle-ci se désagrège et 'ils' tombent les uns après les autres. Mais la caste financière, avec à sa tête le gouverneur de la BDL (...) est encore là. Le tour de magie est terminé, et le mensonge du taux de change fixe est fini. Aucun sort ne peut relever (Riad Salamé, ndlr) aujourd'hui", a estimé M. Bassil.
Pour lui, le patron de la BDL "ne peut plus rester à son poste si l'on veut regagner la confiance dans la livre libanaise". "Il est visé par des poursuites judiciaires dans sept pays européens. Même s'il est soutenu par les Etats-Unis, nous voulons le faire chuter. Même si la caste politique est derrière lui, celle-ci doit tomber, et lui avec elle (...)", a martelé Gebran Bassil, alors que la monnaie locale bat de nouveaux records de dépréciation dans un pays où 80% de la population est désormais pauvre.
Samedi déjà, le CPL avait appelé le gouverneur de la BDL à démissionner ou bien le gouvernement à le limoger, estimant qu'il "ne peut restaurer la confiance dans la monnaie nationale alors qu'on ne peut pas avoir confiance dans sa personne, son comportement ou son éthique de travail". A l'issue de sa réunion hebdomadaire, le bureau politique du CPL a estimé, dans un communiqué, que "l'effondrement financier qui a lieu est le résultat naturel des politiques financières suivies par le gouverneur de la banque centrale tout au long des trois dernières décennies, au cours desquelles il a commis des violations majeures du Code de la monnaie et des crédit, sous une couverture politique connue". Il a également accusé M. Salamé de "continuer d'entraver de manière intentionnelle l'audit juricomptable" de la BDL.
Gebran Bassil est lui même sanctionné par les Etats-Unis qui l'accusent de corruption. Des accusations que l'intéressé rejette régulièrement.
commentaires (19)
J'ai envie de dire quand Mr Bassil s'exprime : Who is he this guy ?? En anglais, je ne sais pas pourquoi, mais en fait si, ça me semble plus expressif.
DJACK
20 h 13, le 30 novembre 2021